Réunis à Paris dans le cadre d’une réunion de stratégie dont l’objet était de coordonner l’action des services de sécurité, de renseignement et des armées du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, du Niger et des autres pays impactés par l’activisme de la secte Boko Haram, les chefs d’Etat (Jonathan Goodluck, Paul Biya, Idriss Deby Itno, Yayi Boni, Mahamadou Issoufou et François Hollande, l’hôte des assisses) ont fait la promesse de faire la guerre à cette organisation nébuleuse. Moins d’une semaine plus tard, les chefs d’Etat camerounais et tchadien se rencontrent à Yaoundé. A l’ordre du jour, entre autres, la mise sur pied d’une stratégie commune pour combattre la secte d’origine nigériane dont l’activisme a depuis longtemps traversé les frontières de l’Etat nigérian du Borno pour frapper le Cameroun. Des raisons pour le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya de déclarer «la guerre» à ce mouvement dont les faits d’arme les plus illustratifs remontent à l’année 2002.
A l’observation, la guerre que déclare Paul Biya et ses pairs à la secte Boko Haram ne manque pas de susciter quelques interrogations. C’est que, à l’évaluation de la structure et du mode opératoire de cette organisation, la stratégie de confrontation militaire comme stratégie de combat ne résiste pas à l’analyse. Une perception que conforte l’analyste sociopolitique Stéphane Akoa de la fondation Paul Ango. Pour cet observateur de la scène sociopolitique camerounaise et internationale, il s’agit «sur les questions cruciales se rapportant à notre sécurité d’exercer une revue critique des paradigmes afin de proposer à ceux qui ont les armes pour métier des référentiels refondés.» D’autant que la confrontation proposée impose des réalités technico-opérationnelles nouvelles.
En clair, la seule matière militaire, de l’avis de nombreux observateurs avertis, ne résoudrait pas la question Boko Haram. Le président de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) indique à cet effet que, «Les gouvernements doivent reconnaître les échecs pour prévoir et prévenir les phénomènes Boko Haram, les pirateries et autres pour s’employer à remonter aux origines internes et externes de ses sources.»
Chercheur à la fondation Paul Ango, Stéphane Akoa explique que la recherche de solution au problème Boko Haram résulte de la fragilité des Etats dans le Golfe de Guinée. Cet expert évoque pour se faire trois types de critère à prendre en compte dans cet exercice. Des critères fonctionnels qui impliquent la fourniture des biens et des services de base; la protection et la garantie des libertés fondamentales mais aussi accroître la capacité des Etats à préserver leur intégrité territoriale. En clair, l’expert suggère aux gouvernements de prendre en compte la satisfaction des besoins essentiels des populations. «Une incapacité avérée ou perçue comme telle à assurer ces besoins installe une défiance envers le système gouvernant en place.»
Commanditaires et soutiens
C’est une solution qu’évoque le premier vice président du Social democratic front (Sdf) dans le cadre de la résolution du problème Boko Haram. Sur le plan politique, soutient Osih Joshua, «Il y a une nécessité de créer d’urgence une relation de confiance entre les populations, les élites, les autorités administratives et le commandement militaire.» A en croire ce cadre politique, cette situation aurait pour effet de déclencher la mobilisation générale des forces populaires et améliorer les renseignements sur le terrain. Une option qui invite de la part des gouvernements à la protection des libertés individuelles et à la garantie de la démocratie et de l’Etat de droit. «Les conduites autocratiques, notamment peuvent déboucher sur une contestation ouverte et conduire à des situation d’instabilité politique.» Une instabilité politique qui peut nourrir les desseins de groupuscules armés à l’instar de la secte fondamentaliste Boko Haram.
Au terme de la rencontre de Paris sur la lutte contre Boko Haram, nombreux parmi les observateurs ont entrevu l’éventualité de la mixité des forces sur le terrain pour renforcer les structures de lutte. Dans une interview accordée à nos confrères de Radio France international (Rfi), le ministre camerounais des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo, réitère plutôt la position du Cameroun qui opte pour la «mutualisation» des patrouilles le long des frontières. Une démarche qui semble renforcer la polémique autour de la guerre annoncée contre Boko Haram. Pour de nombreux observateurs, il y a nécessité de mettre sur pied un dispositif opérationnel complexe. Une perception conséquente des fuites relatives à l’existence de puissants commanditaires et des soutiens dont bénéficieraient Boko Haram. Une organisation au sein de laquelle, insistent certaines sources, se seraient engagée des mercenaires issus de quelques anciens conflits connus sur le continent mais aussi de l’Europe de l’Est.
Organisation à l’idéologie confessionnelle à ses débuts, Boko Haram semble désormais se muer en un groupe de mercenaires. Dans une correspondance abondamment publiée sur les réseaux sociaux. Le site d’information Wikileaks soutient l’éventualité de collusion du groupe terroriste avec de nombreuses autres organisations similaires à travers le monde. Tout comme la même source évoque les implications de quelques structures influentes des Etats-Unis et de l’occident dans cette nébuleuse. Des allégations à prendre en compte dans l’esprit de la lutte engagée contre Boko Haram. D’autant que, soutient Stéphane Akoa, «Dans un contexte géopolitique mondial où s’organisent des stratégies fondées sur l’hypothèse de la pénurie en pétrole, l’Afrique centrale en particulier est devenue une pièce non négligeable des grandes manœuvres pour le contrôle de cette rente.»
Joseph OLINGA N.
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