Une note d’information récemment publiée par l’Assemblée nationale ivoirienne dressant le bilan du séjour de Guillaume Soro, du 10 au 15 juin au Cameroun, parle de 108 journalistes accrédités, des dizaines d’audiences, des rencontres avec les plus hautes autorités du pays, les hommes d’affaires, les Ivoiriens, ont été à l’agenda de Guillaume Soro qui a eu un séjour plutôt chargé pour sa première visite officielle dans ce pays d’Afrique centrale. Invité par son homologue, le président de l’Assemblée nationale camerounaise, Cavayé Yéguié Djibril, Guillaume Soro a sillonné la ville aux Sept Collines durant cinq jours. Premier chef de Parlement étranger reçu par l’Assemblée nationale camerounaise depuis 31 ans, la visite officielle de Guillaume Kigbafori Soro était un évènement historique. Un événement auquel se sont opposés plusieurs parties de l’opposition. «Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne a été pris à partie par les députés du Social Democratic Front (SDF) qui ont quitté la salle avant la lecture de son discours», souligne le texte.
A la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé ou encore à la Mosquée de la Brisqueterie, à l'Institut des Relations Internationales du Cameroun, (l’IRIC), Guillaume Soro a été écouté et applaudi. Il a été fait chef traditionnel camerounais par le Conseil des Rois et Chefs traditionnels du Cameroun. L’apothéose de sa visite est, bien évidemment, sa rencontre avec le Président Paul Biya au Palais de l’Unité. Dans ce pays d’Afrique centrale de 22 millions d’habitants, qui a suivi la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011, Guillaume Soro a obtenu la tribune qui lui manquait depuis la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011. En effet, la presse camerounaise a suivi de près la visite de l’ancien Premier ministre ivoirien. Et avant de quitter le pays des Lions Indomptables, Guillaume Soro a accepté de répondre aux questions des journalistes-phares des plus grandes chaînes de télévision camerounaise. Dans cet exercice périlleux, il a une nouvelle fois tenté de rassurer l'opinion camerounaise sur le processus de réconciliation en Côte d'Ivoire et a fait la promotion des grands projets du président de la République Alassane Ouattara. La grande interview de Guillaume Soro au Cameroun a été diffusée dimanche sur la CRTV, Canal 2, STV, LTM et Vision 4.
Si quelques tumultes ont émaillé la visite du plus jeune président d’Assemblées nationales du monde en terre camerounaise, plusieurs observateurs n’ont pas mesuré la grandeur du travail accompli au pays du «Vieux Lion». D’audience en audience Guillaume Soro, le désormais dauphin officieux d’Alassane Dramane Ouattara, aura fait taire devant caméras et curieux le sombre partie-pris de certains ignorants de la crise ivoirienne qu’il va tôt se targuer d’avoir été à la genèse de cette dérive managériale. Défenseur aux premières heures de Laurent Gbagbo, président déchu et incarcéré à la CPI, Guillaume Soro va raconter ses premiers amours avec le combat citoyen qui lui vaudra des incarcérations. Aujourd’hui renvoyé à un lointain souvenir qui se noie dans l’opulence de tous les avantages liés à sa désormais fonction actuelle, la visite de l’ancien rebelle pour des naïfs au Cameroun a été couronné d’un éclatant succès.
Pour des esprits éveillés, rien de surprenant dans celle-ci car pour ne pas se dérober de la question de l’ambition pouvoiriste, Guillaume Soro va affirmer qu’il est certes un homme de mission mais aussi d’ambition. Que comprendre ! Si l’on s’en tient au parcours presqu’identique pour l’accession au pouvoir de son mentor Alassane Dramane Ouattara qui l’aura envoyé sur ses traces car selon des sources crédibles, c’est dans les années 90 que l’actuel Chef d’Etat ivoirien va faire le voyage salutaire pour le Cameroun. Lui qui venait de terminer ses fonctions de Premier ministre et avait été rappelé à la Banque mondiale, était venu voir le Président Paul Biya pour un «adoubement» et puiser des conseils de «sage» qui a pu se maintenir au pouvoir pendant des «lustres». Ces mêmes sources affirmeraient que le «sphinx» de Mvomeka’a ira jusqu’à prêter à son homologue le Pélican, l’avion présidentiel d’alors pour effectuer la tournée vers d’autres Chefs d’Etats tel que Omar Bongo Ondimba du Gabon.
