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LETTRE AUX ‘LEADERS POLITIQUES CAMEROUNAIS par ERIC KENNEDY FOYET

Chers leaders et responsables des partis politiques camerounais, le peuple camerounais dans son entièreté vient une fois de plus de se voir spolier, humilier et réprimer à travers une énième décision scélérate du pouvoir en place.S’il est clair que depuis fort longtemps le RDPC, parti au pouvoir, à renoncer à son rôle d’orientation et de rectification de l’action gouvernementale, optant pour un larbinisme et un à-plat-ventrisme désuets, « Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte.»  CONFUCIUS
Ce qu’il y a de plus préoccupant, c’est le sentiment des populations d’une certains incapacité et de complicité des partis d’opposition dans la construction de la situation actuelle.

En effet, par un simple communiqué du Secrétaire Général des services du premier Ministre, les responsables de notre pays ont procédé à une augmentation de près de 15% des prix du super, du gasoil et du gaz. Sachant qu’il s’agit là d’une modification de la loi de finance en cours, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette décision est illégale et illégitime, tant dans le fond que dans la forme. 
Dans la forme, un simple communiqué ne saurait modifier une loi. Simple parallélisme des formes. Mais selon toutes vraisemblances, le pouvoir « biyaïste», fidèle à sa politique des « grandes embuscades », a opté pour la roublardise par effet de surprise, quitte à transiger avec la légalité. Par ailleurs, même s’il fallait procéder par acte réglementaire, que vient chercher le SG des services du Premier ministère dans la fixation des prix du carburant, alors que nous savons tous que les questions de prix concernent essentiellement les ministères du commerce, des finances, et de l’économie. Serait-ce une manière de confirmer les rumeurs qui font état de ce que c’est lui le « vrai premier ministre » ? Si ce n’est une façon de présenter aux camerounais « le dauphin putatif » ?
S’agissant du fonds, cette mesure est illégitime dans un pays où les populations crèvent de faim et meurent par manque de paracétamol ; dans un pays où le chômage est exponentiel et l’activité économique moribonde en dépit d’un taux de croissance vraisemblablement fallacieux.
J’ai suivi ici et là des justifications de cette mesure, ainsi que les « solutions » palliatives du gouvernement et surtout des partis d’opposition. Mais j’avoue que je suis pour le moins sidéré.
Pour ce qui est des justifications, le gouvernement, soutenu en cela par une certaine presse « nord-coréenne » et une caste d’intellectuels organiques à la solde à des institutions de Breton Woods, explique la hausse des prix du carburant par le fait que la subvention coûterait environ 400 milliards par an ; somme qui pourrait servir à construire des infrastructures et à résoudre d’autres problèmes des camerounais. Ce d’autant plus que cette subvention profite essentiellement aux « riches ». Cette explication ne résiste nullement à une analyse même sommaire.

Tout d’abord, si le gouvernement veut vraiment économiser plus de 400 milliards par an, il suffit pour cela de :
-    réduire le nombre des ministères jugé par tous comme étant pléthorique,
-     dissoudre certains établissements publics qui ne servent à rien et engloutissent d’énormes sommes à l’instar de l’Agence du service civique national et de participation au développement,
-    arrêter de subventionner des sociétés parapubliques, telles que la CRTV, la CNPS, la CAMTEL, la  CAMWATER, la CAMPOST, la CAMRAIL, la CAMAIR-CO, la SONARA, etc. qui de part leurs activités commerciales devraient plutôt rapporter de l’argent, à condition que leurs employés daignent travailler et cessent de narguer la clientèle,
-    mettre un terme véritable aux séminaires, colloques, symposiums, forums et autres ateliers qui ne servent apparemment à rien,
-    ramener au plus bas niveau la fourniture des bons de carburant qui servent plus au dépannage des « petits » et des « petites », que pour les besoins de services,
-    diminuer drastiquement le très luxueux parc automobile de l’Etat,
-    annuler les innombrables « courts séjours » en Europe du président de la République,
-    épurer le fichier solde dont les simulations ont révélés un taux de faux fonctionnaires de l’ordre de 20%,
-    lutter véritablement contre la corruption  qui fait perdre près de 1500 milliards au Cameroun par an, en prenant les mesures idoines telles qu’une loi contre l’enrichissement illicite, l’application de l’article 66 et la consécration d’une réelle indépendance de la justice.

