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Réponse à Marafa: Bring back our money par Félix TATLA MBETBO

en 2001, tous les musulmans du monde sont devenus terroristes” et le terrorisme a alors été détourné de sa définition profonde. Certes il y’a de la terreur dans terrorisme, mais ce qui lui donne tout son sens et sa puissance, c’est lorsque cette terreur, cette violence, une fois manipulée, sert à des fins politiques. 2001, n’est aucunement la date à laquelle le terrorisme a commencé dans le commun des humains, ni celle à laquelle ce mot terrifiant a été inauguré. La violence a toujours existé depuis que « l’homme est un loup pour l’homme », et cette violence a toujours été dévoyée à toutes les fins. Celui qui a manipulé la destruction des deux tours, n’est pas moins terroriste que celui qui avait ordonné l’explosion des deux bombes A. Le concept de violence lui même a été dévoyé, car violer ne consiste pas seulement en l’usage de la terreur, des bombes et des enlèvements. Violer c’est aussi le fait de « pénétrer » une fille ou un garçon sans son consentement, le fait de pénétrer un lieu malgré son interdiction, le fait de transgresser une loi, la violer. La violence morale, la plus douce de toutes violences, reste la plus efficace et la plus périlleuse. 


Aucune valeur n’est au dessus de l’être humain, d’ailleurs le philosophe disait qu’il est « ce par quoi les valeurs arrivent dans le monde ». Mais nous pouvons comparer à sa juste valeur, ceux qui commettent des crimes humains par le biais de la terreur et ceux qui commettent des crimes économiques en toute douceur. Car ces crimes font finalement aux âmes, le même effet dévastateur, suicidaire, que les premiers. Ceux qui kidnappent les jeunes filles, soit pour en abuser ou pour les esclavagiser ou encore pour se servir d’elles pour rançon, ne font pas plus que ceux qui, dans le silence de nos misères quotidiennes, agrippent les biens publics. Roger Garaudy a raison de dire que « quatre-vingt pour cent des ressources naturelles de la planète sont contrôlées et consommées par les privilégiés de vingt pour cent de la population mondiale », ce qui est plus émouvant, c’est de constater que « cela entraine, dans les pays non-occidentaux, par la faim et la malnutrition, trente millions de mort par an », in Le terrorisme Occidental, 2004, P.28. Remarquons que ces refrains constants sur les massacres de la famine coûtent au monde, l’équivalent en morts d’un « Hiroshima tous les trois jours ». (2004: 17). 

Cette violence économique à l’échelle internationale, est équivalente à toutes les différentes violences du même type dans les pays d’Afrique Noire. Vincent Hugeux vient de publier un ouvrage à lire et à louer. Où du dedans des jupettes des premières dames de cette partie malheureuse de l’Afrique, a su voir un train de vie, qui une fois rendu public ne peut manquer de violenter les esprits. Personne ne peut plus nier le fait qu’autour de chaque homme fort de nos « Etats mous » et « théoriques », vivent engraissement des chèvres qui ne peuvent se passer de brouter là où elles ont été attachées. S’abrutir en broutant ou brouter en s’abrutissant, est la seule chose qu’elles savent désormais faire. C’est la raison pour laquelle, l’épervier planant dans les airs, ne trouve aucune difficulté à attraper telle ou telle chèvre savamment attachée, après avoir bien cherché et identifié les têtes. 

Ces anciens privilégiés du système, pour avoir trop brouté ou pour avoir assez violenté le bétail à des fins politiquement incorrectes, peut-être aussi pour avoir mangé « l’herbe interdite » au milieu de la prairie, se retrouvent désormais attachés en tôle, où il n’ya plus pratiquement d’herbe à brouter. Ces barons ont été conduits derrière les barreaux comme des chèvres qu’on conduit à la boucherie. Sans avertissement, sans jugement, sans écoute. Mais vraiment, « lorsque les lois sont claires et les fautes évidentes », a-t-on encore « besoin d’entendre le coupable » ? (Ngoué : 1998). Ce qui gêne à ce niveau, c’est que personne n’est coupable, tout le monde est victime, et accuse l’Autre au contraire. Comme Socrate, ils vont jusqu’à juger les juges. Dans leurs « méditations de prisons », leurs « lettres perçantes », et leur silence carcéral et mortifère, on entend ces prisonniers politiques crier à l’injustice. Comme Pilate, ils se lavent les mains. Mais comme Marafa l’a dit au sujet du Boko Haram, ces mains entachées de sang ne pourront pas sécher d’aussitôt. Ces mains accoutrées de salissures ne pourront pas se blanchir aussi vite. Les mémoires violentées par ce terrorisme économique ne pourront pas s’apaiser aussi promptement. 

