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CE QUE JE PENSE DU «BOKO HARAM CAMEROUN» par GUIBAÏ GATAMA

J’ai vu la Une de «Mutations» de ce jour (Ndlr : 02/09) qui relève que les élites du département de la Lekié, dont des membres du gouvernement, dénoncent «Boko Haram du Cameroun». Sur le terrain, je ne vois vraiment pas où se trouve la rébellion de Boko Haram là dans le Grand Nord. Les experts disent seulement qu’elle avance masquée sans jamais lui attribuer une attaque, encore moins des revendications.
Pourtant plusieurs villages ont déjà été occupés par des éléments de Boko Haram. Et dans la partie camerounaise du Lac Tchad, cette secte contrôle tout le secteur adossé à sa base de Saguir dont les villages Kamouna, Dombaré...

Ce que je sais par contre, c’est qu’il y a aujourd’hui entre 2 et 3.000 jeunes Camerounais, originaires des régions septentrionales, enrôlés volontairement ou de force dans la secte et qui font le coup de feu sous le contrôle de Boko Haram, l’unique qui existe. Ce que je vois, c’est que si demain le nombre de ces jeunes atteint une taille critique, en plus de l’expérience acquise sur le terrain, qu’ils soient tentés de revenir s’installer au Cameroun pour exister et être eux aussi des chefs de guerre, déstructurant pour longtemps la société et l’économie du pays.
Aujourd’hui, ils sont, pour la plupart, encore considérés par la secte comme des supplétifs, de la chair à canon… Au lieu donc de dessiner le diable sur le mur pour vivre absolument «l’expérience ivoirienne d’une rébellion du Nord contre un pouvoir du Sud» qui manifestement a séduit beaucoup, le pays doit se mobiliser pour qu’une telle situation ne se produise pas chez nous, dans notre Cameroun.
A ce jour, je ne vois pas de rébellion dans le Grand Nord bien que les facteurs concourant à sa création existent (villages camerounais désertés par les populations et l’armée, circulation d’armes, absence de l’armée nigériane de l’autre côté de la frontière qui offre une possible base arrière, stigmatisation permanente d’une communauté, errance des rebelles centrafricains et tchadiens dans le secteur, jeunesse désespérée, etc).
Ce que je constate, c’est que le Grand Nord est victime de Boko Haram, et que c’est lui qui paye aujourd’hui le plus lourd tribut : populations déplacées, populations égorgées, rentrée scolaire compromise, dysfonctionnement du maigre tissu économique. Comme il y a toujours eu dans quelques esprits un complot Bamiléké, le complot nordiste hante beaucoup depuis 1983. Il suffit juste que trois nordistes chuchotent ensemble pour qu’un complot soit démasqué.
A fortiori quand il se déroule dans cette partie du pays, un des grands challenges de l’armée camerounaise. Je peux comprendre donc que la distance aidant, il y ait de la part de beaucoup une inflation d’accusations regrettables. Pour ma part, il y a deux complots : celui orchestré quotidiennement par ceux qui veulent conserver le pouvoir quitte à mettre à mal l’unité du pays, et celui que distillent un peu partout ceux-là qui rêvent d’une guerre civile en répandant ici et là des thèses destructrices pour notre «vivre ensemble».
Ne nous laissons pas distraire. Nos frères et soeurs du Grand Sud ne doivent pas abandonner leur frères et soeurs du Grand Nord dans cette épreuve difficile. S’ils devaient les abandonner parce qu’ils n’y peuvent rien, au moins qu’ils ne les stigmatisent pas.Quand Boko Haram aura «avalé» le Grand Nord, ce sera auprès de nos frères et soeurs du Grand Sud que nous trouverons refuge. Boko Haram ne pourra être nettoyé, vaincu, que dans l’unité. Après, il sera toujours temps de revenir à  la politique politicienne.
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