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LA LOI DU FAR WEST ET LES ETOILES DE LA GUERRE par Arnaud DJEMOT

Désormais il est clair qu’au Cameroun le ridicule ne tue pas. Que la honte est l’état de l’homme qui n’a pas assez de courage pour affirmer haut et fort son désir de manger, même si c’est dans la poubelle. Que seule la fin compte, et qu’importent les moyens. On peut jeter en pâture ses enfants pour nourrir ses propres ambitions. On peut dénoncer un citoyen qui voit les choses autrement, le faire taxer de subversif de fauteurs de troubles, pourvu qu’on s’en tire avec une prime. On peut devenir chasseurs de primes en vendant les têtes même si elles sont innocentes. Le Cameroun serait devenu un Far West dans lequel tous les coups sont permis ; où le ridicule est érigé en norme d’ascension sociale.

Ce n’est plus un secret pour personne d’affirmer que le mérite est en marge de la logique de recrutement et de distribution des rôles  et des fonctions dans cette société. Car le dernier concours de l’IRIC serait là pour ouvrir la plaie béante d’une société qui se gangrène. Mais le plus dur à supporter, cette de voir comment sous le soleil on balade cette plaie sans pansement, et que, le vacarme des mouches qui s’y déposent nous rappellent combien notre société est en train de mourir sous nos yeux. Parce que même l’amputation ne peut plus rien sauver de ce corps, dont tous les membres aujourd’hui souffrent et dont la puanteur affecte les corps restés sains jusque-là.
Mais on ne peut se couvrir le nez trop longtemps sans mourir d’asphyxie, sans plonger dans le coma et, sans trouver la mort. Il vaut mieux reprocher au malade ce manquement à sa santé, qui contamine les autres. Il faut le repousser s’il le faut afin qu’il s’engage à une hygiène qui le sauve en nous sauvant. Mais on a fait résonné les tambours, on a fait claironné des trompettes nombreux sont ceux qui pensent qu’ils n’ont pas trop de choix que de marcher sur les cadavres pour manger afin de se sauver. Mais comment garantir sa santé dans un corps malade ? Comment survivre lorsque l’on se nourrit de la chair et du sang des cadavres, quand les hommes se transforment en rapaces, en vautours ? Dans le Far-West seulement c’est faisable.
Et dans ce Far West qu’est le Cameroun, pour survivre les uns et les autres s’accrochent au cobra par peur de son venin. Ils battent des ailes dans le ciel de cette souffrance quand il plante ses dents meurtrières dans la chair des autres. Pour le soutenir, leurs yeux surgissent de partout dans la nuit du malheur, brillants de toutes parts comme des yeux de sphinx. En cercles d’amis, en comité de soutien, ils accompagnent la misère quotidienne des pauvres par les chants, les conférences, les meetings, etc. ils affirment leur indéfectible soutien, leur inconditionnelle soumission afin de bénéficier des commissions.
Et, dans ce sillage, des parents n’hésitent plus à nommer leurs enfants, en hommage au couple présidentiel et ainsi, à faire pousser dans ce désert institutionnel, une association des personnes qui portent les noms de ce couple. Chaque parent est libre de choisir pour son enfant le nom qu’il veut. Mais quand cela se fait avec des intentions pécuniaires, quand cela se fait avec pour seule ambition d’en tirer un profit matériel, loin d’en pleurer  il faut en rire.
Il faut en rire. Mais d’un rire jaune. Car ici la morale a foutu le camp quand on pousse la chosification jusqu’à sa propre progéniture. Les enfants nés sous ce patronyme sont des objets, une valeur d’échange qui permet aux uns de se faire de l’argent tout à faisant croire aux autres qu’ils sont aimés, admirés, adulés. On peut à travers ce geste pour les parents et leurs enfants, se garantir d’avoir accès au moins une fois par an, dans ce palais qui est pourtant celui de tous mais dont l’accès est interdit à la majorité. C’est leur droit de donner des noms, même de Satan s’ils le désirent, mais de là à en faire une association c’est pousser le bouchon jusqu’au vice, quand celle-ci entend profiter de sa posture pour se faire « sa part » dans le réseau des marchés publics.
N’est-ce pas là, la preuve d’une pauvreté plus dangereuse et pernicieuse, que la pauvreté matérielle ? Lorsque l’indigence pousse au vice on peut être sûr d’avoir franchi le cap de l’humanité, pour celui de la sous-humanité. Mais au Cameroun on s’en fout. Le régime d’avilissement est tel que, sont idiots ceux qui pensent que le serpent est plus dangereux pour se sauver de la noyade collective, que le flot des vagues sous lesquelles ils coulent.
Et pourtant, on devrait s’inquiéter de l’après. Car le futur, est et reste une inquiétude permanente. L’homme ne peut vivre le futur que par questionnements, par doutes sur ses actions présentes et passées. Qu’adviendra-t-il quand ceux dont les noms auront servi de ticket de restauration ne seront plus là ? Qu’en sera-t-il lorsque ceux dont on aura fait l’apologie pour couvrir le crime et le malheur de la majorité ne seront plus aux commandes ? Ce n’est pas à tort que Marx nous a parlé de la « vengeance des opprimés ». C’est en reconnaissance de ce qu’est la nature humaine, qui parce consciente, rationnelle, enfouit toujours dans une partie de sa mémoire des souvenirs qui ressurgissent en leur temps pour faire payer le tribut à celui ou à ceux qui l’ont offensé jadis. Mais au Cameroun, seul le hic et nunc compte. Seul le présent est important. Manger ici et maintenant. Demain ne nous appartient pas. Mais pour que cela soit faisable, il faut compter sur un cataclysme qui vienne déposséder toute cette terre de ses habitants, sinon la catastrophe ne sera pas naturelle mais humaine.
Les uns tueront les autres par vengeance. Et tout a été mis en place pour que se réalise ce triste scénario. Et ce n’est pas la conférence donnée par le Pr Gervais Mendo Ze du fond de Kondengui, avec tous ceux qui comme lui ont été aux affaires qui nous démentira. Le thème a été bien choisi. Le message aussi est passé. Se questionner sur Judas c’est reproduire le scénario qui a conduit à la crucifixion du Christ. C’est dénoncer l’innocence des victimes et donc la culpabilité des meurtriers. C’est réclamer enfin la vengeance. N’est-il pas temps d’envisager lucidement la possibilité d’un tel malheur, de trouver les moyens de l’éviter ? Ceux qui sont aux affaires aujourd’hui, devraient engager le Cameroun sur la voie de sa réconciliation, et non plus multiplier des actes de divisions comme ça été le cas dans ce décret qui valorisait sur le même champ de guerre les uns au détriment des autres par exemple. Car des étoiles brilleront dans les yeux des autres, qui allumeront nécessairement le feu de la guerre.
Arnaud DJEMOT
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