Guillaume Soro, dans une lecture clairvoyante, n’a cessé d’évoquer le traumatisme subi dans les discriminations de noms, faciès, etc. du camp d’en face qui occasionnera la guerre civile en Côte d’Ivoire. Certainement plus question de laisser de telles choses se produire et la préparation à la maitrise du gouvernail ivoirien pendant des années passe d’abord par un «adoubement» de certains pairs d’Afrique. Le choix de Paul Biya n’étant en ce moment pas fortuit, compte tenu du regain de confiance qu’a redonné la France après la recrudescence ou la montée du terrorisme dans la sous–région risquant d’affecter la Cedeao. Loin de cette officieuse raison, le PAN Ivoirien s’y est également attelé à tisser des relations d’amitié et de partenariat avec le Réseau des jeunes volontaires pour la Francophonie du Cameroun, démembrement de celui de France, qui œuvre en milieu étudiant et scolaire. C’est ainsi qu’en refusant 77 audiences sur les 78 à lui présenter avec en bonus la réception des Chefs traditionnels du Cameroun et une audience accordée au Réseau Panafricain des journalistes, Guillaume Soro va affiner sa propension soudaine à la prédication du panafricanisme et de l’unité de l’Afrique. Un discours nouveau qui forgera dans les jours avenirs sa stratégie de colonisation des «cœurs».
Au demeurant, on peut se réjouir de la visite de Guillaume Soro au Cameroun, événement capital dans le rayonnement diplomatique national, d’autant plus qu’au-delà de la personnalité de cet hôte, les deux pays constituent des pôles géopolitiques essentiels dans l’articulation historico-diplomatique du continent. Une coopération active, efficace, qualitative et permanente entre eux relève à la fois de la nécessité, du pragmatisme et d’une vision très positive du panafricanisme. La Côte d’Ivoire est un grand pays qui sort d’une crise majeure résultant de la volonté de certains acteurs politiques obscurantistes notoires, de pratiquer l’exclusion ethno-régionaliste sous le slogan subjectif de «l’ivoirité», véritable instrumentalisation de l'apartheid. Cette expérience est digne d’intérêt pour le Cameroun, car riche d’enseignements et de renseignements utiles au regard de notre diversité culturelle. Raison pour laquelle on regrette vivement le comportement irresponsable, inacceptable et indéfendable, de quelques parlementaires diplomatiquement illettrés, mais fort heureusement minoritaires, qui ont voulu troubler la quiétude protocolaire et conviviale de cette visite.
Le Cameroun se trouvant en guerre contre le terrorisme, tous les élus ou supposés, doivent offrir aux étrangers en séjour chez nous, une image d’unité et de solidarité parfaite à l’occasion de manifestation solennelle à l’instar d’une prestation dans l’hémicycle. Il va sans dire que des hommes politiques, individuellement ou collectivement dans le cadre de leur parti, qui ne comprennent rien à l’expression des intérêts nationaux du pays à un moment donné, sont logiquement disqualifiés pour prétendre à la gestion du pouvoir. Il faut par ailleurs déplorer l’immaturité de certains organes de presse, négativement conditionnés, et chroniquement réduits à un journalisme de slogan, de prédation, de provocation et de divagation tentaculaire de la pensée. Et se féliciter vivement et patriotiquement le Chef de l’Etat, pour sa clairvoyance diplomatique et sa vision stratégique dans l’orchestration, la conduite et la conclusion de la visite de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.
Tous les Camerounais et toutes les Camerounaises, de même que tous les Africains et toutes les Africaines de bonne foi, ont toutes les raisons d’être fiers de cette démarche, tant la renaissance et la respectabilité du continent, passent par la multiplication de tels événements prometteurs entre pôles géopolitiques centraux.
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