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Les USA face aux conséquences du Printemps arabe par Artem Kobzev

Au fur et à mesure que le Printemps arabe gagnait en ampleur, les Etats-Unis se sont évertués à se « ranger du bon côté de l'histoire ».

Cela s'est traduit en pratique par leur soutien aux forces qui s'étaient élevées contre les dirigeants autoritaires des pays du Maghreb et du Proche-Orient, même si nombre de ces dirigeants étaient des alliés fidèles de Washington pendant de longues années.

Le résultat de cette politique dans le monde arabe est bien triste : l'influence des islamistes renforcée et le prestige des Etats-Unis sapé.


L'Egypte est le plus grand des pays arabes. Il n'est pas étonnant que le changement de régime dans cet Etat soit devenu l'événement central du Printemps arabe. Le pouvoir en Egypte a déjà changé plusieurs fois depuis le début des premières protestations il y a trois ans. Les Américains reconnaissaient légitime chaque nouveau régime, oubliant facilement leurs liens avec la direction égyptienne précédente. Le professeur Gueorgui Mirski de l'Institut d'économie mondiale et de relations internationales (IMEMO) note à ce propos :

« Ils ont soutenu d'abord les forces révolutionnaires. Ensuite, une fois la contre-révolution survenue, ils ont soutenu les forces contre-révolutionnaires. Ils ont reconnu sans délai le nouveau pouvoir avec à sa tête le maréchal Al-Sissi, lequel, selon toute vraisemblance, va être élu président. Ils ont misé sur des gens qui définiront bientôt la situation en Egypte ».

Cette politique de Washington semble être strictement pragmatique. Cependant elle n'est pas exempte de côtés négatifs évidents. Le président de l'Institut du Proche-Orient Evgueni Satanovski estime que beaucoup dans le monde arabe ont remarqué l'empressement avec lequel les Etats-Unis avaient abandonné leur ancien et fidèle allié Hosni Moubarak.

« L'image des Etats-Unis dans le monde arabe est très basse d'un côté, et très haute d'un autre. Personne ne fait confiance à l'Amérique. Dans le monde arabe il y a un dicton : « Il est dangereux d'être ennemi de l'Amérique, mais il est deux fois plus dangereux d'être son ami ». Sur ce plan, l'abandon de Moubarak a démontré une fois de plus à tous ceux qui l'aimaient ou le haïssaient que les Etats-Unis ne tarderaient pas à trahir tout allié ».
En gros, les résultats du Printemps arabe sont tristes pour les Etats-Unis. En effet, si les dirigeants autoritaires de longue date ont été renversés dans la région, ils ont pourtant été remplacés par des islamistes et non par des libéraux pro-occidentaux. Suite aux activités des pays occidentaux, la Libye a cessé d'exister, de fait, en tant qu'Etat uni. Pis encore, des radicaux se sont emparés d'une grande quantité d'armes modernes, lance-roquettes portables comprises, qui se trouvaient dans les arsenaux de Mouammar Kadhafi renversé et assassiné. Evgueni Satanovski évoque d'autres conséquences de la bienveillance américaine envers le « printemps arabe » :

« On constate partout la propagation de l'islam radical aussi bien politique que terroriste. De plus, il y a eu mondialisation du terrorisme. Ainsi, des talibans afghans et des terroristes libyens participent à la guerre civile en Libye. Enfin, une lutte à mort a éclaté entre des pays du Golfe se trouvant à l'origine du Printemps arabe : d'une part, le Qatar tablant sur les Frères musulmans et, de l'autre, l'Arabie saoudite et ses alliés. Cela a beaucoup détérioré la situation des Etats-Unis dans la région ».

La Syrie mérite une mention à part. Cet Etat a été aussi touché par le Printemps arabe. En Syrie, les protestations n'ont pas conduit au changement du régime, en revanche elles ont déclenché une guerre civile meurtrière qui a dégénéré graduellement en une guerre religieuse. Les Etats-Unis ont misé, comme toujours, sur les rebelles. Cependant, très vite, il est devenu clair que Bachar al-Assad était combattu par une véritable internationale djihadiste. Les Américains se sont retrouvés dans une situation où ils ne souhaitent pas soutenir les islamistes et ne peuvent pas reconnaître officiellement que le régime d'al-Assad est un « moindre mal ». Dans son commentaire de cette situation, le prince du Bahreïn Salman bin Hamad Al-Khalifa a déclaré que les Etats-Unis appliquaient une politique étrangère « inconstante et réactionnaire »et, de ce fait, pouvaient perdre prochainement leur influence sur les pays arabes.
Artem Kobzev
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