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DÉJOUER LES PIÈGES DE L’ETHNIE par Akono François-Xavier

La question est de savoir pourquoi l’ethnie est manipulée sur le plan sociopolitique. Quelle est sa force et son efficacité ; quelle est sa faiblesse et inefficacité (sa nocivité)? Le contexte qui pose problème est la manipulation de l’ethnie à des fins inavouées. Pourtant, le nageur en eau trouble est repéré et sa posture voilée dans les eaux tribales trahit ce qu’il souhaite : anéantir l’autre qui n’est pas soi. Il faut tout d’abord, récuser l’ethnie, secouer la notion d’élite tribalisée et enfin proposer quelques pistes pour sortir du piège de l’ethnie.


La récusation de l’ethnie
L’ethnie dans sa dimension de politique coloniale et postcoloniale est récusée. Ceci par le simple fait du « divide ut imperat. » Du fait de cet héritage colonial qui nous tatoue et dont on hérite, on en fait malheureusement un moyen pour en faire des menaces pour la paix sociale, rivaliser d’adresse dans les réseaux sociaux et sites communautaires, en usage mesquin qui emploie l’insulte sur l’autre qui n’est pas de son village. La mentalité rétrograde marque la suprématie d’une certaine région et elle attise par devers la volonté de prendre les rênes du pouvoir. C’est pourquoi, il revient de débusquer les pièges des politiques et des pseudos-intellectuels. En effet, une certaine élite, jalouse de ses privilèges et de ses positions au pouvoir croit employer l’ethnie pour servir ses propres intérêts très personnels : eux et leurs familles se trouvent ainsi au pinacle social, jouissant des avantages dus à leurs rangs politiques. Ces personnes emploient simplement la bannière ethnique, se réclamant à tort, « élite » d’une telle région, pensent ainsi au nom de l’équilibre régional, accéder à des positions de pouvoir. Or, La société camerounaise est multiculturelle ; la différence se côtoie au jour le jour dans les quartiers et les villages, dans les villes et les campagnes ; chacun, ce qui le concerne vit de cette cohabitation. Dans les lycées et collèges, dans les marchés et les bureaux, le fait de la pluralité n’est plus à démontrer.
La déconstruction de l’élite tribalisée
Combien de lettrés, de nommés à des postes de responsabilité dans le gouvernement, l’administration, ou les sociétés privées sont affublées de titre ronflant d’élites ? Ils sont les vaillants représentants d’une distribution géographique où ils pensent parler au nom des leurs. Ils deviennent ainsi le porte-étendard de leurs villages, arrondissements, départements, régions. Pour les nominations à des postes de responsabilités, le fameux équilibre régional est
présenté comme un justificatif démocratique. Pourtant, « l’hédonisme rentier » (Eboussi Boulaga) de la prétendue élite n’est que le cache-sexe d’un égoïsme implacable. L’élite parle pour elle-même ; elle se gargarise et se réduit à n’être qu’ « tube digestif dansant » (Eboussi Boulaga). L’élite reviendra au village pour obtenir le quitus des « ancêtres » et des frères afin de militer pour eux. Or, Le « syndicat des prébendiers » (Eboussi Boulaga) fonctionne en réseau au point d’une multiplication d’obligés. Le camerounais fanfaron a deux manières d’exister : par le poste de responsabilité et par l’argent. Ces deux piliers doivent être longuement secoués. C’est à ce titre qu’il revient de repenser les notions de mérite et les modes d’accession au pouvoir pour des sociétés de lutte contre la pauvreté. Le membre d’une société de lutte contre la pauvreté est d’abord reconnu socialement par l’effort à résoudre les énigmes qui embastillent l’homme. C’est pourquoi les appartenances sectaires deviennent nocives dès lors qu’elles barrent l’éclosion d’alternances politiques. La stupidité de certains africains à militer dans les appartenances ésotériques, en vue du placement politique et pécuniaire, provient de leur désir de se maintenir là « où sont stockés les biens rares » (Eboussi Boulaga) et assurer à leur progéniture, le gîte et le couvert à tous les prix.
Les constructions de l’autre sous les mots haineux
Les pièges d’une société multiculturelle interviennent dès lors que les constructions de l’autre par soi sont de l’ordre du mépris, et du langage haineux. L’autre qui est dans un même espace est dès lors englobé dans une identité qui est à détruire. Or, il faudrait apprendre à ne pas se situer d’abord en fonction de son identité ; se poser sans doute comme un sujet humain qui souhaite construire un espace avec les autres.
Sortir des pièges de l’ethnie et sanctionner la discrimination tribale
Pour sortir des pièges de l’ethnie, la collaboration constructive insiste sur les enjeux d’une société à construire par les compétences de tous. Les partis politiques ne se définissant pas d’abord par leur caractère régionaliste, proposeront des programmes d’action pour la lutte contre la pauvreté.
Qui mérite d’être à quelle place ? Et quelles sont les exigences morales d’une telle position ? Dans quelle mesure, les charges de gestion publique n’obéissent-elles pas à des positions opportunistes où l’on pourvoit à des prébendes ? L’on manifestera son engagement à traiter tous les êtres comme des égaux ; l’on pourrait ainsi former « la société des égaux » par la participation active à résoudre les problèmes de l’heure. L’on bâtira également une société du
respect de l’autre dans sa personne. Une justice de sanction réprouvera par des lois rigoureuses, l’emploi de qualificatifs tribaux et de combines politiques. Les tatouages de l’histoire font par exemple éviter que des familles issues d’ethnies différentes, refusent à deux jeunes de consolider leur amour. Pourtant si les deux fiancés trouvent l’audace dans leur démarche personnelle, ils pourront ainsi, tordre les pièges de l’ethnie et vivre selon les valeurs choisies par eux.
Le tribalisme n’est qu’une des formes les plus subtiles de la discrimination. Le tribalisme n'est qu'un système d'exclusion qui en entraine d'autres: religion (groupes ésotériques), sexuelles, santé (handicapés), âges (jeunes), sociale (pauvres), etc. Les conséquences du refus de vivre ensemble devraient nous interroger au plus haut point ... Or, Nous sommes condamnés à vivre ensemble... Il faut cependant s’éviter de diaboliser l’ethnie. Nous sommes nés dans une ethnie qui a sa culture et son histoire. Il faut plutôt se méfier de l’ethnie dans son utilisation coloniale et la postcoloniale. Ces pouvoirs emploient l’ethnie à des fins idéologiques en éléments de conquête et de conservation du pouvoir mal échu. Il est bon de recourir à l’ethnie de manière constructive. L’usage de la langue qui est le ressort de l’identité d’un groupe sert ainsi pour qui veut la voir pérenniser par le moyen de la tradition de sa mise en branle.
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