Ils sont 142 étudiants, jeunes,
hommes et femmes. J'aurai pu faire partie de ces morts. Comme moi ce
jeudi matin là, ils se sont levés pour se rendre à la "FAC". Certains ne
souhaitaient pas parce qu'ils étaient fatigués. D'autres avaient des
Rendez-vous et certains voulaient également revoir une fille qu'ils
lorgnaient sur le campus de Garissa depuis longtemps. Mais au final tous
ce sont rendus à l'université. Mais ils ne savaient pas que c'était
leur dernier jour. Ce jour où 4 fanatiques de l'Islam au nom d'un Dieu
qu'ils n'ont jamais rencontré devaient pénétré sur le campus et les
abattre comme des chiens.NUL NE PEUT ET NE DOIT RESTER INDIFFÉRENT FACE À CE QUI S'EST PASSE AU KENYA.
L'attaque de Garrissa n'est pas seulement un affront contre l’État Kenyan mais une guerre déclarée à la jeunesse africaine. Une volonté d'anéantir les rêves d'un continent qui se métamorphose, un crime contre l'intelligentsia. Car si l'Afrique a deux piliers sur lesquels il va devoir faire reposer ses perspectives d'émergence, c'est inéluctablement l'éducation et la jeunesse.
CES TERRORISTES ONT FRAPPE EN PLEIN CŒUR DE L'AFRIQUE.
Mais ce qui est choquant c'est ce silence coupable, cette indignation sélective et ce mépris pour mes jeunes frères. Au-delà de quelques mobilisations individuelles sur les réseaux sociaux et des actions en cours tels que le sitting annoncé pour vendredi 10 avril par nos frères de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, aucun vaste mouvement de sursaut n'est enregistré sur l'ensemble du continent.
- Où sont passés les chefs d’État qui ont tôt fait d'envoyé les messages de condoléances en France et pour certains empruntés le premier avion pour participer à la marche de Paris?
- Où sont ces africains qui ont très vite changé de profil pour dire "JE SUIS CHARLIE"?
- Où sont ces africains, qui pour affirmer leur panafricanisme soulignaient "JE NE SUIS PAS CHARLY JE SUIS L’ARMÉE CAMEROUNAISE", où sont passés tous ces théoriciens de l'anti-impérialisme qui appellent les africains à prendre les armes contre les puissances occidentales alors qu'ils sont incapables d'avoir un brun de compassion pour la vie des leurs? Comment font-ils pour demander à l'occident de mieux pleurer leurs morts qu'eux mêmes?
J'AI HONTE POUR L'AFRIQUE, J'AI PITIÉ DES AFRICAINS.
Aucune société n'a pu progressé sans privilégier la vie. Le droit à la vie est un droit sacré. Dans les centaines sociétés traditionnelles africaines, lorsqu'un chef ne parvenaient plus à protéger la vie de ses concitoyens, ils étaient lapidés. C'est dire l'importance de la vie chez nous. Et de là vous pouvez voir la place de la femme. Les africains feront tous les débats dans les prochains jours: économie, élections, 6 avril 1984, Lybie, Boko Haram...et j'en passe. Mais n'accordent aucune importance à la protection de leur vie.
Je ne ferai pas ici le procès de nos chefs d’État, libre à chacun de le faire, mais je fais le procès d'une société, la notre. Une société immobile, morte et incapable de se repenser. Tout laisse croire que les africains ont été anesthésiés. Au fond les chefs d’État sont comme nous. Ils sont les produits de cet environnement qui nous fabrique aujourd'hui. Donc si nous ne le transformons pas maintenant, rien ne laisse penser que demain nous ferons mieux qu'eux.
C'est pourquoi, J'APPELLE A UN VASTE MOUVEMENT DE SOLIDARITE À L'EGARD DU PEUPLE KENYAN PENDANT UNE SEMAINE. CHANGEZ VOS PROFILS FACEBOOK, OBSERVEZ DES MINUTES DE SILENCE. ORGANISEZ DES SITTINGS.
Le moment est venu de montrer que nous pouvons penser par nous-mêmes et non penser par procuration.
Boris Bertolt, Journaliste et chercheur camerounais
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