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QUESTION DE VÉRITÉ : J’AI CHOISI LE CAMEROUN par Dr Vincent-Sosthène FOUDA

En ce moment le Cameroun est d’une rare violence ! On constate une implosion de l’insécurité et en même temps on assiste à un manque d’engagement des populations vis-à-vis de leur pays. Les gens reculent, ils attendent que les choses passent. Une autre incongruité est la tentative d’emprisonnement, d’accaparement de l’espace d’expression qu’est l’espace public, on veut interdire la parole. Nous n’avons jamais connu une telle pauvreté dans nos médias et dans nos espaces d’expression. Le pouvoir en place ne saurait être responsable ou coupable de tout, la pauvreté des employés de médias ne saurait tout pardonner non plus!
Hier des journalistes qui avaient moins ont fait mieux, des universitaires en guenilles ont produit. Ferdinand Oyono et Mongo Beti ont livré au monde ce que l’âme camerounaise a de pur dans la littérature alors qu’ils n’étaient encore que des étudiants !

Les voyages à répétition du couple présidentiel hors du Cameroun occupent plus d’espace dans les médias que la misère dans laquelle nage le pays tout en entier. Nous jouons au chat et à la souris avec elle, mais jusqu’à quand? Qui peut aujourd’hui dire, au regard de l’état de délabrement de notre système de santé qu’il passe une semaine sans se faire la réflexion suivante: telle personne, de ma connaissance est partie mais nous aurions pu la sauver ? Qui peut croire aujourd’hui qu’il y a 30 ans, le CUSS était l’un des meilleurs centres de formation de médecins du monde? Qu’un Professeur de médecine du Québec avait choisi d’y inscrire sa fille? Tout tombe en ruine!
Toutes ces choses constituent, pour moi, des ingrédients pour entrer en discussion avec l’autre, parce que notre unique objectif doit être de mettre le Cameroun debout. La misère intellectuelle a épousé une autre, celle-là matérielle qui nous poussent à croire que le diagnostic du mal dont souffre notre pays est connu de tous et qu’il suffirait d’un coup de baquette magique pour que tout aille pour le mieux et que nous nous retrouvions dans le meilleur des mondes possibles, sans référence!
Et puis quoi encore! Je suis entré en politique dans la colère, mais une saine colère, devant la dépouille de Jean-Marc Ela un homme qui a tout donné au Cameroun depuis le pauvre de Tokomboré jusqu’au jeune étudiant des amphis de l’université de Yaoundé, depuis l’église - en plein air à l’époque - de Ndzong-Melen jusqu’aux amphis des universités Laval à Québec ou de Québec à Montréal. Je ne voulais pas qu’il se perde à tout jamais ! Voilà pourquoi je me suis battu pour qu’il repose à Ebolowa où il fut ordonné prêtre. Ce retour n’a cependant pas effacé les longues années d’exil, de froid, de peur, d’incertitude et de solitude par lui vécues… Alors quand on me pose la question, pourquoi as-tu choisi la politique chez nous (pour les Camerounais) chez vous (pour les autres) la réponse est toujours la même : J’ai choisi le Cameroun!
Je n’étais pas candide de ma jeunesse au moment de le faire, je n’y suis pas arrivé en bandoulière, l’enthousiasme des coopérants mis en avant ! Non j’ai choisi de faire mes armes sur le terrain, en
rencontrant le pauvre comme le plus nanti, la bande de jeunes diplômés privilégiés comme la bande de paysans qui demandent sans arrêt « qu’est-ce que tu nous apportes »!
J’y suis presque allé les mains vides mais la tête pleine, disposé à recevoir, mais aussi à proposer si un espace m’était offert … Cela fait 6 ans, le temps passe vite, mais celui de l’apprentissage est long! Je l’ai fort heureusement appris au noviciat Jésuite de Saint Didier au Mont d’Or!
Certains matins je sors de mon lit et je suis accueilli par une salve d’injures qui ne vient pas des plus naïfs mais justement, de ceux qui n’ont rien à proposer et dont le seul programme est de verrouiller l’espace de communication, c’est-à-dire l’espace d’échange et de proposition.
Pourquoi tant de chicanes dans un pays où tout est à faire quand on sait que même les nations les plus évoluées continuent à travailler au quotidien ? Nous ne pouvons donc pas dire que demain nous aurons atteint l’apogée du développement si nous continuons à nous étendre en disputes et discours inutiles!
Notre mission comme politiques est de déblayer le terrain et, pour le faire, nous devons nous exprimer, nous devons aller à la rencontre du peuple.
Quant au peuple, il ne peut se permettre de demeurer aussi muet qu’une carpe et espérer qu’on lui apporte tout! Que le « maudit politicien lui apporte tout »! Mais que non! Il doit apprendre à revendiquer, à demander parfois même avec véhémence ce qu’il pense lui revenir de droit. Il doit travailler de ses mains et de son énergie, et pour notre pays, aucun effort ne sera de trop!
Non je ne m’attribue pas de mission et je n’ai pas à m’intégrer dans un pays dont je suis citoyen depuis des générations. Nous sommes des précurseurs d’une endogénisation de l’action et de l’engagement politique dans notre pays, le premier mouvement du genre étant décédé avec nos ainés que sont Um Nyobè, Moumié Ossendé Afana, Martin Paul Samba et les autres, et la liste est longue encore... Ici la mémoire collective de souffrance ne doit pas être confisquée par qui que ce soit!
