Trop de bruits ces jours ont laissé croire que la santé de Paul Biya se dégraderait considérablement, ce qui a créé deux blocs de Camerounais bien distincts où l’on pouvait voir la joie et l’effroi nourrir les visages et les propos. La véracité des faits me préoccupe moins ici. Oui, que ces rumeurs s’avèrent vraies ou fausses, peu me chaut.Mais il y a un point de vue essentiel émanant de ces réactions que j’entends soulever et soutenir ici. Ce qui m’intéresse alors le plus ici, c’est à la fois ce sentiment de joie et cette frayeur qui ont richement ruisselé sur les visages ou jailli des propos, ainsi que leurs motivations profondes.
Dans un cas comme dans l’autre, il s’est agi plus des réactions sevrées de maturité et de profondeur d’analyse d’une part et de la peur de perdre des privilèges immérités pour d’autres d’autre part. Il s’est agi plus des jets de propos puériles comme si leurs auteurs ignoraient tout du précipice où se dirige jour après jour le Cameroun.
Dans les deux cas, les arguments des uns et des autres n’étaient empreints ni de patriotisme ni de vision ou encore plus du sérieux qui devraient prévaloir dans le contexte d’un pays dorénavant laissé au carrefour et amplement habillé d’un nuage opaque d’incertitudes.
Ces gens manquent toujours de se projeter plus loin, et font appel aux émotions et haines apparemment nourries par leurs appartenances géographiques, religieuses, claniques, ethniques ou aux différentes sectes.
Or c’est le moment plus que jamais pour les jeunes camerounais de se mettre ensemble et de comprendre que ce pays est pris en otage par des aventuriers et imposteurs qui bercent et bernent la majorité pauvre et appauvrie des Camerounais et sont à l’œuvre pour les diviser davantage à leur seul profit.
Ceux qui se sont réjouis des rumeurs de la dégradation de la santé de Paul Biya et sont même allés plus loin en souhaitant de le voir mort très vite, je les qualifie d’aveugles, d’émotionnels et d’amuseurs publics ne pouvant rien apporter de grand au Cameroun, même si le pouvoir venait à choir dans leurs mains. Et je m’explique.
Les voies de l’alternance politique pacifique au Cameroun sont verrouillées de telle manière que la disparition subite de M. Biya aujourd’hui n’apporterait que plus de bordel dans un pays où les divisions entre ses populations ont atteint leur paroxysme.
En voulant Paul Biya mort, les réactions de ces gens équivalent au souhait d’enfants qui voudraient voir s’écraser sur leur ville un appareil portant une tête
nucléaire. Le Changement, oui. C’est ce que veut le pays. Mais attention ! Attention !
Il serait plus responsable et patriotique pour les Camerounais de se battre maintenant à voir ces verrous sauter, de se battre pour une loi électorale juste et indépendante qui ne favorise personne, que d’emprunter le chemin pusillanime d’agitations et de légèretés aux conséquences désastreuses colossales.
C’est la seule grande bataille ou le seul grand défi au Cameroun qui vaille aujourd’hui. Le reste ne serait que diversion, quête de refuges inappropriés et fuite de responsabilités individuelles ou collectives.
Les vrais patriotes camerounais aux rangs desquels certains anciens Etudiants Parlementaires que je connais, ne cultivent ni l’esprit de vengeance ni celui du chaos au Cameroun.
Malgré tout le tort que ce régime leur a causé, malgré les plaies morales et physiques qu’ils traînent en vivant au Cameroun ou à l’extérieur, ces patriotes-là savent que leur pays est une fleur confisquée pour laquelle ils se battent et se battront sans la mettre en lambeaux.
Les vrais patriotes camerounais (y compris des anciens Etudiants parlementaires) souhaitent plutôt longue vie à Paul Biya et croient qu’au lendemain du changement politique, ce sont les résultats éclatants et rapides de leur travail sur le chantier de la reconstruction nationale qui pourraient précipiter la mort par crise de M. Biya.
Ceux par contre de l’autre groupe qui souhaitent santé et longévité à Paul Biya au pouvoir ont grandement tort. Ce monsieur en 32 ans de pouvoir n’a rien fait et ne fera rien. Eux-mêmes le savent, mais préfèrent voir le pays aller au fond des eaux océaniques juste pour leurs intérêts sordides et égoïstes.
Je qualifie ces personnes de malades qui, tout en ayant pour la plupart séjourné longtemps sur les bancs d’école, manquent totalement de sagesse et de bon sens, et portent des cœurs nettoyés et assainis du dernier grain de patriotisme que l’on retrouve dans les cœurs des traîtres communs.
Juste en regardant les réactions de ces deux groupes, il y a matière à se ronger les sangs quant à l’avenir du Cameroun. Oui, une bombe est là parmi nous, prête à exploser et embraser le Cameroun ; et nous jouons et jouons au quotidien.
Il est clair que ce n’est pas une possible disparition subite de M. Biya avec les conséquences graves qui peuvent en résulter qui sous-tend la démarche des gens de ce groupe. Ce sont des thuriféraires opportunistes d’une voracité, d’une vénalité et d’une versatilité écœurantes de qui il ne faut rien attendre de
réparateur. Ils sont des adeptes du chaos, un chaos qui leur profiterait encore plus.
Avec déjà une rébellion au Nord du Cameroun et avec tous ses échecs en 32 ans de pouvoir, M. Biya reste à l’heure actuelle la solution entière du drame camerounais. Et les Camerounais de tous les bords et de toutes les régions doivent travailler à lui forcer la main, à l’amener à prendre des décisions contre son gré, car, aucun dictateur ne devient démocrate volontairement.
Paul Biya a encore une porte de sortie que je qualifie de royale. Il s’agit pour lui de revoir au plus vite les mécanismes de transition pacifique au Cameroun (puisque tout repose dans ses mains) et de laisser le pouvoir pour vivre tranquillement parmi ses compatriotes.Je suis convaincu que cela reste possible. Les Camerounais dans leur ensemble savent comprendre et pardonner facilement. A Paul Biya de choisir, et de choisir le plus tôt possible.
Que monsieur Biya pense à ceux qu’il a mis dans l’erreur, dans les pleurs ou à ceux qui l’ont mis dans l’erreur ; qu’il pense à tout le mal que lui et son régime ont fait à ce pays ; qu’il pense à sa famille ; qu’il pense à lui-même, et prenne au plus vite la décision la plus idoine au regard de la gravité de la situation actuelle.
Obstinés zélés et assoiffés de vengeance, faites gaffe ! Quand trop de sang coulera dans ce pays à cause de votre politique de gourmandise, d’aveuglement et de démesure, il sera trop tard, et vous qui aujourd’hui fermez les oreilles aux appels à la sagesse, vous qui aurez rendu ce chaos possible serez tous poursuivis et saisis, peu importent le temps et le lieu où vous irez vous cacher dans le monde.
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