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QUAND LES 350 000 EMPLOIS DU PRÉSIDENT BIYA FONT PSCHITT… par Dr Vincent-Sosthène FOUDA

Les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés comme outils de divulgation et de perception de ce que pensent les hommes et les femmes en Afrique noire et au Cameroun en particulier. C’est donc Facebook, qui a servi pour essayer de percevoir comment les Camerounais ont accueilli le message du chef de l’Etat camerounais à la jeunesse le 10 février 2015. Nous nous sommes essentiellement intéressés à la création d’emplois annoncée par le Président de la République. Ensuite, nous nous sommes posé la question de savoir de quelle relance économique parle le Président de la République. Pour les deux tiers des Camerounais, les annonces du Chef de l’Etat ne seront pas suivies d’effet de relance palpable notamment en création d’emploi, de consommation et de baisse du coût du panier de la ménagère. C'est la première surprise du sondage que nous avons réalisé par l’entremise notamment de Facebook en partenariat avec le site d’information camer.be – Certaines pages fréquentées par les Camerounais ont été sollicitées (CLC – Commentons les commentaires avec ses 3 000 membres) – Nous nous sommes aussi servis des commentaires anonymes faits en dessous de tous les articles relatifs au discours du président de la République sur camer.be. Cette étude, réalisée auprès d'un échantillon de 4 004 personnes représentatif de la population camerounaise dont l’âge pourrait varier entre 18 ans et plus, dresse un état des lieux sans concessions de la fracture entre le Président de la République et la jeunesse de son pays.
Graphic:camer.be
75 % des sondés pensent que l’annonce faite par le Chef de l’Etat de créer 350 000 emplois ne sera pas suivie d’effet. En effet, le président Paul Biya parle « d’embellie de notre économie » alors que les résultats ne sont pas visibles sur le terrain. Plus globalement, relancer une économie c’est effectivement créer de l’emploi à court terme. Difficile cependant dans un pays à la dette surélevée, avec un déficit commercial croissant depuis près de 25 ans et qui a atteint 170 milliards en 2014. C’est certainement la raison pour laquelle le Président Paul Biya n’a pas voulu
s’aventurer à détailler les différents secteurs dans lesquels il pense créer ces emplois. 5 105 Camerounais et autres ont consulté ou lu le discours du chef de l’Etat à la jeunesse sur camer.be (consulté le vendredi 13 février 2015 à 12 h heure du Texas – USA) – 32 ont réagit – sur les 32, 17 veulent connaître les secteurs dans lesquelles le président Biya va créer de l’emploi. C’est tout dire !
Tous ceux qui s’y connaissent en économie et qui étudient la situation du Cameroun savent que le Cameroun ne peut pas s’en sortir avec les remèdes classiques, notamment keynésiens. Le Président Paul Biya a reconnu du bout des lèvres l’inadaptation du système éducatif actuel aux défis de développement, mais rapidement il est retombé dans les mêmes travers notamment en invitant les jeunes à s’insérer dans les métiers qui pour lui sont « de vraies niches de croissance et d’emplois qualifiés, tels que plombier, électricien, mécanicien auto et industriel. »
Question : combien de Camerounais sur un pourcentage de 100 construisent leur logement ?
Combien y a-t-il de logements sociaux en construction au Cameroun dans les 10 régions et qui sont susceptibles de garantir un emploi permanent ne serait-ce que pendant 12 mois à un Camerounais plombier, maçon, électricien ?
