Passé l'effet d'annonce, l'heure est au décryptage des décisions prises hier, 7 juillet 2014, par le président de la République. Pour la première, Paul Biya a décidé la hausse de 5% du salaire mensuel de base des agents de l'Etat, civils et militaires. La mesure sera effective dès la prochaine fin du mois. «La décision du chef de l'Etat est semblable à celle d'un médecin qui, pour soigner une plaie qui saigne, se limite à prescrire de l'aspirine et des anti-inflammatoires», regrette Bernard Ouandji, ancien cadre du ministère des Finances et de la Société nationale d'investissement, devenu consultant.
Il rappelle que l'essentiel des travailleurs camerounais travaillent en dehors de la fonction publique qui ne regroupe que 160.000 agents. Or le pays compte 8 millions de ménages. Il paraît donc clair que la mesure du chef de l'Etat ne touche qu'une infime partie de la population qui n'est d'ailleurs pas la bonne cible, pense Jean Collins Ndefossokeng, président du Syndicat national des employés du secteur des transports terrestres. «Les fonctionnaires sont les plus riches de ce pays ! Et les autres alors pour qui le Smic n'a même pas changé !», s'est-il exclamé en apprenant le décret présidentiel. C'était au sortir des concertations avec le ministre du Commerce, hier.
Jean Collins Ndefossokeng explique que les agents de l'Etat ne seront pas les principales victimes de la hausse prochaine des prix du taxi. Eh oui, elle sera bientôt effective. «Nous nous sommes entendus avec le ministre du Commerce. Le tarif sera de 250 Fcfa le jour et 300 Fcfa la nuit. Le dépôt passe de 1.500 à 2.000 Fcfa, tandis que la course est portée à 3.000 au lieu de 2.000 Fcfa. Il faudra désormais payer 10.000 Fcfa pour la ligne de l'aéroport», explique-t-il. Evidemment que rien n'est officiel, mais voilà à quoi devraient ressembler les nouveaux coûts du transport urbain.
Plusieurs taximen rencontrés à Yaoundé affirment que la hausse des tarifs s'offre comme le seul moyen de tenir face à l'accroissement des prix du carburant décidé le 1er juillet dernier. En effet, les chauffeurs continuent de penser que les allégements fiscaux ne profitent qu'aux propriétaires des véhicules et non à eux les travailleurs dont les revenus courent le risque de tarir, au détriment de leurs familles.
Or ces mesures fiscales, qui étaient dans l'air du temps, ont été confirmées par le président de la République dans l'ordonnance qu'il a prise hier également. Les tarifs de l'impôt libératoire pour les transporteurs sont réduits de moitié. La taxe de stationnement diminue elle-aussi. Idem pour la taxe à l'essieu. Paul Biya a par ailleurs fixé de nouveaux taux de la taxe spéciale sur les produits pétroliers. Le taux tombe à 80 Fcfa pour l'essence super et à 60 Fcfa pour le gasoil.
Dès publication des textes présidentiels, le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, est monté au créneau pour expliquer que la hausse des salaires coûtera 30 milliards Fcfa au Trésor public sur un an, assurant que les engagements seront tenus sur les six prochaines mensualités de 2014. Les réductions des taxes s'élèveront quant à elles à 13 milliards Fcfa. Il a dit que ces sacrifices visent à créer plus de richesses afin d'accroitre plus tard le niveau de vie des Camerounais. Pourtant, Bernard Ouandji insiste sur le fait que l'Etat n'apporte aucune subvention aux produits pétroliers. Plus encore, il reste gagnant, car la hausse des prix du carburant et du gaz domestique lui permet d'engranger 100 milliards Fcfa.
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