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Edouard Kingue : Le bonheur est dans le Renouveau

Le plus grand défaut de Bell Joseph Antoine est qu’il n’est pas prophète chez lui. L´ancien Lion indomptable a été récemment intronisé au Panthéon de la gloire du sport africain par la Convention internationale du sport en Afrique (Cisa) à Dakar.

Si "Jojo" a été nominé dans la catégorie ‘Athlète homme 2013’ de cette prestigieuse distinction, les siens ne l’ont pourtant point reconnu, comme des dizaines d’autres Camerounais qui mériteraient que l’on pose un regard national sur leur mémoire.

C’est vrai qu’il est difficile de consacrer un homme de son vivant. Les statues les plus rivées sur leur socle finissent par être déboulonnées un jour, après la disparition de leur modèle. Pourtant, on a beau être « l’homme Lion », « Nnom Nguii » et tout le bataclan, de son vivant, la déification d’un homme fut-il illustre précurseur de la démocratie, n’est jamais saine car comportant une part importante de flagornerie et de « larbinisme». Le général De Gaulle, Charles de son prénom, n’a  été véritablement reconnu par les siens qu’après avoir tiré sa révérence. On se souvient pourtant qu’il a été chassé du pouvoir par le fameux « non » des Français à ses réformes. Mais mis sur la balance, ses hauts faits de guerre l’emportent confortablement sur les vicissitudes et les aléas politiques.

Le général Leclerc de Haute Cloque lui, s’est égaré sur la place de Bonanjo, Douala-Cameroun. S’il fait partie de l’histoire française des forces dites libres de la deuxième guerre, c’est l’histoire du vainqueur ou l’histoire vu selon le vainqueur qui s’enseigne généralement dans les écoles. Ses hauts faits et sa tribu son difficilement cernable au Cameroun où nous comptons tout de même, disent-ils…250 ethnies ; pas moins, mon colonel ! On dit qu’à la tête d’une colonne, l’ami Leclerc nous a libérés du joug allemand ; nous aurions bien pu nous passer de son coup de pouce, il y a des remèdes pires que le mal, n’est-ce pas, Mboua Massock Ma Batalong…

Créé en 2007 à l’initiative de la Société sénégalaise de management et d’évènementiel sportif Jappo Sports & Entertainment, initiatrice de la Convention internationale du sport en Afrique (Cisa), unique plateforme d’échanges sur le sport en Afrique, le Panthéon de la gloire du sport africain est devenu un symbole. Le Panthéon de la gloire du sport africain a été créé en guise de reconnaissance à des acteurs ayant apporté une contribution décisive au développement du sport sur le continent africain. Dans la catégorie des sportifs africains avant Joseph Antoine Bell, le Malien Salif Keita et l’athlète franco-congolais Mpélé ont déjà été placés au Panthéon. Dans son intervention au cours de la cérémonie, Bell a insisté sur « l’importance de construire un pont entre les anciennes générations de sportifs africains et les nouvelles».

Les ponts ? Vous avez dit les ponts, Jojo ! Chaque jour qui passe au Cameroun voient les ponts s’effondrer. Passe encore que les ouvrages traversiers comme le pont du Wouri soient chaque fois, renvoyé aux calendes bantoues, avec en sus  la pose de la première pierre qui est la marque déposée  du triangle national. Mais les ponts humains, les ponts sociaux qui cimentent la nation sont déconstruits à longueur de proclamation de l’unité nationale, qui  s’effondre chaque jour un peu plus.

Où est la passerelle introuvable qui lie l’actuelle génération à l’ancienne et à la nouvelle ? La célébration des cinquantenaires de l’Indépendance et peut-être un jour de la Réunification aurait été une occasion exceptionnelle pour ouvrir le débat sur une période qui a frustré beaucoup de Camerounais. La gomme des dirigeants nationaux travaille activement pour effacer les repères d’hier sur lesquels se serait adossées les nouvelles générations. Le panthéon camerounais est vide de ses héros. Les figures qui ont marqué l’histoire de notre pays de 1884 à 1990 sont passées aux oubliettes ou vouées aux gémonies alors qu’elles méritaient d’être portées au panthéon.




Qui a œuvré pour que le Cameroun se bâtisse dans ses fondations actuelles ? Pour qu’il devienne indépendant ? Des nationalistes comme Rudolf Manga Bell et des indépendantistes tels que Ruben Um Nyobé, Félix Moumié ou Kinguè Abel devraient cohabiter avec des personnalités comme André-Marie Mbida, Charles Okala ou Douala Manga Bell. Ils sont absents de la mémoire collective, certes fragile et oublieuse. A défaut d’une maison commune pour commémorer leur mémoire, où sont leurs tombes éparpillées aux quatre vents des blancs de nos livres d’histoire et des errements culturels de nos officiels ?
Les journaux qui construisent à la « diable » le panthéon du Cameroun, ont de plus en plus de la gêne à commémorer l’anniversaire de la mort d’Ahmadou Ahidjo, le plus contemporain de nos repères qu’aucune cérémonie officielle ou privée n’a osé célébrer. Avec lui, la conspiration nationale du silence avance à grands pas, comme hier la chape qui plombait l’évocation du nom du Mpodol Um Nyobe. Richard Keuko  vient de s’essayer dans un livre à repérer 56 visages, 56 repères à caser au panthéon de notre identité. Il  estime que « les blessures et les rancœurs accumulées à l’époque étaient si vives qu’il paraissait difficile » d’aborder certains souvenirs « sans que ne ressurgissent les démons du passé ».

Dans le message à la nation du chef de l’Etat à la fin d’année 2009 il était question de ceux qui se sont battus pour l’indépendance de ce pays, des gens qui méritent de la considération. Etait-ce l’affirmation d’une volonté politique vite ensevelie dans l’immobilisme ambiante comme tant d’autres projets? Comment libérer les langues et les esprits pour prendre le chef de l’Etat au mot, dans un pays où la vérité vient du haut pour le bas ? En dehors du Prince,  qui oserait bousculer le mur de la peur pour créer dans les faits une dynamique de souvenirs, sans être mal vu ou finir dans les rets de l’opération Epervier ? Pierre Désiré Engo quoique emmuré vivant est toujours là pour rappeler qu’en dehors du Renouveau point de salut...

Bon mercredi et à mercredi
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