Nous avons
toujours un pincement au cœur lorsqu’il faut parler du Cameroun...Pas de
miracle économique, pas de joie dans les visages. L’on se couche le soir avec
un oeil fermé avec la peur d’être surpris par des brigands en pleine nuit. La
corruption règne en maîtresse absolue. Le peuple vit dans une atmosphère
de peur, de suspicion et de découragement.Le Cameroun aujourd’hui, est orphelin
d’avenir par la seule faute d’une seule personne nommée Biya Paul.
En 32 ans de
pouvoir, nous avons assisté au Cameroun à l’aggravation imprescriptible de la déliquescence
de la société et de l’Etat.C’est une pratique que dans une dictature obsédée
par l’organisation de sa façade, l’étendue des dégâts qu’elle occasionne à une
société ne se mesure qu’après sa chute. Mais même avec tout le souci que met le
dictateur à soigner cette façade, l’étendue des dégâts de sa politique
hasardeuse au Cameroun, se voit comme le soleil à travers le fameux tamis percé
de notre proverbe bien connu.
La société, bâillonnée
et qui ne peut exploser à cause de la chape de plomb policière qui la recouvre
implose. Crimes, vols, divorces, suicides, sauve- qui -peut des jeunes à l’étranger,
sont en constante progression dans le pays. Mais c’est l’étendue de la misère
psychologique des Camerounais qui fait aujourd’hui le plus mal : haine de soi
et de l’autre, mépris du pays et de l’Etat, abattement, découragement, cynisme
et opportunisme .Voilà les fruits amers de la dictature de M. Biya et c’est
avec eux que nous construisons nos rapports sociaux à ce jour au Cameroun.
Ajoutons à cela
deux autre ingrédients qui vont nous permettre de faire le lien avec la déliquescence
de l’Etat : la démission collective de tout effort visant le bien général et la
corruption à tous les étages …l’exemple venant de là où il n’aurait
dû jamais venir. En somme, M. Biya a entraîné le naufrage des valeurs
comme l’honnêteté, le travail ou la vérité au Cameroun.
Peu de
Camerounais sont conscients du retentissement catastrophique des attitudes et
comportements induits par ce climat délétère sur les systèmes de services
complexes qui régissent la nation, et qui se délitent rapidement s’ils ne sont
constamment entretenus et réformés. Peu sont en mesure d’imaginer dans quel état
de délabrement nous trouverons un jour l’administration, le système judiciaire,
le système éducatif, le système de soins, le système bancaire après M. Biya. Je
ne parle pas de l’état du système sécuritaire avec ses nombreuses dérives et
ses innombrables cohortes de ‘’ miliciens’’ qu’il faudra recycler
dans des activités procurant plus de dignité aux personnes et de biens réels au
pays.
Le système qu’incarne
M. Biya produit chaque jour les fruits attendus de la destruction du pays: pas
d’écoles fiables, pas d’hôpitaux de références, pas de chemin de fer standard,
pas d’eau potable, pas d’électricité, chômage, vie chère, dégradation du
pouvoir d’achat, pas de salaires édifiants, le franc CFA est devenu rare entre
les mains des Camerounais mais pilule entre les mains du clan au pouvoir et
quelques mendiants tous membres du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple
camerounais), parti au pouvoir
Comment ne pas être
frappé par le nombre croissant de Camerounais candidats à l’exil pour fuir la
misère car au Cameroun, où, M. Biya a fait de la devise du Cameroun «
Tout pour M. Biya et son clan ! Rien pour le peuple » A-t-on le droit de
feindre d’ignorer ce que cela révèle. Ce que cela présage ?
Il est temps
que cette arlésienne de la politique camerounaise finisse par se montrer au
lieu de pérorer simplement sur Internet ou entre quatre murs pour des conférences
publiques unitiles (Au Cameroun ou à l’Etranger). Encore une fois, il y va de l’avenir
du pays et tout autant de celui de la classe politique actuelle.
Ceci passe par
la sortie des acteurs politiques de la capitale, des salles de réunion et de l’Internet,
pour aller sur le terrain, sur les marchés, autour de quelques rares usines qu’il
y a au Cameroun, dans les enceintes des universités, de façon générale dans la
rue pour redonner aux Camerounais le courage des manifestations pacifiques
lavant l’affront de tant d’années de silence humilié.
« Un
dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le
défi. » affirmait François Mitterrand.
Trop, c’est trop ! Il nous faudra mobiliser les
Camerounais à faire valoir leur droit à vivre décemment des richesses de leur
pays, à lutter pour leur bien-être : défendre leur droit à la vie, à la dignité,
droit à trois repas par jour, droit à une couverture maladie, droit au travail,
droit à l’éducation.
Un pays où les
gens sont incapables de protester, de faire la grogne, de débrayer, parce qu’ils
ont faim, parce qu’ils n’ont pas d’électricité, d’eau, parce qu’ils ont peur d’être
tués par les forces de l’ordre, n’est pas un pays normal.
Stop à la résignation
et relevons tous ensemble le défi de la vraie démocratie au Cameroun. Il est
temps de revenir aux vraies formes du combat politique pacifique mais déterminé.
Il faut que les Camerounais retrouvent la fierté du combat, du défi, de l’affirmation
de soi, de la grève et pourquoi pas de la grève générale un jour, des concerts
de casserole, du lavage en public du drapeau souillé par la corruption de M.
Biya.
Kamegni T. Simplice
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