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LANGUE FRANÇAISE : DE L’OFFICIALITÉ À LA "MATERNALITÉ" PASSANT PAR UNE « FABRICATION AUTORITAIRE » D’UNE MENTALITÉ. par Hector Flandrin Nombo

Le français est français parce qu’il parle français, l’allemand est allemand parce qu’il parle l’allemand, le camerounais est camerounais parce qu’il parle…
Les linguistes distinguent une langue Première (langue maternelle) et une langue secondaire (qui peut être une langue officielle ou toute autre langue qui n’est pas première). La différence fondamentale entre les deux réside dans le fait que la langue maternelle est « acquise » mais l’autre est apprise dans un contexte d’éducation.

Par contre au Cameroun, on n’a pas besoin d’aller à l’école pour apprendre le français. Quand les enfants y vont, ce n’est « QUE » pour développer ce que les linguistes appellent performances et compétences linguistiques, c’est à-dire la maitrise et l’enrichissement de son vocabulaire, et son actuation dans des situations de discours. Dès lors, le français au Cameroun, n’est plus un code linguistique « appris » parce qu’étant officiel, mais plutôt une langue acquise parce que devenue « maternelle ». A la maison, de 2 à 6 ans l’enfant capte inconsciemment des termes et des expressions de base comme ‘j’ai faim, je veux boire l’eau, etc. » certains parents ont l’habitude d’employer la langue maternelle entre eux-mêmes, mais lorsqu’il s’agit des enfants, qui ont une mémoire très sensible, ils utilisent le français.
S’agissant maintenant de la mentalité « autoritaire » que cette langue charrie, rappelons ici que le mot « français » porte en lui-même toute une charge culturelle, et par là toute l’éducation et l’esprit qu’il implique. L’ethnocentrisme culturel se perpétue et on assiste à une francisation de la façon de faire, de la façon de penser, et de la façon d’agir. Et dès lors, comme l’évoque Michelet, « la France est une religion » et les régions progressivement francisées deviennent ses adeptes, donc ses croyants. Quand les jeunes pensent à inventer quelque chose, ils pensent d’abord à la France car c’est elle qui apparemment assure la légitimité d’une chose pouvant être considérée comme universelle. Edouard Glissant l’avait constaté quand il proposait le terme « diversalité » à celui d’ « universalité ».
On voit donc que le français s’impose sans tenir compte de nos cultures. Lorsque les jeunes s’expriment en camfranglais, pourquoi taxe t’on cette langue d’impur, de sauvage et de langue délinquante » ? Ce sont les manœuvres de la France. Car ils travaillent pour que nos autorités assurent la protection de cette langue au Cameroun. Pourquoi taxer cette langue d’impur alors que la naissance d’une langue créole née d’éléments hétérogènes est imprévisible ? Pourquoi es ce que plusieurs pays comme la Belgique, ont leur français propre et contextualisé, alors qu’au Cameroun on taxe le camfranglais de langue impure ? Tout simplement parce que l’académie n’a pas donné son « ok » et craint que plus tard, à travers cette nouvelle langue, on crée une autre identité différente. Les jeunes ne se sont jamais assis pour créer les mots du camfranglais, jamais. Dans le processus de développement et d’évolution des langues, une caractéristique particulière est cette imprévisibilité. Le français lui-même n’est pas le même que celui d’avant. L’académie craint que le camfranglais évolue lui aussi pour qu’un jour les générations à venir se débarrassent du français et qu’on enseigne, dirige et gouverne en camfranglais, déjà que le camfranglais est une langue non seulement composée du français, mais aussi de l’anglais, et de nos langues nationales. D’autre part Pourquoi es ce que lorsqu’un camerounais parle mal français, il est taxé de villageois et d’inintelligents ? C’est la mentalité qui nous été transmise. Pourquoi es ce que l’expression « c’est quel chinois que tu parles comme ça ?» continue d’être employée chaque jour au Cameroun ? C’est la mentalité autoritaire et conservatrice instaurée en nous.
Certaines personnes ont l’habitude de critiquer l’émigration des jeunes camerounais, sans aller au fond du problème. Car de visu, les enfants camerounais et les étudiants ont une formation dont la finalité, dans la plupart des cas, est d’amener les uns à partir. Ils sont formés en langue française, au compte la langue française, et au service de la France. La preuve est évidente : plusieurs fois après leurs études, les jeunes sont unanimes sur un même discours : « je ne peux pas continuer au Cameroun, il n’ya pas la suite de ma filière au Cameroun ».
On a l’habitude de taxer la corruption ou le tribalisme de freins uniques de l’expression du talent individuel ou d’entités nébuleuses qui fondent le chômage. Et pourtant en réalité, tel n’est pas toujours le cas. Car seule la langue française qui est l’intermédiaire entre la science et les élèves suffit à elle seule pour nous former au chômage au Cameroun, et à l’emploi hors du pays, et conséquemment à la fuite des cerveaux. La langue est le reflet de la culture et s’il est difficile d’entreprendre au Cameroun une politique culturelle qui permettrait à long terme de catégoriser, de renommer et d’employer nos langues, il serait nécessaire de « contextualiser » l’éducation et de penser à des écoles dont les finalités auront un impact sur le pays. Je ne suis qu’un enfant, il y’a peut être plein de choses que j’ignore. Je ne critique pas notre pays chéri, mais j’appelle plutôt les tontons à aller au fond des problèmes, afin d’éviter de vouloir guérir certaines maladies avec les propres vecteurs viraux de ces maladies.
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