Notre devoir est de participer à un déploiement exceptionnel d’énergie, de réalisations et de réformes à tous les niveaux : culturel, social, économique, éducatif et académique. Des mots forts pour ceux qui ne veulent y rien mettre mais des mots que nous devons faire nôtres au quotidien!
Le 1er mai 2014, j’ai fait une proposition que je voudrais réitérer malgré la volonté des puissances des médias de ne pas la relayer :
TRANSFORMONS LE 1er MAI EN FETE DES PATRIOTES!
« Nous ne pouvons pas fêter le travail avec autant de chômeurs! Nous ne pouvons pas fêter le travail quand nos sociétés de souveraineté comme AES Sonel, la Snec, la Régifercam, sont cédées à ceux qui nous dépouillent de notre fierté d’être camerounais à moins que nous ayons collectivement oublié ce que c’est qu’ETRE CAMEROUNAIS. »
Bien d’autres peuples avant nous l’ont fait, nous ne pouvons pas passer toute notre existence sur terre avec pour toute couchette la natte de l’autre comme disait le professeur Joseph Ki-Zerbo. Comme il avait raison! Mais aujourd’hui nous ne pouvons pas passer notre vie à nous souvenir qu’hier au Cameroun il y a eu un homme, un leader, un homme éclairé! Non c’est d’un peuple dont nous avons besoin, d’un collectif d’hommes et de femmes qui comprend où nous allons, qui
accepte (le collectif) de chercher ensemble, de progresser ensemble, de se tromper ensemble car mieux vaut se tromper tous en agissant que de refuser d’agir!
Roger Milla, Manu Dibango, Achille Mbembe, Samuel Eto’o, et tous ces enfants qui courent vers la vie nous disent que le Cameroun possède tous les atouts pour constituer autre chose que « l’Afrique en miniature ». Et puis il y en a tant d’autres que ne demandent qu’à s’exprimer dans ce champ en friche et presque abandonné. Nous devons être fascinés par l’enjeu et la taille du défi plutôt que d’être tétanisés comme nous le sommes en ce moment!
Imaginons un instant le bonheur des générations futures regardant le travail que nous aurions accompli, imaginons la curiosité qui serait la leur en découvrant que les fermetures se sont muées en une ouverture unique, une décontraction (et le mot est faible…) saine, que le débat public est ouvert, permis et constructif, que l’émulation est devenue motivation et n’inspire plus la peur! Voilà des mots que nous devons enraciner dans l’héritage que nous voulons et devons léguer à nos enfants et aux générations futures. Partout dans les dix régions, ils seront accueillis de la même manière parce que nous aurons préparé le terrain, parce que nous aurons appris à nos enfants à se donner la main et à raisonner droit.
C’est à nous de nous débarrasser du vieux vêtement de la haine et du « tout pour moi et rien pour les autres » car, c’est avec les autres que nous constituons un Etat, une Nation et enfin un Pays! Chacun de ces mots est plein d’histoire, de symboles et leur parfum est éternel! Construisons un Cameroun fraternel, simple, intelligent, tolérant. Soyons conquis à nous-mêmes parce que personne ne le construira pour nous.
C’est à nous de construire un Cameroun dans lequel les générations futures vont trouver un idéal dans lequel ils auront alors la volonté de dépenser leur énergie, un idéal qu’ils auront envie de défendre.
La mondialisation? Tout le monde en parle mais personne ne dit que celle-ci ne se fait vraiment qu’avec la défense de ce que chaque peuple, chaque Nation a de plus cher. Et nous, Camerounais qu’avons-nous de plus cher? Sortons du doute, re-solidarisons-nous parce que nous avons les raisons de le faire : toutes les souffrances qui nous sont communes et qui forgent ce que nous sommes aujourd’hui avec nos 256 ethnies desquelles en soustraire ne serait-ce qu’une nous amputerait d’une partie essentielle de ce que nous sommes.Le Cameroun est trop divisé aujourd’hui, séparé de lui-même… Le blâme, revient sans doute en premier à ces gouvernements incapables de livrer ce pour quoi tant d’autres se sont animés, battus, rassemblés puis déchirés. Je l’ai rappelé dans l’éloge funèbre consacré à Pierre Celestin Abanda Kpama, ce qui a poussé le délégué du gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Yaoundé à m’interrompre et à faire un rapport mensonger à la Présidence de la République, le 15 février dernier…
Tout peut bien entendu se rationaliser, s’expliquer, se justifier, s’analyser. Les historiens, les journalistes politiques, les politicologues s’y emploient encore à longueur de journée. Pourtant, dans mon cœur reste un attachement profond à ce coin d’Afrique, à cette portion de terre que nous nommons Cameroun. Une terre qui m’a vu naître mais que par la suite j’ai choisie, la seule terre qui me donne une chance, une famille, des amis et des frissons que je ne connais pas ailleurs. Une terre que je ne suis pas près de renier et que je remercie encore tous les jours.
C’est notre Etat, c’est notre Nation, c’est notre Pays ; C’est le Cameroun!
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