Le Cameroun vibre au rythme des évacuations sanitaires des hauts commis de l’Etat et/ou des tentatives d’évacuation des jeunes leadeurs d’opinions. La crise générationnelle atteint son paroxysme quand l’ « ordre des gens » prend déraisonnablement le pas sur l’ordre des choses ». Le contrat social entre les pôles d’âges, dans tous les environnements déterministes, propose un accompagnement progressif des plus jeunes, jusqu’à l’assurance que le témoin s’est encastré définitivement dans le serre des doigts de l’avenir.
Le « jeunocide » qu’on observe depuis quelques semaines, cache très mal la face hideuse d’un système de santé (en particulier) et d’une sécurité sociale à l’agonie, à reconstruire à zéro. Le drame camerounais que révèle la mort de nos intellectuel-citoyens ces jours, a pour point d’orgue la redistribution, que même les pires satrapies au monde, organisent mieux, parce qu’elles auraient au moins compris que le zèle de la gouvernance dans l’implémentation des grandes transformations socio-économiques, réside dans le commandement des « personnes valides ».
La participation par le débat politique prend la forme d’une boite de pandore lorsqu’elle devient manichéenne ; lorsqu’elle oppose de façon frontale le centre à la périphérie de manière à produire un nihilo-constructivisme.Le problème ne saurait donc être intrinsèquement lié aux seules évacuations des hauts commis de l’Etat. Mais plus spécifiquement à leurs incapacités à implémenter des politiques sanitaires pour le renforcement des capacités des établissements existant, où pour la création de nouvelles, selon les besoins de la cause. La fracture socio-générationnelle vient de ce fait, du patrimonialisme sauvage que la sénilité gouvernante a érigé en règle de vie, où seuls les initiés ont droit au chapitre. Cette main mise sur la pitance collective fait parfois oublier qu’il n’y a pas de démocratie sans juste redistribution des fruits de la croissance et donc sans sécurité sociale généralisée.
Les régimes néocoloniaux sont essentiellement des régimes de drainage de ressources vers la métropole et les leadeurs de véritablement « doungourous » dont la castration politico-économique prédispose de la sauvegarde des intérêts exogènes. Tous ceux qui s’y opposent doivent le comprendre. Ils doivent surtout intégrer dans leur tibia la probable existence de manœuvres dilatoires dans toute procédure d’obtention de visa. Le combat contre les approches impérialistes du discours dominant ne saurait se délecter de la mobilité des combattants. Reste donc à explorer les pistes africaine (Afrique du Sud) et Sud-américaine (Cuba) dont les « coûts » sont encore plus tenables.
Il est difficile de persuader son peuple pour une adhésion massive aux objectifs futuristes, quand on ne peut plus lui garantir son existence par des soins de santé de base. L’évacuation sanitaire est une double perte financière et stratégique qu’on ne saurait se permettre quand on a en mémoire le substantif « émergence ». Ces morts en série devraient logiquement pousser à l’action immédiate, des dirigeants qui ont encore un « taux d’amour propre » positif.
Narcis Bangmo, Louvain-la-Neuve (Belgique)
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