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Ce que cache l’arrestation de Mendo Ze

Convoqué le matin du mercredi 12 novembre au Tribunal criminel spécial (Tcs), l’ancien patron du média à capitaux publics s’est rendu chez le procureur en compagnie de sa fille. Son véhicule, rangé dans le parking de l’institution, n’a pas arrêté de susciter les rumeurs les plus folles tout au long de la journée. Aucune information sérieuse ne filtrait pourtant de la juridiction, mais tout indiquait que l’heure était grave. Quelques proches, alertés, en seront réduits à ronger leur frein dans la grande cour tout en se faisant fort discrets. L’espoir demeurait toutefois sur les visages, même si un parent, lui aussi paniqué, laissait tomber ce commentaire prémonitoire : «On a rarement vu un homme sortir de cette maison pour retourner chez lui…»

Les choses deviennent plus sérieuses encore vers 18h, lorsqu’un matelas ainsi qu’un sac contenant des vêtements, sont apportés au père de la chanson religieuse fétiche «Assimba». On peut facilement reconnaître son épouse assise à l’arrière d’un véhicule de marque Nissan, matricule Lt 7077 N. Aux environs de 21 heures 30 minutes, les 05 personnes sont reçues au cabinet du juge d’instruction. C’est à partir de là que l’ex-Dg de la Crtv (1988-2005) et ses compagnons de misère sont fixés sur leur sort. Plus tard, l’universitaire  et entre autres Amang Betene Jean Paul (cadre aux Finances qui depuis près de trois ans, a pris sa retraite ; Manga Pascal, cadre des Impôts, sont mis sous mandat de dépôt à la prison de Kondengui.


Ainsi vire le sort d’un brillant universitaire, dont le mode de management de l’office de radio-télévision (aujourd’hui moribonde) publique avait fini par faire des jaloux. Selon des sources proches de l’enquête, l’auteur de «Bambe Essae», qui semble victime d’une double peine, est poursuivi pour la gestion de la redevance audiovisuelle de la Crtv. Le 4 février 2009 en effet, le non moins «laïc engagé» était lourdement condamné par le Conseil de discipline budgétaire et financière (Cdbf) du Contrôle supérieur de l'Etat. «Débiteur envers le Trésor public de la somme de 2,616 milliards Fcfa représentant le préjudice causé à la Crtv», il était rendu responsable de 13 fautes de gestion dont celle, notable, de l'octroi de primes indues au titre du «rendement de la redevance audiovisuelle» pour plus de 2,25 milliards Fcfa.

En dehors du remboursement dudit préjudice, Gervais Mendo Ze écopait d’une amende spéciale de 2 millions Fcfa, sans compter qu’il était déchu de ses droits civiques pour une durée de 5 ans. Se sachant dans le viseur, il s’était taillé un mode de vie qui inspirait plutôt de la sympathie, partageant son temps entre sa chorale, la Voix du Cénacle et des occupations académiques et littéraires. Celui qu’on disait très proche du président Paul Biya semble donc avoir été «lâché» par le système qu’il a si bien servi.
Sans doute un symbole du tsunami dont votre journal se fait l’écho depuis quelques mois, et qui paraît désormais à la fois imminent est dévastateur.

Ce que cache l’arrestation de Mendo Ze

La mise aux arrêts de l’ancien directeur général de la Cameroon radio and television (Crtv), et quatre autres personnes est significative à plus d’un titre. Pour de nombreux analystes, cela augure d’un nouveau printemps de l’opération d’assainissement des mœurs publiques, et pourquoi pas d’un chamboulement au sein du gouvernement. Le timing choisi par la justice, mieux le chantre du Renouveau pour relancer cette opération d’envergure, n’est donc pas le fruit du hasard. En d’autres mots, l’interpellation suivie sans doute de l’ouverture du procès Mendo Ze dans les prochains mois, amène à penser que d’autres barons du système Biya pourraient être happés. De nouvelles cellules Vip confectionnées du côté du secrétariat d’État à la défense (Sed) laisse également présager que certains ministres, opérateurs économiques et autres personnalités d’envergure y séjourneront. On sait par ailleurs que, selon des pratiques jamais démenties sous nos cieux, le président de la République n’a jamais souhaité l’interpellation de l’un de ses collaborateurs en fonction. C’est souvent la même situation pour les directeurs généraux, à l’exception d’Iya Mohammed, ex-directeur général de la Société de développement du coton, (Sodecoton), dont il a fallu attendre qu’il soit conduit à la prison centrale de Yaoundé, avant de se voir remplacé par un décret présidentiel. Pour l’heure, on parle d’une liste des 20 dossiers actuellement sous traitement au niveau du Tcs. Au diable, les multiples motions de soutien adressées au chef de l’État, en cette période où le pays est en guerre contre la secte Boko Haram.

On comprend que Paul Biya, très agacé par les noms qui figurent sur cette longue liste, a préféré retardé le chamboulement du gouvernement, au lendemain du double scrutin du 30 septembre 2013. Il n’est pas inutile de rappeler que dans son discours prononcé le 31 décembre dernier, l’homme du 06 novembre a offert un coup de colère envers le gouvernement Yang. Dans la même veine, hier, dans son discours fleuve à l’ouverture de la session budgétaire, le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril n’a pas manqué de fustiger la sous-consommation du Budget d’investissement public (Bip). Il est donc clair, pensent certains analystes,  que dans un contexte ponctué par une amplification de l’inertie dans l’action gouvernementale, le tribalisme et une léthargie constatée dans la poursuite des grands chantiers structurels, Paul Biya ne devait pas tarder à réagir. Seulement, au rythme où les arrestations de ses proches interviennent, l’on s’achemine-t-il inexorablement vers un remaniement ministériel?
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