Le 15 janvier 1971, Ernest Ouandié, ancien vice-président de l’Union des populations du Cameroun (Upc), président du Comité révolutionnaire et dernier grand leader nationaliste,était exécuté sur la place publique, à Bafoussam. Retour sur une des grandes figures de la lutte de libération nationale. Parmi les martyrs connus de la lutte pour l’indépendance et la Réunification du Cameroun figurent en bonne place trois grands patriotes et compatriotes célèbres : Ruben Um Nyobé assassiné dans son maquis de Boumnyebel, le 13 septembre 1958, Félix Roland Moumié assassiné à Genève, le 3 novembre 1960, par un empoisonnement, et Ernest Ouandié, exécuté sur la place publique, à Bafoussam, le 15 janvier 1971. Ils étaient respectivement secrétaire général, président et vice-président de l’Union des populations du Cameroun. Ernest Ouandié a été exécuté à l’âge de 47 ans, à Bafoussam, avec deux de ses jeunes lieutenants : Gabriel Tabeu, alias « Ouambo-le-courant », et Raphaël Fotsing. Ces hommes ont combattu pour la patrie et sacrifié leur vie pour que le Cameroun soit libre et indépendant. Le président de la République leur a récemment rendu hommage dans son message à la nation, mais n’a pas eu le courage de les citer nommément.
L’actualité du combat Ouandié
Le Cameroun est-il véritablement libre et indépendant cinquante ans après la proclamation de son indépendance ? Telle est la question qui mérite d’être posée au moment où l’on célèbre le cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun. Si le Cameroun n’est pas véritablement libre et indépendant aujourd’hui, alors Ernest Ouandié et tous ses compagnons n’ont pas lutté en vain. Les raisons ayant motivé la poursuite de leur combat après l’indépendance accordée à ceux des Camerounais qui n’en voulaient pas restent d’actualité.
Après un retour inattendu et très risqué dans le maquis alors qu’il revenait d’exil, Ernest Ouandié a apporté une contribution déterminante à la lutte que menait l’armée de libération nationale du Kamerun (Alnk). L’assassinat de son camarade, ami et président Félix Roland Moumié l’avait renforcé dans ses convictions que l’indépendance acquise le 1er janvier 1960 était purement formelle et qu’il fallait lutter encore pour libérer le Cameroun des fantoches qui le dirigent et du néocolonialisme.
Moniteur indigène dans le jargon du colon, mais véritable instituteur et enseignant d’une grande culture politique, Ernest Ouandié appartient à une génération de combattants intransigeants et prêts à s’offrir pour le sacrifice suprême. Afin que le Cameroun soit libéré de la domination des puissances coloniales.
Mais, le combat fut rude et les forces coloniales françaises qui soutenaient Ahmadou Ahidjo, le jeune Chef du jeune Etat du Cameroun, étaient déterminées à éradiquer toutes les poches de rébellion ou de résistances qui avaient survécu à la décapitation du mouvement nationaliste. La répression des forces franco-camerounaises contre l’Upc qui s‘opposait au régime néocolonial était impitoyable.
Un modèle pour la jeunesse
Grande figure du nationalisme camerounais, Ernest Ouandié allait être contraint de se livrer en août 1970 du côté de la localité de Mbanga. Un déplacement organisé avec le concours de Mgr Albert Ndongmo, alors évêque de Nkongsamba, avait mal tourné. Conduit manu militari à Yaoundé, Ernest Ouandié a subi un interrogatoire musclé et un traitement réservé aux grands bandits et criminels. Il a été jugé lors d’une parodie de procès pour rébellion et complot devant le tribunal militaire de Yaoundé et a été condamné à mort avec plusieurs compagnons du maquis et Mgr Albert Ndongmo qui avait été lui aussi arrêté de retour d’un voyage à Rome pendant la même période.
La sentence était connue avant le procès. Son avait s’était vu refuser l’entrée au Cameroun. Courageux, Ernest Ouandié refusa de se renier en choisissant le sort qui lui a été réservé plutôt que de demander la grâce présidentielle à un suppôt du néocolonialisme. On raconte qu’il refusa se faire bander les yeux au moment où ses exécuteurs s‘apprêtaient à tirer. Il les regarda droit dans les yeux pendant que les balles crépitaient. Un dernier défi face à l’ennemi et face à la mort pour demeurer à jamais immortel. Un modèle de nationalisme et de patriotisme pour la jeunesse en perte de repères.
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