Ces chèvres attachées dans ces geôles, emportent avec elles, dans leurs panses enflées, beaucoup de notre bétail. Tout ce bétail, évalué en milliard de nos francs, détournés par une poignée d’individus, inaugure sans doute une nouvelle forme de terrorisme. Ces multiples détournements, des faramineuses sommes du contribuable, sont comparables aux agissements de cette secte islamiste, que Marafa a qualifié d’ « acte ignoble contre les innocents ». Car ces milliards dilapidés dans les comptes bancaires, les villas, les châteaux, les carrosses, les jets privés, les champagnes, l’entretien des courtisanes, et même des financements aux contours indélicats, causent d’énormes tords à la société camerounaise. Marafa aurait plutôt retourné sa lettre en direction de ses congénères de prison, ceux qui viennent fraichement d’être affranchis, et ceux qui restent en liberté de condition, afin de leur exiger de rendre au trésor public tout l’argent qu’ils ont eu à lui prendre ; plutôt que de perdre ses belles lettres à demander au Boko Haram de libérer nos pauvres lycéennes. 

Marafa a beau se plaindre, que la jeunesse désœuvrée, même dans le pays le plus riche d’Afrique, est celle qui est la plus en proie à la secte islamiste. Il ignore que si nos jeunes frères sont dans cette oisive situation, c’est parce que depuis des décennies, certains de nos prisonniers politiques ont réussit à planifier leur descente aux enfers. Et jusqu’ici, nous ne voyons personne qui viendra nous rouler la pierre. Tout le monde arrive à voir, malgré l’horizon qui s’obscurci de jour en jour, que le système éducatif qui a été mis sur pied est une grosse machine à former des chômeurs. En plus, tous ces milliards qui ont été détournés par ces privilégiés du système, auraient pu servir à sortir des milliers de jeunes camerounais du gouffre dans lequel ils ont été enfoncés avec la plus forte des énergies. 

Plus que le Boko Haram, ces barons ont eu à enlever des milliers de lycéens, de lycéennes, d’étudiants et d’étudiantes. Ils ont réussi de la manière la plus douce à les transformer en des esclaves incapables de se libérer de leurs chaines. La jeunesse, depuis des décennies, a été embastillée de la manière la plus bestiale. Ceux la n’ont pas seulement réussi à nous voler notre argent, nos milliards, nos femmes et nos maris, nos pères et nos mères ; -mais comme le Boko Haram-, ils ont réussi à nous « plonger dans l’arriération », en nous volant l’éducation, « le savoir, le progrès, les bases de notre avenir ». C’est la raison pour laquelle, nous considérons ces voleurs à col blanc qui veulent se blanchir, comme les promoteurs d’une « barbarie » qui ne veut pas dire son nom, au même titre que celle du Boko Haram. 

Si comme Marafa le dit si bien, « la criminalité se combat par des opérations de police et de renseignement » et surtout par « la construction des projets concrets de développement », capables de « faire barrage à l’ignorance, à la misère et au désespoir », -nous avons toutes les raisons de penser que celui qui n’agit pas ainsi est un criminel à son tour. Or à notre connaissance, ni Marafa, ni aucun d’autres des prisonniers politiques, -ces « terroristes économiques »-, n’ont jamais veillé à la construction d’un tel paysage dans notre société. Dans notre première « lettre aux prisonniers politiques de Kondengui », (Le Jour, juillet 2012) nous avons reproché à ceux-ci qu’ils n’ont pas de raison de se plaindre ni de solliciter notre compassion. Car « hier vous étiez dans les meilleurs dispositions d’agir et vous n’avez jamais pensé, aujourd’hui où vous n’avez aucun moyen d’agir alors promptement-vous pensez ». Vous avez même tué la pensée, votre pensée en tuant la notre, vous l’avez encellulé, si bien qu’il ne nous reste plus rien dans les poches ni dans la tête. 

Alors, demander au Boko Haram de libérer les lycéennes est une chose, mais demander à tous les terroristes économiques de nous retourner nos milliards en est une autre. Car si l’argent ne rend pas l’individu totalement libre ni meilleur, il faut, disait le signataire de Pour le libéralisme communautaire, « un optimum d’équipement matériel pour se libérer de l’entrave du besoin aliénant ». 

Alors, «bring back our money». 

Félix TATLA MBETBO, chroniqueur
Coordonnateur INTELLIjeuneTSIA,
monsieur2035@yahoo.fr
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