La réforme de l’enseignement supérieur au Cameroun est adossée sur l’initiative gouvernementale de janvier 1993 avec la création de 6 universités à partir d’une grande entité et de 4 centres universitaires de petites tailles.La mise sur pied d’un système d’unité de valeurs semestrielles. Si le premier volet de cette réforme semble une réussite, le second est un échec et cet échec est le fait des hommes chargés de son élaboration et de sa mise en place. Il me semble de l’intérieur que les dirigeants de nos universités n’ont pas compris le système pédagogique des enseignements sous forme de modules et de filières.
Le contenu global des enseignements dispensés n’est pas très différents de ceux qui étaient dispensés avant la réforme, je dirais même que la qualité humaine est en nette régression. La seule différence réside dans le fait qu’auparavant la progression dans le cursus universitaire se faisait par le passage d’une année à l’autre, alors que dans le cadre de cette réforme, la progression se fait par la validation de modules. Les connaissances scientifiques requises et la durée de leur acquisition pour l’obtention d’un diplôme donné restent pratiquement similaires que ce soit dans le cadre de la réforme ou avant la réforme. Ainsi, à part le fait que notre enseignement supérieur est supposé, grâce à cette réforme, correspondre aux standards internationaux, ce qui est d’ailleurs une exigence, cette réforme n’y apporte aucune plus-value.
L’addition des mauvais choix pédagogiques et administratifs fait que nous aurions pu faire l’économie d’une perte de temps. Où est l’autonomie pédagogique des universités? Ce sont les mêmes enseignements qui sont dispensés dans toutes les universités. L’esprit du système modulaire n’est pas compris. Les modules composés de deux à trois matières ne sont pas adaptés à une codification qui simplifierait les formalités d’inscription.
Dans notre projet de société soumis à l’attention des camerounaises et des camerounais lors de l’élection présidentielle d’octobre 2011, nous avons proposé en parlant de l’enseignement supérieur dans notre pays, entre autre, que les modules ne comportent pas plus d’un élément. Je partais moi-même d’une recherche qui avait été faite par le Professeur Kamgnia aujourd’hui à la BAD et inspirée à son tour par les travaux d’un groupe de réflexion autour de Jean Pierre Chevènement le CERES. Ce projet de société a été remis au Premier Ministre et au Ministre de l’Enseignement Supérieur de notre pays, il est donc consultable dans les archives de ces deux structures. Un autre problème se pose à nos enseignants et aux étudiants, c’est celui de savoir combien d’élément doit contenir un module. Il est donc urgent de fixer à la fois le nombre d’éléments par module mais aussi de fixer le nombre de modules à valider par l’étudiant par semestre. C’est au niveau trois que le problème commence à se poser car nous avons des étudiants qui arrivent en troisième année avec un reliquat de module de première année.
La solution, il me semble, ne sera trouvée que lorsque des ECTS (European Credit Transfert System) ou crédits, seront affectés au volume horaire de la spécialité d’un élément de module. Alors on ne parlera plus du nombre de modules mais plutôt du nombre de crédits à valider par semestre. On peut rappeler qu’un crédit correspond à 10 heures d’enseignement (cours, TD ou TP) en présence d’un professeur et vingt heures de travail personnel de l’étudiant. C’est-à-dire un total de trente heures. C’est de cette manière que sont évaluées les Unités d’enseignement en France, en Suède, en Australie, au Ghana, au Nigéria, aux USA, au Canada, etc.
Le But de l’éducation
Dans la société camerounaise il est de plus en plus difficile de saisir le but de l’éducation. Celle-ci est la transmission des valeurs morales, intellectuelles scientifiques essentielles pour pouvoir s’exprimer dans le monde. Tout ce qui s’ajoute à ceci plonge la société dans une grande incertitude. La vocation de l’éducation est de guider les uns et les autres, je dirais le plus grand nombre hors les murs de l’ignorance. Voilà pourquoi les enseignants doivent être les architectes de ce vaste chantier. Pour ne pas faire long, je voudrais simplement me poser une ou deux questions. Ceux qui ont en charge l’éducation ont-ils jamais pensé à l’autonomie pédagogique qui doit à la fois concerner l’étudiant et les enseignants ? Pouvons-nous nous regarder dans les yeux et nous dire que le niveau des diplômes actuel est meilleur qu’avant la réforme ? Au cas où nous répondons par la négative alors oui un plan d’urgence est nécessaire. Ce plan est nécessaire car aujourd’hui l’école l’éducation ne doit plus être une institution où l’on enseigne mais un « lieu de vie » où l’on évitera le plus possible de rendre manifeste l’échec social. Ce n’est donc pas la multiplication des institutions, ce ne sont pas seulement les textes, il faut un vrai cadre de gestion des populations et de transmission des savoirs.
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