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LES ÉQUIPES AFRICAINES ET LA QUÊTE D’UN LEADER par Dr Vincent-Sosthène Fouda

Le constat est sans appel : à mille lieues du continent africain, les équipes africaines sont entrées timidement dans la compétition brésilienne. Le Brésil, un pays voire un continent qu’elles avaient tôt fait de prendre pour un acquis ! Les commentaires des spécialistes, sur la lourdeur du collectif camerounais, sur l’absence d’initiative de la défense ivoirienne enchainant de courtes passes dans sa surface de réparation sans être capable de fournir les ballons à son milieu de terrain, montrent bien qu’il est difficile voire impossible aujourd’hui d’arriver à un point de vue en faveur de l’Afrique ici au Brésil. Ghana qui avait peut-être le meilleur collectif, de l’Algérie dont les joueurs se veulent plus arabo-musulmans qu’Africains ? Certes les choses auraient pues être pires ; les voies qui mènent à un triomphe du football africain semblent bouchées, les tensions entre sélectionneurs-joueurs, dirigeants du football dans différentes fédérations nationales encore plus vives, le danger de voir un jour des championnats ne pas aller au bout d’une saison comme c’est le cas au Cameroun, encore plus grand. Non le football est loin d’être un jeu et ce n’est pas parce qu’on court derrière un ballon à l’âge adulte qu’on demeure un enfant, ceux des africains qui ont choisi le football comme profession dans les stades et les gradins doivent définitivement le comprendre.

Dire que cela va mal ne veut pas dire que tout est mauvais dans les équipes africaines, l’Algérie, le Nigéria ont joué les ¼ de finale de la compétition. Quelques erreurs d’arbitrage ont certainement privé un pays comme le Nigéria de ne pas franchir le rideau français dans cette compétition et il ne faut surtout pas dire que le Nigéria a manqué de chance, il plutôt manqué de la sympathie de l’arbitrage. Le Ghana et l’Algérie sont entrés dans la danse avec timidité, la Côte d’Ivoire a su trouver les ressources mentales pour revenir à la hauteur du Japon et surtout de s’imposer au final, c’est ainsi qu’il a amené les uns et les autres à espérer de en elle plus que ce qu’elle a prouvé au final. Seul donc le Cameroun a montré qu’il n’est plus une nation de football et de talentueux footballeurs. Il nous faut cependant reconnaître que le football africain peine à se hisser au niveau de ses partenaires des autres continents alors même que les équipes africaines sont essentiellement constitués des footballeurs évoluant dans les championnats européens.
Le péché originel
Comme trop souvent dans la politique du football africain, le péché originel est sans doute celui d’un formalisme d’inspiration archaïque dans la gestion de tout ce qui est mis en œuvre dans le football. Des joueurs pauvres hier, rois aujourd’hui, qui ne considèrent pas le fait de jouer en sélection nationale comme le prolongement de leur travail mais plutôt comme l’occasion d’affirmer leur suprématie sur le pays. Des dirigeants tournés plus vers les gains que génère le football. Aucune politique donc de développement, d’implantation du football sur le continent. Les enfants continuent à jouer pieds nus dans la poussière et dans la boue, rêvent d’Europe et des véhicules de Didier Grogba, Samuel Eto’o, et les autres.
Il n’y a aujourd’hui aucune fédération en Afrique qui ait développé un cadre suffisamment puissant et flexible pour structurer durablement la gestion du football. Il n’y a aucun leadership durable à l’exception de Didier Grogba avec les Eléphants de Côte d’Ivoire comme joueur, de Stephane Keshi au Nigéria comme entraîneur.
Le banc de touche des pays africain est problématique
Croyant se faciliter la tâche des équipes nationales, les pays et leurs fédérations l’ont rendue plus ardue encore : face à des pays aussi dominants que les pays européens aussi organisés que ceux d’Amérique Latine ou aussi peu prévisibles que ceux d’Asie ou d’Amérique Centrale, nous savons aujourd’hui, et aurions dû savoir hier, que rien ne peut remplacer une gestion des équipes basées sur la formation à court et à long terme. Les équipes africaines ont un banc de touche de mercenaires qui ne sont pas là pour le football et encore moins pour vivre sur le dos d’un footballeur qu’ils auraient découvert et vendu à un prestigieux club durant la compétition ! Claude le Roy l’a fait en son temps et les joueurs amateurs se sont donnés, c’est ainsi que l’on a découvert les Janka Beaka, Ndo, Didier Okocha et bien d’autres. Aujourd’hui ce ne sont plus les joueurs qu’on veut placer, ce sont les matches que l’on veut vendre et ce n’est donc pas une surprise si les pays comme le Cameroun ou le Ghana se retrouvent aujourd’hui au banc des accusés.
Deux autres grandes erreurs commises dans la gestion de la participation des pays africains à cette phase finale de Coupe du Monde, elles découlent directement de la première. En laissant les mercenaires sur le banc de touche, aucune stratégie n’a été construite pour amener les joueurs à aimer les différentes sélections nationales pour lesquelles ils jouent non pas pour l’amour de la Nation mais pour des primes et autres lubies. Aucune sélection africaine à l’exception de l’Algérie n’a vraiment communié avec le peuple, avec son public. L’on a vu aucune ferveur africaine dans les gradins et le Cameroun n’a trouvé mieux que de prendre 140 hauts fonctionnaires pour les mettre en mission au Brésil ce n’est eux qui allaient donner de la voix dans les gradins ! Aucune discipline n’a été imposée aux sélections par les fédérations, ceci par amateurisme et par ignorance. A l’exception de la violence du français Matudi sur le milieu de terrain nigérian, les joueurs africains ont montré qu’ils n’avaient pas de préparateur psychologique d’où la grande nervosité des uns et des autres au moment de gérer la pression qu’impose une telle compétition.
Certes, il y avait la crise interne dans toutes les équipes africaines à gérer. Certes, ce sont des sujets qui fâchèrent, fâchent, et fâcheront encore. Mais refuser de regarder la réalité des équipes africaines, leur conduite dans l’ensemble avant la compétition fut pire qu’une erreur, ce fut une faute, comme aurait pu le dire le plus grand des footballeurs africains, et le football africain n’a pas fini d’en payer la facture.
Abandonner la gestion du football à l’intérieur des pays pour ne miser que sur des professionnels évoluant hors du continent et sur lesquels on n’a aucune main mise, c’était prendre le risque d’un désastre. Pour ne citer qu’un exemple : on aurait pu prévoir, on aurait dû savoir que les footballeurs professionnels sont aujourd’hui des entreprises ambulantes et qu’ils se connaissent tous de l’Afrique à l’Europe, de l’Europe à l’Asie etc, leur coiffure commune est une des nombreuses preuves parlante pour ceux qui veulent encore penser qu’ils peuvent les spolier de leurs avoirs.
Ces faiblesses de la politique africaine du football européenne sont pourtant moins la conséquence d’erreurs d’analyse ou d’un déficit d’expertise que le résultat du déficit institutionnel et infrastructurel qui entrave et affaiblit la politique d’implantation du football sur le continent. Le hasard n’existe pas, le football moderne ne s’accommode plus de la samba et de la magie noire, il faut une intelligence, il faut du rationnel et ça force est de constater que l’Afrique et ses dirigeants ne l’ont pas. L’Afrique au Brésil a manqué de savoir-faire
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