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Rouleau compresseur: Comment le régime Biya a broyé Catherine Abena par Souley ONOHIOLO

Traumatisée par une arrestation à la kafkaïenne, abattue par une année de grève de la faim qui l’a longuement diminuée et meurtrie par des conditions de vie inhumaines, l’ex-secrétaire d’Etat au ministère des Enseignements secondaires a succombé des suites de maladie à l’hôpital de la Cnps de Yaoundé.

«On avait sûrément calomnié Joseph K… car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin.» Cet extrait, tiré de l’ouvrage «Le Procès» de Franz Kafka, ressemble étrangement au film de l’arrestation de l’ex-secrétaire d’Etat aujourd’hui décédée. A en juger par l’univers kafkaïen dans lequel a évolué Eyenga Abena Marie Catherine, il n’y a pas grande différence entre elle et Joseph K. le héros de Franz Kafka. Mais l’ex-secrétaire d’Etat que la mort vient de frapper, s’en va sans en savoir davantage, sur le «mystère» de son arrestation. Eyenga Abena Marie Catherine, a été arrachée à la vie mercredi 19 mars 2014, suite à une maladie qui l’a continuellement affaiblie, depuis sa sortie d’une année de prison suspecte. Pour mémoire, l’ex-secrétaire d’Etat aux Enseignements secondaires, est arrêtée un matin du 08 janvier 2010, puis conduite à la prison de Kondengui. Pour n’avoir jamais compris les mobiles de son incarcération, le 15 janvier, soit une semaine après son arrestation, Catherine Abena avait entamé une grève de la faim, au point d’être amenée à passer l’essentiel de son séjour carcéral, sur le lit de malade à l’hôpital central de Yaoundé. 

Le comble, c’est qu’un soir, une nuit, puis un matin du 4 février 2011, Catherine Abena est relaxée, « libérée d’office» pour reprendre l’expression, après une année de détention arbitraire. En plus d’être affaiblie par la maladie et les soucis, elle n’a pas connu le plaisir de bénéficier d’un procès équitable. Certaines langues jetteront le trouble et l’opprobre sur elle, en l’accusant de mauvaise gestion, de pillage et de l’octroi des marchés fictifs. Aucune juridiction n’a pu le prouver. Jusqu’à sa sortie de prison, elle n’a fait l’objet d’aucune poursuite; mais, elle était privée de liberté. Et pourtant pendant toute la période de sa détention, elle a clamé son innocence, mais elle n’a pas été entendue par un régime sourd à toute supplique. Elle a usé jusqu’au risque suprême, l’ultime sacrifice de sa vie, à travers la grève de la faim, hélas !


Victime de la guerre des réseaux

Née le 20 mars 1954 dans la petite bourgade d’Awae, dans le département de la Mefou et Afamba, Catherine Abena quitte la scène, la veille même de la célébration de ses soixante années de vie. Happée officiellement par la spirale de l’opération Epervier, elle est plutôt victime de cette lutte à tête chercheuse contre la corruption et la moralisation de la dépense publique enclenchée au sein de l’administration publique contre ceux qui prennent des libertés sur les biens publics. Mais pouvait-on détenir l’ex-secrétaire d’Etat en laissant libre de tous ses mouvements, le ministre Louis Bapès Bapès des Enseignements secondaires ? Une lecture à la lettre de l’organigramme gouvernemental, laisse percevoir qu’un secrétaire d’Etat, n’a pas de véritables pouvoirs. Il ne fait que les commissions que veut bien lui concéder son ministre. Alors que la famille porte le deuil, les langues se délient. Certaines langues n’hésitent pas à faire allusion à la proximité que la défunte, quoique étant aux affaires, a continué à entretenir avec un ex-ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, son mentor, qui l’avait précédée à la maison d’arrêt de Kondengui.

« La justice des hommes n’a pas voulu la libérer à temps, au point où, elle a attrapé la maladie qui l’a terrassée ». Le visage buriné par la tristesse, le regard absent, plusieurs membres de sa famille, préfèrent garder le silence « C’est notre refuge, de peur de voir notre pensée être trahie ou sujette à plusieurs interprétations par rapport à « ce qu’on sait ». Prions pour que son âme repose en paix » déclare un proche. Une certaine opinion pense qu’elle a été poussée à une mort lente et pernicieuse. L’on peut admettre que le chef de l’Etat Paul Biya, est sans pitié dans la lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics. Mais bien des cas, traduisent à suffisance la méprise et l’insouciance. Surtout à l’encontre de ceux qui sont présentés aux yeux du président de la République comme des prédateurs et profiteurs de la fortune publique. Mais qui sont envoyés à l’échafaud, alors qu’ils ne le sont pas. Le président de la République Paul Biya, doit expérimenter une nouvelle transhumance s’il veut efficacement impulser ou aseptiser les mœurs, la gouvernance économique et socioculturelle. On évitera alors des morts inutiles.
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