Il faut remonter à une déclaration du Ministre de l’Habitat et du Développement urbain publiée sur camer.be le 29 janvier 2014 alors qu’il recevait les vœux de fin d’année de son personnel pour se rendre compte de la difficulté de création d’un emploi durable dans le secteur du bâtiment au Cameroun.http://www.camer.be/31592/11:1/cameroun-developpement-urbain-les-grandes-annonces-de-jean-claude-mbwentchou-cameroon.html
Les secteurs sur lesquels mise donc le chef de l’Etat sont sinistrés, ne présentent point de débouchés pour les jeunes chercheurs d’emploi même s’ils avaient des qualifications dans lesdits secteurs. Un internaute camerounais résidant en Allemagne et en visite à l’Est du pays écrit ceci sur sa page Facebook :
« Pendant combien de temps allons-nous laisser massacrer nos forêts de manière illégale. Dieu se trouve ds la nature et particulièrement dans nos forêts pour nos peuples. Ici une cargaison de bois saisis à mon passage a la délégation régionale du ministère des forets de la région de l’est Cameroun. Derrière cette illégalité se trouve les notables et autorités de la ville. le combat est quotidien, mais difficile » page consultée le 13 févr. 15 à 13 h
Il publie aussi la photo suivante : Essence Forestière interdite:camer.be
Ils sont donc nombreux les Camerounais qui pensent que le Chef de l’Etat se trompe non seulement de diagnostic, mais aussi que la médecine proposée ne vise qu’à maintenir le pays dans une sorte de coma artificiel en le nourrissant de faux espoirs. Pourquoi le Chef de l’Etat ne valorise donc pas les métiers du bois notamment en permettant en premier que le Cameroun n’exporte plus majoritairement les grumes ? Ce qui vaut pour le bois est aussi valable pour l’ensemble des matières premières exportables du Cameroun. La politique économique du Cameroun devrait donc en premier être orientée vers l’équilibrage des échanges avec ses différents partenaires notamment la France et l’ensemble des pays de l’Union Européenne ; on pourrait par exemple penser à négocier le principe de réciprocité avec une taxation aux frontières. Dans la sous-région Afrique Centrale où le Cameroun exporte 25 % de l’électricité consommée, pourquoi rien n’est fait par exemple pour que les sociétés de production et de vente d’électricité soient plus compétitives tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur ? Aujourd’hui dans les centres urbains du Cameroun seuls 4 foyers sur 10 ont un abonnement, en zone rurale 75 % du pays n’est pas couvert par les réseaux électriques. Ce qui est valable pour l’électricité l’est aussi pour la distribution de l’eau potable où moins de 37 % des foyers en zone urbaine bénéficient de l’eau potable, chiffre encore plus bas en zone rurale. (Nous parlons ici de l’eau potable produite par une société de production et de distribution, car effectivement dans les campagnes 83 % de la population s’alimentent en eau potable dans les rivières et autres sources.)
64 % des Camerounais interrogés pensent que la situation économique actuelle du Cameroun est due aux mauvais choix faits par le gouvernement.
74 % de Camerounais pensent que le Cameroun ne peut pas se relever avec le régime actuel.
Nous n’avons pas interrogé les Camerounais sur les clivages politiques. Ils verraient donc n’importe qui à la tête de l’Etat l’essentiel pour eux étant que leur « quotidien s’améliore », « que les jeunes puissent fonder les familles », « qu’ils puissent s’occuper de leurs parents âgés », « qu’ils puissent s’amuser et s’acheter ce qu’ils désirent ».
AUGMENTER LES SALAIRES
Que faire ? C’est là que se dessine, en creux, le portrait psychologique des Camerounais. Il faut relancer la consommation et pour le faire il faut augmenter le pouvoir d’achat des ménages. Quand on leur demande ce qui contribue le plus à la croissance, ils citent l’augmentation des salaires, à près de 90 %. De même, ils estiment, sans surprise, que le Président aurait dû parler de la protection sociale, d’infrastructures de transport ou d’innovation. L’Etat providence est donc plébiscité. Dans le même temps, ils souhaitent voir le secteur privé valorisé. L’entreprise n’est pas un gros mot, mais ils ne souhaitent pas l’assimiler à la débrouillardise, à un simple tremplin avant d’accéder à autre chose de mieux. Les Camerounais veulent donc plus d’Etat quand Paul Biya se désengage et montre les limites de son offre…
Comme nous pouvons donc le constater sur camer.be, Paul Biya a été l’homme le plus lu depuis le 10 février : 6 articles ont été publiés proposant une relecture ou une critique du message du Chef de l’Etat aux jeunes. L’essentiel des critiques s’est focalisé sur le domaine de l’emploi et en deuxième position les lecteurs se sont interrogés sur son silence face à ce qui se déroule dans l’Extrême-Nord du pays.
Nous aurions aimé continuer à nous interroger sur les métiers d’avenir, les nouvelles technologies, l’environnement, l’industrie de l’habillement, mais tout ceci n’a de sens que si les politiques économiques du Cameroun mettent ensemble l’école et le travail, deux secteurs qui doivent fonctionner main dans la main, en connivence, afin d’offrir des opportunités adaptées à notre pays et aux défis auxquels il fait face aujourd’hui et pour les années à venir.
L’Etat-RDPC en matière économique avec son corollaire l’emploi est donc dans le noir total ! Il a essayé l’emprunt sans succès, il a créé une superstructure dans le domaine des petites et moyennes entreprises, il n’arrive plus à en parler; il a encouragé et légalisé les motos-taxis, il ne peut plus l’évoquer. Le régime RDPC porté à bout de bras par une vieille école n’arrive donc plus à donner une vraie perspective citoyenne au peuple camerounais et à la jeunesse en particulier. Nos gouvernants ont pendant longtemps pensé que l’emprunt permettrait à l’Etat de financer ses dépenses d’avenir sans avoir de comptes à rendre aux marchés financiers. Que non ! Puisque la semaine dernière encore le Ministre des Finances faisait appel aux marchés financiers pour trouver pas moins de 70 milliards ! https://www.facebook.com/vincent.fouda/timeline?ref=page_internal
Dr Vincent-Sosthène FOUDA, Président du MCPSD
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