A coup sûr, la mise en œuvre de ces mesures permettrait d’économiser au bas mot plus de 2500 milliards par an !
Ensuite, le problème du carburant est une question de structuration du prix. Sur chaque litre de carburant, nous avons 22 taxes, parmi lesquelles 5 TVA ! Du jamais vu ! Comment peut-on taxer 22 fois un produit. Surtout que nous avons des taxes inexplicables telles que la taxe spéciale sur les produits pétroliers (TSPP), la taxe pour la sécurisation des sites de la SCDP (sachant que la sécurisation est finie en dépit des détournements massifs de l’équipe Nguini Effa), la taxe pour la protection routière (car nous avons déjà le péage et le pesage routiers qui jouent ce rôle), etc. Il est alors question d’élaguer ces taxes superflues.
Enfin, le caractère structurant du carburant fait en sorte que c’est un produit dont l’augmentation du prix engendre une croissance des coûts de production dans tous les autres secteurs de la vie et par conséquent un renchérissement des produits de consommation et surtout de premières nécessités ; nos épouses et sœurs qui ont le « malheur » de faire leurs courses avec des plastiques en lieu et place des paniers à Mokolo, à New-bell et dans nos marchés locaux, n’ont pas attendu longtemps pour commencer à ressentir les effets très indésirables. Déjà que les choses n’étaient pas faciles avant. Si le gouvernement voulait prendre chez les « riches » pour donner aux « pauvres », il aurait suffit pour cela d’élargir l’assiette ou le taux d’imposition sur certains biens.
Une piste, la taxe foncière, dont l’application lacunaire fait perdre de dizaines de milliards au Cameroun. Surtout qu’une bonne taxe foncière permettrait de lutter contre la boulimie foncière de certains « pontes » qui spolient au jour le jour les pauvres populations des villes et villages, et surtout permettrait de juguler cette poudrière qu’est devenu le problème de la terre !Mbankomo en est un parfait exemple.
Face à cet état de choses, j’ai été également outré et estomaqué, par la légèreté des propositions et des positions des leaders d’opposition. Pour l’essentiel de ceux qui ont daigné s’exprimer du bout des lèvres sur cette question, à l’instar de Maurice Kamto, Adamou Ndam Njoya, Nkah Wallah, John Fru Ndi, et consorts, ils se sont limités à condamner cette mesure dans le timing, estimant qu’il aurait fallu d’abord revaloriser les salaires des fonctionnaires et le SMIG avant de procéder à la hausse des produits pétroliers. Mais non messieurs et mesdames les politiciens ! Vous vous fourrez le doigt à l’œil jusqu’au coude !
Comme apparemment, tout comme votre « adversaire », vous semblez ne pas vivre au Cameroun, sachez que l’augmentation des salaires dans la fonction publique ne résoudrait pas du tout le problème ; bien au contraire. Tout d’abord, parce que le nombre des fonctionnaires est trop faible au Cameroun, environ 160.000 personnes pour une population de 20 millions d’habitants. On ne saurait résoudre le problème de 20 millions de personnes en s’appuyant sur 160.000. Simple question de logique. Pour votre gouverne, il existe de très nombreuses familles au Cameroun dans lesquelles vous n’avez aucun fonctionnaire, mais qui devront subir les surcouts. Ensuite, il a été démontré partout ailleurs que l’augmentation des salaires des fonctionnaires, même lorsqu’elle est conséquente, n’engendre souvent que de l’inflation et une croissance stérile. Enfin, vous semblez confondre allègrement SMIC (salaire minimum de croissance en vigueur en France où vous passez le clair de votre temps) et SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti en vigueur chez nous). Sachez donc que la revalorisation du SMIG n’aura aucun n’impact, car il est très peu pratiqué et que son augmentation, contrairement au SMIC, n’engendre pas une croissance des salaires supérieur, car chez nous les salaires sont fixes et non dynamiques du fait de leur indexation au taux de croissance et d’inflation dans le système du SMIC. Diantre ! Par ailleurs, sachez une fois de plus qu’en terme d’augmentation des salaires, les fonctionnaires  camerounais après des années de durs sacrifices, méritent depuis 2000, date d’atteinte du point de décision de l’initiative PPTE, le retour au salaire de 1992, c’est-à-dire une multiplication par 3 au moins de leur salaire actuel, car les raisons ayant conduit à la division par 3 de leurs salaires d’antan ont disparus. Mesure d’autant plus salutaire qu’elle contribuerait tout également à lutte contre la corruption dont l’une des sources fondamentales est la misère des fonctionnaires. Dès lors, la promesse d’une hypothétique augmentation des salaires dans la fonction publique ne saurait apparaitre comme un geste de magnanimité encore moins justifie une quelconque augmentation des prix du carburant ! 
Considérant cette légèreté des opposants camerounais tant dans le diagnostic que le traitement, je suis désemparé comme l’ultra majorité de nos concitoyens. Surtout que ces « opposants » se contentent de dire qu’ils sont d’accord avec ce que les syndicats disent et veulent faire. La logique aurait voulu qu’ils se tiennent aux côtés des syndicats, pour mener une action d’envergure, afin de défendre le pauvre. Malheureusement selon toute vraisemblance, ils sont « tous pareils » et peut-être même « plus royalistes que le roi ». Vous n’avez qu’à observer les attitudes aristocratiques et bourgeoises de la plupart !
Chers leaders des partis politiques, sachez que le peuple est dos au mur. Et que avec ou sans vous il se lèvera comme un seul homme pour triompher de la tyrannie qui tente de l’aplatir depuis des lustres. Et s’il se lève sans vous, ce sera aussi contre vous. Car vous serez tenus complices et comptables de ses malheurs et gageures.
Alors, levez-vous, prenez vos responsabilités de leaders, laissez de côté la roublardise et la filouterie, et aidez le Peuple Camerounais à s’en sortir. Pour une fois ! Car à la vie, à la mort il vaincra !
Cordialement.
MBANKOMO le 07/08/2014
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