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De nombreux responsables politiques et administratifs camerounais ont largement passé l’âge de la retraite. par Jean Bruno Tagne

La journée internationale des personnes âgées s’est célébrée mercredi dernier. Occasion pour Le Jour de s’interroger sur la situation de ces personnalités qui ploient sous le faix des ans, mais continuent de trôner à la tête des institutions publiques et parapubliques. Une bonne partie de ceux qui gouvernent le Cameroun a en tout cas largement dépassé l’âge de la retraite. En juin 2008, le journal La Cité consacrait une partie de ses colonnes à un dossier intitulé « Ces vieux qui nous gouvernent » et la directrice de la publication, Pauline Biyong écrivait : « Le Cameroun d`aujourd` hui ne diffère nullement de la Chine des Ding Ziao Ping et de l`Union Soviétique, des Brejnev, Souslov et autres fossiles qui trônaient à la tête de ces Etats depuis plusieurs décennies.
Dans notre pays, à ce jour, plus on est vieux, plus on est en forme et qualifié pour être aux affaires. C`est un véritable brevet d’expert que d`avoir dépassé les 60 ans, en ces dernières années du régime du Renouveau. (…) Nous retrouvons, au sommet de l`Etat, des personnages qui s’endorment dans les réunions publiques, effondrés par le poids des années, que l’on soutient pour présenter les voeux, présider les réunions ou faire les revues de troupes. »

Six ans après, « les vieux » n’ont toujours pas pris leur retraite. Certains ont même été promus à des fonctions plus importantes. Du fait de leurs âges avancés, certains servent aux yeux du monde, un spectacle parfois cocasse. Mai 2013. Les membres du Sénat nouvellement élus se réunissent à Yaoundé pour la toute première session. Il est question de désigner le président de cette institution. Pour présider les travaux, Victor Mukete. Le sénateur de la région du Sud-Ouest porte bien son titre de doyen d’âge : 95 ans.
Au cours de cette séance du Sénat, il doit prononcer un discours. Le texte a été rédigé en corps 28 au moins. Jusque-là, le vieil homme a non seulement du mal à déchiffrer son texte, mais se perd parfois dans ses feuilles. Il saute des pages, obligeant le directeur de la législation à l’Assemblée nationale à l’aider à tout remettre dans l’ordre. Tout se passe sous le regard goguenard des diplomates et autres personnalités présentes à la cérémonie. La pénibilité avec laquelle Victor Mukete - par ailleurs président du conseil d’administration de Camtel lit ses discours va obliger le secrétariat général du Sénat à se résoudre à lui donner son discours feuille après feuille pour éviter toute confusion.
Marcel Niat, 80 ans
Le président du Sénat, Marcel Niat, 80 ans, n’est pas non plus toujours très à l’aise lorsqu’il lit ses discours. Il saute des pages, passant parfois de la 4ème à la 6ème avant de se faire aider par le secrétaire général. Un jour, au cours d’une cérémonie au palais des congrès, Marcel Niat se trompe dans l’ordre de ses papiers. Son secrétaire général, Michel Meva’a M’Eboutou, 75 ans, décide de lui venir en aide. Luiaussi se plante. On assiste alors, en pleine cérémonie officielle du Sénat à une véritable pagaille.
Il n’y a pas qu’au Sénat que des personnalités d’un âge certain offrent au public un spectacle pour le moins désolant. Qui ne se souvient du cas Enoch Kwayep alors président de l’Observatoire national des élections (Onel) dont les sorties officielles, notamment pour la cérémonie de présentation des voeux au président de la République étaient devenues, du fait du poids des ans, un véritable supplice ? Comment oublier Felix Sabal Lecco le feu président du Conseil national de la communication? A 90 ans et sonné par l’âge, il avait fini par plonger cette institution dans un véritable coma.
Comment ces institutions et d’autres, aussi importantes peuventelles fonctionner avec à leur tête des personnalités fatiguées qui tombent parfois de sommeil en pleine cérémonie officielle ? Pour Sosthène Médard Lipot, le responsable de la communication du Mrc, le Cameroun est une gérontocratie, car pris en otage par un groupe de « vieillards ». « Tous les pouvoirs sont aux mains des vieux, constate-t-il. L’exécutif est dirigé par Paul Biya qui a quand même 81 ans. Et beaucoup de ministres dans le gouvernement sont septuagénaires.
L’Assemblée nationale et le Sénat n’ont que des vieillards. Beaucoup sont septuagénaires, voire octogénaires. Et le pouvoir judiciaire a à sa tête une personnalité qui a dépassé depuis longtemps l’âge de la retraite administrative. » Monsieur Lipot relève aussi ce qu’il considère comme un paradoxe au Cameroun : « La plus grande majorité de la population camerounaise est constituée de personnes âgées de moins de 35 ans. Mais on est curieux de voir qu’un pays jeune est gouverné par des vieux. »
Asso’o Emane, 77 ans
Même l’armée est touchée par la vieillesse, notamment celle de certains généraux que l’on rechigne à mettre à la retraite. On peut citer les cas de Camille Nkoa Atenga, 74 ans, Asso’o Emane, 77 ans, René Claude Meka, 75 ans et Mambou Deffo, 75 ans. Les conséquences de cette « gérontocratie » sont nombreuses, selon Sosthène Médard Lipot. « Le Cameroun est un pays sclérosé où règne l’inertie, dit-il. Pour que les choses marchent dans un pays, il faut un leadership éclairé et vigoureux.
Comment pouvons-nous penser que notre société va évoluer avec des personnes fatiguées à sa tête ? C’est clair que, plus on avance en âge, moins on a de l’énergie pour travailler. C’est un principe biologique. L’inertie dont on parle dans ce pays a un rapport direct avec l’âge des dirigeants. Pour sauver le Cameroun, il faut régénérer la classe dirigeante. » « Nos hommes politiques sont absents des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter parce que ce n’est pas de leur âge, renchérit une autre source.
D’autres parts, quand on a 81 ans, on perd une bonne partie de ses capacités intellectuelles et physiques. Vous pensez qu’un homme de cet âge-là peut enchaîner cinq heures de réunion par jour avec une attention soutenue comme le font les dirigeants d’autres pays ? » Au-delà de la classe dirigeante, l’opposition ne prêche pas par le bon exemple. Certains leaders ne semblent pas disposés à passer la main, malgré le temps qui passe. Quelques exemples : Fru Ndi, 73 ans, Ndam Njoya, 72 ans, Garga Haman, 70 ans, etc.
Quelques repères
  • Paul Biya, président de la République : 81 ans
  • Cavaye Yéguié Djibril président de l`Assemblée nationale : 74 ans
  • Marcel Niat, président du Sénat : 80 ans
  • Michel Meva’a M’Eboutou, Sg du Sénat : 75 ans
  • Alexis Dipanda Mouelle, président de la Cour suprême : 72 ans
  • Laurent Esso, ministre de la Justice : 72 ans
  • Amadou Ali, ministre chargé des Relations avec les Assemblées : 71 ans
  • Abraham Tchuente, président de la chambre des Comptes : 70 ans
  • Général Ivo Desancio Yenwo, directeur de la Sécurité présidentielle : 70 ans
  • Martin Belinga Eboutou, directeur du cabinet civil : 75 ans
  • Adolphe Moudiki, Administrateur directeur général de la Snh : 76 ans
  • Ousmane Mey, Pca de la Cnps : 89 ans
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