Une maison divisée est une maison vouée à la destruction; partant de ce principe, nous ne pouvons pas, surtout en un moment aussi délicat de notre histoire céder le moindre terrain au discours de la division entre les camerounais du terroir et ceux de la diaspora. En effet, depuis un certain temps, des forces a l’intérieur et a l’extérieur du pays s’élèvent pour provoquer la discorde.
Ne le nions pas, comme dans toute famille nous avons des points de désagrément; par exemple:
Les camerounais de la diaspora reprochent à leurs frères restés au pays leur trop grande inclination vers l’argent, et se plaignent de ne pas voir les résultats concrets de leur sacrifice financier.
Ceux du terroir reprochent à leurs frères de la diaspora une trop grande arrogance, et leur posture dictatoriale: « puisque je finance, vous faites comme je vous dis, sinon … »
Bien qu’il ne faille ni nier, ni balayer d’un revers de la main l’ensemble des points de discorde qui existent entre les membres de la famille camerounaise, il faudrait approcher en se rappelant qu’il n’y a pas de groupe de camerounais qui soit supérieure à un autre. En effet l’immense majorité des membres de la diaspora d’aujourd’hui sont des produits du système éducatifs camerounais dans lequel ils n’étaient pas nécessairement les meilleurs.
La diaspora elle-même est représentative de tout le Cameroun, c’est- à -dire qu’on y retrouve de tout, elle ne peut donc pas être traitée comme une entité monolithique et uniforme, distincte et différente de la grande famille restée surplace. C’est la raison pour laquelle les problèmes du Cameroun sont les problèmes de la diaspora, et réciproquement, les problèmes de la diaspora camerounaise devraient être les problèmes de tous les camerounais. Le docteur Mbenoun du Sphinx Hebdo dans son article intitulé: « Pas de Développement sans la Diaspora » avait déjà appelé des uns et des autres à prendre conscience du fait que non seulement les deux sous-ensembles de la nation camerounaise peuvent travailler en harmonie mais feraient aussi vite et mieux.
D’où l’opportunité de s’interroger sur les éléments qui empêchent la diaspora de s’épanouir dans le rôle qu’elle est appelée à jouer dans l’édification du destin national, et de trouver des voies et moyens pour qu’elle puisse participer plus activement (car elle le fait déjà de façon passive mais significative) dans la vie du pays, et qu’elle gagne en retour considération et respect; c’est aussi l’occasion de lui rappeler ses obligations, notamment le respect du pays et de ses institutions. Il va sans dire que cela ne devrait nullement empêcher les uns et les autres de s’exprimer librement sur les sujets d’intérêt national.
Afin de trouver une plateforme de travail harmonieux entre tous les camerounais, sur le plan pratique nous proposons comme préalable les deux actions suivantes:
Que tous les camerounais de la diaspora s’acquittent d’un impôt (qui au départ peut être forfaitaire), une fois cela fait ils devront bénéficier en contrepartie de:
- Certains avantages qui pourraient aller d’un raccourcissement des délais d’obtention de documents dans les ambassades à l’obtention de la double nationalité tant réclamée, en passant par la gratuité du visa d’entrée au Cameroun.
Une fois ce minimum établi, devrait suivre des relations cordiales et de confiance entre les camerounais et leurs ambassades respectives, se traduisant par exemple par l’établissement au niveau des ambassades d’une « mailing list » de tous les camerounais dans chaque pays d’accueil; l’établissement de cette liste d’adresses emails aurait pour but d’informer régulièrement les membres de la diaspora entre autres chose des opportunités d’investissement au pays, étant entendu que les ambassades devraient simplifier ce processus d’investissement.
A titre d’exemple, l’Etat camerounais a souscrit des emprunts obligataires en 2010, 2013 et 2014 et en a récolter respectivement 200 milliards, 80 milliards et 153 milliards de francs Cfa sans une véritable participation de la diaspora qui pourtant a de l’argent à placer. Cela augmente notre dette extérieure dans le scenario actuel, alors que l’implication de la diaspora aurait transformé cet emprunt en dette intérieure, ce qui est comparativement préférable; c’est par exemple la raison pour laquelle le Japon, en matière de dette se retrouve aujourd’hui dans une bien meilleure situation que la France, alors que la dette publique du japon représente 245% de son Produit Intérieur Brut (PIB), et celle de la France environ 96% de son PIB. La différence est que l’endettement du Japon est détenu à plus de 90% par des japonais.
D’autres choses qui pourraient être mises à profit par rapport à la diaspora sont les déplacements officiels du Président de la République à l’extérieur du pays. De ces occasions deux résolutions devraient être prises afin de maximiser leurs retombées:
Mettre un frein au spectacle désolant qui n’honore personne et qui consiste à organiser des manifestations contreproductives à l’encontre du Chef de l’Etat et qui ont le don de renforcer la division entre les camerounais. Il faudrait d’ailleurs rappeler aux uns et aux autres que Chef d’Etat est une fonction et non un homme; ce que certains se félicitent de faire subir aujourd’hui à un homme qui remplit cette fonction pourrait être reproduit demain par une autre faction sur un autre homme qui remplira la même fonction dans le futur, il est donc fortement souhaitable d’éviter d’entrer dans ce cycle infernal de dangereux précédent.
De l’autre côté, la mission avancée qui a pour objet la préparation du terrain avant l’arrivée du chef devrait pouvoir identifier et prendre attache avec des associations de camerounais (par exemple les associations d’ingénieurs, de médecins, d’informaticiens etc…) en fonction des besoins du pays; les ministres et pourquoi pas le Président pourraient alors s’entretenir avec ces groupes et envisager une collaboration sur des projets en cours d’élaboration ou au début de la phase d’exécution. Il est d’une certaine façon écœurant d’apprendre la signature d’un accord entre le gouvernement camerounais et une firme indienne pour le traitement de l’eau à Yaoundé alors qu’il y a à l’extérieur du pays des camerounais capables de réaliser de tels projets et que personne ne prend la peine de contacter.
Pour le progrès du Cameroun, l’on devrait désormais avoir pour règle d’or d’impliquer d’abord les camerounais où qu’ils se trouvent dans le monde; si d’aventure l’on en trouve pas, alors et alors seulement il serait raisonnable de se tourner vers les étrangers avec pour priorité les compagnies détenues par des personnes de descendance africaine; le prix à payer pourrait être lourd dans un premier temps, mais ce n’est qu’ à ce prix que l’on pourrait effectivement réaliser un transfert de technologie si indispensable à notre progrès, et cela n’a pas de prix, et devrait être poursuivi à tout prix. C’est ce que des pays comme la Chine ou l’Inde ont fait.
La guerre que le Cameroun mène contre Boko Haram devrait être l’occasion de régler nos malentendus. En effet, notre pays a besoin plus que jamais de l’aide des camerounais de l’intérieur et de l’extérieur pour soutenir son effort de guerre. Si une maison divisée est vouée à l’échec, une maison unie ne peut être vaincue
Paul Daniel Bekima
This is a short description in the author block about the author. You edit it by entering text in the "Biographical Info" field in the user admin panel.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Laissez nous un commentaire sur cet opinion.