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ATTEINTE À LA SÛRETÉ DE L’ETAT : POURQUOI ET COMMENT GUERANDI A ÉTÉ ENLEVÉ par GUIBAÏ GATAMA

L’ex-putschiste est accusé d’avoir voulu lancer une rébellion à partir de la RCA.
L’hebdomadaire Jeune Afrique, dans son édition du 15 septembre 2014, traite de l’enlèvement du capitaine Guerandi Goulongo Mbara, une des figures emblématiques du coup d’Etat du 06 avril 2014. Le magazine panafricain a même laissé entendre sur les ondes de Radio France international (Rfi), par la voix de son directeur de la rédaction François Soudan, que l’ancien officier de l’armée camerounaise aurait été exécuté aux environs de Pouma au lendemain de son enlèvement à Sofia, la capitale Bulgare, le 25 janvier 2013.
L’AFFAIRE
L’oeil du Sahel croit savoir de sources bien introduites que l’ancien officier de l’armée camerounaise, titulaire d’un passeport de service burkinabé sous le nom d’Ahmadou Diallo, a effectivement été «intercepté» au cours d’une opération spéciale montée par un service de sécurité de l’Etat du Cameroun après que celui-ci a eu confirmation des tentatives de déstabilisation qu’il entendait mener depuis 2012 contre le Cameroun. «Il y a eu une première opération avortée le 16 janvier 2013. La seconde, celle du 25 janvier 2014 au départ de Sofia, a été un succès», confirme une source introduite.

Selon nos informations, l’ancien officier de l’armée camerounaise avait levé en Centrafrique, précisément à la frontière camerounaise, un groupe rebelle de près de 2.000 hommes, bien entraînés et prêts à passer à l’action. Il ne lui restait que la logistique. «Guerandi a été neutralisé avant qu’il ne passe à l’action. Il est indiscutable qu’il était en quête de fournisseurs d’armes lourdes, du matériel de communication et de brouillage quand il s’est fait pincer», indique une autre source. Reste à connaître le sort de ses troupes, maintenant que le sort de Guerandi Mbara est connu. «Le Cameroun a pris la mesure de la menace et ce n’est pas par hasard que nous avons mis tout en oeuvre pour garder le contrôle de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) après la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique (Misca).
Cette position nous permet aussi de garder un oeil sur cet épineux dossier car nous avons été informés de ce qu’un colonel soudanais continuait de recruter pour son compte dans les villes centrafricaines de Zongo et de Bossembele. Guerandi est devenu un objectif parce qu’il a clairement été établi qu’il voulait déstabiliser le pays en passant à l’action et non pour ses origines ou encore parce qu’il avait été un putschiste. Vous le savez, la loi a amnistié tous les putschistes. Chaque Etat a le droit de se défendre, de défendre ses citoyens. Cette affaire n’a rien à voir avec le Grand Nord ou avec Boko Haram. C’est une entreprise de déstabilisation qui a été stoppée», affirme une source proche du dossier.
OPÉRATION
Votre journal, selon des informations en sa possession, est en mesure d’affirmer que dans le cadre de cette entreprise de déstabilisation, Guerandi Mbara a été filé à trente deux reprises entre avril 2012 et janvier 2013 pendant qu’il séjournait en France, en Suisse, au Luxembourg, au Portugal et en Bulgarie. Cette mission qui consistait à collecter des éléments sur les intentions supposées ou non de l’ancien officier de l’armée camerounaise a été menée par un certain Alfredo José Abrantes Fernandes, un ancien du Groupe d’opérations spéciales du Portugal qui a longtemps séjourné au Cameroun.
C’est lui qui, et grâce à l’entregent de Georges Starkman, marchand d’armes mondialement connu, va appâter Guerandi Mbara. «Ils ont mis en branle leurs réseaux russes pour l’attirer en Russie au prétexte de lui faire visiter des usines d’armement et de finaliser des transactions d’achats d’armes», poursuit une source. L’idée en réalité était de le neutraliser au cours de ce vrai-faux voyage pour la Russie et de le convoyer au Cameroun. Et ça va marcher.
Un premier voyage est fixé au 16 janvier 2013. Le Portugais et l’ex-officier doivent gagner la Russie à partir de la ville portugaise de Porto. Le plan est mûrement réfléchi. Celui-ci prévoit qu’une fois dans les airs, l’appareil soit dérouté vers l’aéroport de Bafoussam, sa véritable destination. Si cette première tentative capote, c’est parce qu’au dernier moment, l’assurance de l’avion est annulée par son assureur au motif que l’aéroport de Bamougoum (Bafoussam) est un aéroport militaire et non civil…
Malgré ce contretemps, l’agent portugais réussira l’exploit de convaincre l’ex officier de l’armée camerounaise de l’annulation du voyage en raison des problèmes techniques. Ils conviennent alors d’une nouvelle date. Ce sera le 25 janvier 2013 à 23h à partir de Sofia, en Bulgarie. Les deux compagnons rejoignent donc la capitale bulgare. «L’avion a décollé le 25 janvier 2013 vers minuit et s’est posé le lendemain à Douala, 26 janvier 2013. Guerandi avait en sa possession au moment de sa neutralisation, deux ordinateurs, des portables et des documents», confirme une source.
A bord de l’appareil, outre le Portugais et l’ex-officier putschiste, s’y trouvaient également des agents d’un service de sécurité de l’Etat. Ce sont eux qui ont convoyé Guerandi Mbara de Douala à Yaoundé. Vivant. Pour y être entendu. 20 mois plus tard, où se trouve Guerandi Mbara ? «Il est en détention», murmure une source proche du dossier.
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