LA PHOBIE DE L’ETAT DU CAMEROUN FACE À UNE GRÈVE ÉVENTUELLE SUITE À SA DÉCISION D’AUGMENTATION DES PRIX DU SUPER ET DU GASOIL. par Bertrand Ngnie

1) La grève, le mot qui fait peur à nos gouvernants et proches gouvernants

L'Etat du Cameroun après avoir céder à la suppression des subventions des produits pétroliers rechigne le mot grève. Ainsi, à l'état actuel des choses, il est commun  d'observer une solidarité marquée des membres du gouvernement, hauts fonctionnaires et directeurs de la fonction publique; tous sans exception présentent une hostilité certaine face à toutes personnes, tous groupements voire à tous médias qui oseraient prononcer le mot grève ou en faire écho.

Dès lors, les membres du gouvernement et les personnes qui n'ont aucune qualification en gestion et en économie, les économistes et gestionnaires corrompus expliquent l'inexplicable au peuple camerounais "Tout a été calculé au millimètre  près, il n'y aura pas d'inflation autrement dit les prix des autres produits resteront stables et par conséquent pas de vie chère" que de bonnes paroles pour rassurer le peuple camerounais voire calmer leur tension. Toutefois, ils semblent oublier une chose, l'économie ce n'est pas la politique où les politiques jouent sur la psychologie du peuple en leur disant exactement ce qu’ils veulent entendre via des promesses mensongères afin de recueillir leur voix.  Cela va sans dire que toute décision politique majeure a une portée réelle sur l’économie. « L’augmentation des prix du carburants engendre l’augmentation du prix de transport de personnes et de biens, qui à son tour engendre l’augmentation des prix des autres biens »

2) Grève ou absence de grève, il y aura une inflation générale

Aucun opérateur économique ne souhaite la grève, car elle entraine des pertes énormes. « Moi-même qui suis entrain de rédiger cet article, en cas de grève générale, je perdrai 40 000F par jour, donc vous pouvez imager les pertes qu’engendraient une grève illimitée, ça serait quasiment la destruction ». Il en va de même pour tous les opérateurs économiques, pour l’Etat du Cameroun voire pour notre économie toute entière qui subiraient des pertes colossales en cas de grève. Tout cela sans négligé le risque d’une crise sociale sur toute l’étendue du territoire national, comme ce fut le cas en février 2008.   Grève ou absence de grève, voilà ce qui, pour l’heure retient toute l’attention de l’Etat du Cameroun voire du peuple camerounais.

Cependant, qu’il y ait grève ou pas, l’on assistera dans le futur proche à une augmentation générale des prix des biens de consommations, des biens durables et des biens semi-durables. Et ceci pour deux raisons :

2.1 Une inflation induite par l’augmentation des prix du carburant : premier type

La première raison résulte du fait que notre économie  se caractérisant par la prédominance du secteur tertiaire (secteur de l'économie comprenant le commerce, les assurances, les banques, l'enseignement, etc.) subit ipso facto la hausse du prix des carburants. En effet, l’économie tertiaire est dominée par le commerce de distribution, qui quant à lui se résume à la distribution des produits en provenance des autres Etats.  (produits asiatiques, produits européens, produits américains, produits chinois, produits des autres Etats africains …). De lors, le secteur de transport occupe une place capitale dans une telle économie. Le carburant étant le levier de l’activité de transport, cela va sans dire que toute augmentation des prix du carburant aura un effet immédiat sur le secteur de transport et par ricochet sur les autres biens.  Ainsi suite à l’augmentation des prix du super et de gasoil :

• Le manque à gagner pour un chauffeur taxi est de 1 620F par jour, car un taxi consomme en moyenne 20 litres de super par jour soit 20 x 81F qui va supporter les 1 620F
• Est-ce le chauffeur ? Ou  bien le propriétaire de taxi ?
• Pour un car de transport urbain de personnes le manque à gagner est de 3 040F par jour, car un car consomme en moyenne 38 litres de gasoil par jour soit 38 x 80F. Qui va supporter les 3 040F ? Est-ce le chauffeur ? Ou  bien le propriétaire ?
•  
• Pour un Coster de transport interurbain de personnes le manque à gagner est de 12 000F par jour, car un Coster consomme  en moyenne 150 litres de gasoil par jour soit 150 x 80F. Qui va supporter les 12 000F ? Est-ce le chauffeur ? Ou  bien le propriétaire ?  
• Pour un gros porteur Mercedes de transport interurbain de personnes  le manque à gagner est de 24 000F par jour, car la consommation moyenne est de 300 litres de gasoil par jour soit 300 x 80F. Qui va supporter les 24 000F ? Est-ce le chauffeur ? Ou  bien le propriétaire ?
• Pour un camion de sables le maque à gagner est de 20 000F par jour, car un camion Mercedes consomme en moyenne 250 litres de gasoil par jour soit 250 x 80F.  Qui va supporter les 20 000F ? Est-ce le chauffeur ? Ou  bien le propriétaire ?
• Etc.
• Les transporteurs ne pouvant pas subir seuls toutes ces pertes seront obligés de les répercuter sur les prix des biens transportés voire sur les tickets de voyage. D’où le premier type d’inflation induit par l’augmentation des prix du super et du gasoil qui a un effet entrainement sur les prix des autres biens.
  2.2 Une inflation découlant de la pénurie des denrées alimentaires
  La deuxième raison quant à elle résulte du fait que certains importateurs (importateur du riz, importateur du sucre, importateur de la farine, importateur des denrées alimentaires en général, …) craignant une paralysie de notre appareil économique comme ce fut le cas en février 2008, ont tout simplement retardé leurs commandes  suite à la décision d’augmentation des prix du super et du gasoil. Ainsi l’on assistera dans un futur proche à une pénurie des denrées alimentaires importées, ça fait peur certes, mais c’est la triste réalité qu’on vivra d’ici quelques jours. Par la suite, le peu de produits qui parviendra à entrer sur le territoire national se vendra à un prix un peu plus élevé d’où le deuxième type d’inflation découlant tout simplement de la pénurie. 
  Bertrand Ngnie, 

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