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DÉRIVE JUDICIAIRE : BAPÈS BAPÈS HUMILIÉ, DOIT DÉMISSIONNER par Florent Ndabo

Stupeur, indignation, les mots me manquent pour qualifier la gifle reçue ce le lundi 31 mars 2014 à Yaoundé par M. Louis Bapès Bapès, ministre des Enseignements secondaires qui aura passé 48 heures à Kondengui et relâché mardi après-midi. 
DE MÉMOIRE D’HOMME, aucun ministre camerounais n’a encore jamais séjourné à Kondengui. Le scénario classique, le ministre en fonction perd son poste et le processus judiciaire se met donc en branle : cas des ministres Mounchipou Seidou alors aux postes et télécommunications en 1999 et Siyam Siwé alors aux Mines, à l’Eau et à l’énergie en 2005. Au-delà de toutes ces humiliations subies par Louis Bapès Bapès, il conviendrait de s’appesantir sur la notion d’honneur, de personnalité et de dignité. 

En effet, une fois remis en liberté le mardi 1er avril 2014, M. Louis Bapès Bapès aurait dû présenter sa lettre de démission au Premier ministre, chef du gouvernement et au chef de l’Etat pour prouver son indignation, laver l’affront et prouver qu’il a une paire de couilles. Non seulement pour manifester son mécontentement et prouver qu’il est un homme digne, responsable et qu’il a une personnalité. 
Démission.
En plus, du ministre humilié Bapès Bapès, Laurent Esso, ministre de la Justice, garde des Sceaux devrait aussi présenter sa démission car en tant que chancellerie c’est auprès de lui que se réfèrent les procureurs de la République et les Procureurs généraux. Le Procureur général près le Tcs n’aurait pas pu convoquer le ministre des Enseignements secondaires sans avoir, au préalable, informé le Garde des sceaux et requis son aval ou son accord. Décidément, les Camerounais ont perdu toute notion d’honneur dans la mesure où l’unique valeur reconnue actuellement dans notre pays reste l’Argent. Placé sous mandat de détention provisoire à Kondengui le lundi 31 mars, qu’est-ce qui a bien pu amener à nouveau la libération de M. Bapès Bapès le 1er avril 2014. Etat-ce un poisson d’avril ? 
Histoire cocasse.
L’histoire de cette mise en détention provisoire est très cocasse et même rocambolesque. En effet, le 25 mars dernier, le ministre des Enseignements secondaires reçoit une convocation sans y donner suite. Le 25 mars, il est donc notifié par voie d’huissier. Il se présente donc devant le juge d’instruction sans son avocat et sur le champ, ce dernier lui notifie un mandat de détention provisoire car, il est accusé de détournement de denier public en coaction. C’est à 13 heurs qu’il prend place dans un car Hiace entouré de deux policiers pour Kondengui où il sera accueilli par le Régisseur de la prison centrale. Il aura comme codétenus Jean Marie Atangana Mebara et Urbain Olanguena Awono. 
On se souvient cependant que lors de la détention de feue Catherine Abena, ancienne Secrétaire d’Etat aux Enseignements secondaires, celle-ci n’a cessé de clamer son innocence et accablé plutôt son patron, ordonnateur principal et gestionnaire. Or Catherine Abena avait un dossier au Tcs où elle était accusée de détournement de deniers publics en coaction. Or les faits reprochés à l’actuel Minesec sont les mêmes que pour son ex-Secrétaire d’Etat, aujourd’hui disparue. 
Signal fort lancé aux ministres.
Louis Bapès Bapès, ne regarde pas là où tu es tombé mais regard plutôt où tu as glissé. Au-delà de la mise en détention provisoire et de la remise en liberté, il conviendrait de lire ce message entre les lignes : le pouvoir a voulu lancer un signal fort aux ministres en fonction. Avant, on limogeait les ministres, après on les arrêtait. Dorénavant ce schéma classique est démodé, même les ministres en fonction pourraient être inquiétés à tout moment pour détournement de deniers publics. 
Personne n’est donc plus à l’abri pour toutes exactions financières.
Mais l’image de marque de Bapès Bapès en particulier et celle du gouvernement camerounais en général va prendre un coup. En effet, Bapès Bapès, 71 ans, a une femme, des enfants et des petits-enfants et des proches de famille. Ceux-ci vont dorénavant raser les murs ou subir les moqueries de ses détracteurs. Si l’homme reste en poste au Minesec comment va-t-il affronter les regardes de ses collaborateurs dont certains se réjouissaient ouvertement le jour de son interpellation ? Son autorité ne va-t-elle pas prendre un coup au Minesec ? Va-t-il encore travailler sereinement sachant qu’il a un dossier ouvert et pendant au Tcs ? En tout cas, s’il était un homme d’honneur, un homme du XVIIe siècle, il présenterait sa démission pour mieux étoffer son dossier avec ses avocats au lieu de continuer à siéger au sein de ce gouvernement où les gens se regardent en chiens de faïence.  
Un ministre abattu et affaibli.
Même au niveau de la Sanaga Maritime, son fief électoral où il était l’homme ou la personnalité ressource, les choses vont changer car prévenu ou détenu, le fait d’avoir passé 48 heures à Kondengui ternissent votre image et vous affaiblit physiquement et moralement surtout. Même en poste, le ministre Bapès Bapès va devoir mener la vie d’un fugitif. En effet, le dossier pendant devant le Tcs est une épée de Damoclès pour l’ancien Dg de la Magzi. Il ne peut plus vivre calmement et sereinement car, chassez le naturel et il revient au galop. Quand on a été accusé de détournement de deniers publics même en coaction, le doute plane toujours et plus rien ne pourra ni vous blanchir, ni vous innocenter totalement. Même si la blessure guérit, la cicatrice reste la preuve que vous avez été blessé à tel endroit précis. La remise en liberté de M. Bapès Bapès après avoir passé 48 heures derrière les barreaux de la prison centrale de Kondengui continue d’alimenter les conversations dans les bureaux et les foyers. Les ministres du gouvernement actuel savent donc dorénavant à quoi s’en tenir. Ils ne pourront donc plus impunément piller les caisses de l’Etat sans rendre gorge.  
Peur du gendarme
La peur du gendarme est le début de la sagesse. Cette arrestation et cette remise en liberté de Bapès Bapès contribuent donc à affaiblir le poste de ministre et à le rendre vulgaire. Dorénavant, le ministre peut, à tout moment être convoqué par le Procureur pour répondre de sa gestion. Cette interpellation va également rendre vulgaire la fonction de magistrat car, en décidant de la remise en liberté «provisoire» de Bapès Bapès n’y a-t-il pas eu de fortes pressions de l’exécutif sur le judiciaire car, comment comprendre que le Procureure ayant si facilement interpellé le Minesec, l’ait également si facilement remis en liberté sans pression de la chancellerie ? Dans les prochains jours, les langues se délieront et l’on saura le film exacte de cette interpellation et de cette mise en liberté du Minesec ? 
Florent Ndabo
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