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Dr Vincent-Sosthène FOUDA : Le cri de Nkol-Foulou Fougerolles, la mort du Cameroun...

Une crise générale de la distribution d’eau menace notre pays. Si rien n'est fait, le développement humain, économique et la stabilité politique de nombreuses régions de notre pays seront en péril. Tel est en substance le regard que je pose sur notre pays et son eau à partir de Yaoundé.

Nous sommes allés en élection de proximité il y a quelques jours, en prenant de la distance nous pouvons aujourd’hui dire que très peu d’hommes politiques aient eu à traiter du problème de l’eau en dépit de son caractère vital. Ce secteur souffre donc d’un manque chronique d’intérêt politique alors que les villes et les campagnes nagent dans la saleté et la soif ! Si à l’échelle du monde c’est le monde agricole qui a le plus besoin d’eau, dans les villes camerounaises c’est de l’eau potable dont nous avons le plus besoin, nos robinets rouillent, nos corps s’assèchent, nos gorges ont du mal à avaler une salive sèche et nous avons l’impression de sentir mauvais ! Depuis deux semaines les habitants de Nkol-Foulou Fougerolles n’ont pas d’eau, ils viennent s’ajouter à la liste déjà longue d’Oyom-Abang, Damase, Nsimeyong, Ndzong-Melen, Odza, Mvog-Mbi, Olezoa, Etoudi etc qui n’ont pas vu une seule goutte d’eau sortir de leur robinet depuis fort longtemps. Manque de gouvernance, pauvreté de l’initiative ?

Vers qui pointer un doigt accusateur ? Vers un changement climatique avec un régime hydrologique qui est déréglés par le réchauffement ? Il pleut pourtant encore et toujours sur le Cameroun du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est. Mais rien ne semble avoir été fait pour créer des systèmes de stockage d’eau pour faire face en période de vaches maigres. Il est certain que notre écosystèmes se dégrade de plus en plus, dans nos villages il y a de nombreux cours d’eau qui ont disparu, ils se sont asséchés, certains ne se jettent plus dans le fleuve. La baisse des nappes souterraines, la pollution par les rejets industriels, agricoles, ou urbains, tout ceci est grave pour notre biodiversité, et hypothèquent gravement la capacité des écosystèmes à fournir une eau saine déjà nous mais aussi aux générations futures.

Pensons tout ce que nous voulons, il n’est pas possible pour moi d’évaluer l’impact économique du manque d’eau potable dont nous souffrons en ce moment à Yaoundé mais aussi dans d’autres régions du Cameroun comme Bafoussam, Douala et Garoua pour ne citer que celles dont nous avons les données. Mais au niveau de la santé, la crise de l’eau a des conséquences sanitaires dramatiques. On appelle « maladies liées à l’eau » toute maladie dont l’infection est due à une eau insalubre ou d’éléments en contact avec celle-ci. Ces maladies sont de trois sources : l’eau de boisson, l’eau de baignade et l’eau auprès de laquelle on vit. Dans nos villes que buvons nous, avec quoi, nous lavons-nous et où vivons-nous ? Chacun d’entre nous peut esquisser une réponse à cette triple question. La nouvelle carte sanitaire du Cameroun nous permettra certainement d’y apporter une réponse. Nous pourrons alors situer plus efficacement les zones de maladies hydriques, les zones de maladie aquatique et enfin les zones de maladies véhiculées par les mouches et les moustiques. C’est trois sources de maladies et de mortalité ont pour unique racine l’eau. Au Cameroun les chiffres non officiels parlent de plus de 4 000 morts depuis août 2008, due à la déliquescence des infrastructures hydriques de notre pays. La cause ? Une absence d’accès à une eau saine, et surtout le déficit d’infrastructures d’assainissement en sont la cause.  
La carte de fourniture de notre pays en eau par les structures gouvernementales montre un grave déficit de couverture. Après des décennies d’inaction depuis la SNEC jusqu’à la camwater et CDE, les problèmes n’ont fait que s’accroitre et ils s’aggraveront s’ils ne sont pas traités. Il est cependant juste de penser que si les défis sont importants, ils ne sont pas insurmontables. Le premier impératif est de cesser de penser que nous pouvons nous en sortir sans investissement, deuxièmement nous devons cesser de penser que la ressource est inépuisable. Il nous faut donc investir et refonder une gestion jusque-là « non durable et inéquitable ». Nous devons apprendre à utiliser mieux ce que nous avons. Je ne sais pas quel est le budget d’investissement en infrastructure dans toutes les trois structures chargées de la production d’eau dans notre pays mais pouvons-nous par déduction penser qu’il est insuffisant au regard des résultats que nous avons sur le terrain ? Qu’est ce qui peut expliquer que les villes moyennes comme Bafang et les villes de grandes tailles comme Douala et Yaoundé manquent cruellement d’eau au même niveau ? Il serait difficile d’attribuer ceci à la démographie galopante. Il faut un coup de pouce politique, car nous mourrons de soif et de saleté en plein 21ème siècle.

Dr Vincent-Sosthène FOUDA
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