MACKONGO Jean-Gueye Beautemps
En détention à la Prison Centrale de
Kondengui - Yaoundé
Yaoundé, le 16 décembre 2014
REMISE DE PEINES DU 18 FEVRIER 2014: LEURRE OU REALITE ?
LETTRE OUVERTE A M. PAUL BIYA PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Monsieur le Président,
Le 18 février 2014, vous avez signé un
décret portant remise de peines, à la plus grande joie des Camerounais.
Concerné par cette décision ô combien
réjouissante, j’ai, le 07 mai 2014, introduit une lettre de désistement
adressée à Monsieur le Président de la Cour Suprême du Cameroun, en application
des dispositions des articles 522, 523, 524 du Code de
Procédure Pénale, afin de pouvoir bénéficier de cette remise de peines.
Le Code de
Procédure Pénale, dans son article 522 rappelé plus haut, stipule en son alinéa 1
que :
« à l’exception du Ministère Public,
toute partie au procès peut se désister de son pourvoi. Dans ce cas, le dossier est aussitôt transmis au Président de la formation pour
enrôlement à la plus prochaine audience ».
Depuis cette date, à savoir le 7 mai 2014,
des « plus prochaines audiences », il y en a eues plusieurs. Mais, à mon plus grand étonnement, je n’ai toujours pas été appelé
à la Cour Suprême.
D’où la cruciale question que je ne peux manquer de me poser : la remise
de peine du 18 février 2014, est-ce un leurre ou une réalité ?
Monsieur le Président de la République,
demain 18 décembre 2014, vous allez présider les travaux du Conseil Supérieur
de la Magistrature pour l’année en cours. Nous autres citoyens et justiciables
camerounais, attendons beaucoup de cette rencontre au sommet entre votre
Excellence et nos juges. Nous sommes convaincus que vous
ne manquerez pas de vous pencher sur les lenteurs légendaires de la Justice
camerounaise. Si à l’occasion de ce Conseil que vous allez présider, rien n’est fait
pour nous autres, dans le sens du respect de la loi par les juges, à qui nous
adresserions-nous encore ? Comment continuer à croire en la
Justice camerounaise ? Sommes-nous toujours obligé de nous tourner vers l’extérieur
pour faire bouger les choses dans notre pays ?
En tout cas, telle n’est pas mon opinion.
C’est pourquoi, je me permets de vous adresser cette lettre ouverte la veille
de votre réunion.
Monsieur le Président, dans la situation
où je me trouve, à savoir, ni libre, ni condamné, pendant que des mois
passent péniblement et que je ne vois toujours rien poindre à l’horizon qui me
rassure que je serai fixé sur mon sort, j’ai déjà perdu
mon père, puis ma mère, et n’ai pas été en mesure de simplement assister à leur
inhumation.
Pourtant, si la Justice avait simplement appliqué à la lettre les
dispositions pertinentes de l’article 522 du Code de Procédure Pénale citée
plus haut, c’est moi qui me serais occupé de ces événements familiaux
douloureux.
Voici une nouvelle fin d’année qui
s’annonce, la sixième depuis mon incarcération. Pendant que les
Juges préparent avec faste les festivités de noël et du réveillon de la Saint
Sylvestre, avec leurs familles, moi, ni libre, ni condamné, je croupirai
tristement et désespérément encore en prison, sans savoir si un jour ces juges
daigneront appliquer les dispositions de l’article 522 cité plus haut.
A eux, je souhaite bonnes fêtes de fin
d’année avec leurs gosses, et que Dieu les bénisse.
A vous Monsieur le Président, du plus profond de mon cœur, et par
anticipation, je vous souhaite de passer de bonnes fêtes et que la grâce de
Dieu qui surpasse toute intelligence vous accompagne tout au long de votre
parcours.
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