Mbembe Achille connait sans doute des ecrivains, mais il ne sait pas
ce que la litterature est. Helas, car c’est pourtant une activite bien
simple et belle, le maniement de l’alphabet. Il ne m’a jamais lu, je ne
suis pas navre. Parce que dit-il en public il me decouvre ici,
je vais donc par ce texte lui enseigner une ou deux choses sur
l’activite qui est la mienne, et qui en quelques mots seulement, l’a mis
sans calecon. A tel point qu’il commet la bevue que seul le tyran
commet dans notre pays: trainer les ecrivains au tribunal comme seul le
Cameroun le fait encore en Afrique. Je cite Bertrand Teyou, condamne a
deux ans de prison devant son silence; je cite Enoh Meyomesse pour la
liberation de qui il a refuse de s’engager, malgre ma demande expresse,
la seule, je le repete encore, la seule que je lui ai jamais envoyee
pour un texte. C’est que je suis bien un Camerounais – et tout
Camerounais sait que mis devant le choix d’obtenir une lettre de
recommendation d’un blanc ou d’un Camerounais, chacun d’entre nous
choisira le blanc. La raison est bien simple: telle demande faite a un
Camerounais ouvre la porte au droit de cuissage chez nous, sinon au
cassage. Bien nombreux ils sont qui se sont rendus compte que la seule
lettre totalement negative de leur dossier etait celle écrite par leur
frere Camerounais. Sage de cette experience en 1993, j’avais decide que
jamais un Camerounais n’ecrirait de lettre de recommendation pour moi,
regle qui dans ma vie professionelle n’a eu qu’une exception: en 2006,
je crois quand je demandai à mon mentor Ambroise Kom de m’en écrire une.
Mes freres et soeurs camerounais ecrivent sur moi de leur propre choix,
theses, articles, ou sur demande tierce, dont je ne saurais etre
responsable. Il demeure: que Mbembe ait refuse d’ecrire une lettre sur
moi quand prompte par mon universite montre bien qu’à 22 ans je n’avais
pas eu tord d’adopter le principe qui chez nous date bien de la Guerre
civile sur laquelle il a parait-il écrit quelques livres qu’on me dit
savants - Aa mvelou ke nzui ou. Je crois j’ai ete titularise deux fois
aux USA grace a ce principe la. Amusant que pour expliquer son refus
d’ecrire sur son frere Camerounais, il cite un Congolais dont le dossier
d’embauche avail ete soutenu par trois Congolais – Lopes, Dongala, et
Ekotto qui se reclame a moitié telle.
Mais il y a pire: ce differend, le coeur meme du probleme national
camerounais, l’incapacite de ce peuple si intelligent a batir entreprise
collective, bebela il choisit d’aller l’etaler dans un tribunal
americain, devant les blancs donc. Les Camerounais n’ont-ils donc plus
honte? Sommes-nous devenus si ecerveles que les evidences honteuses nous
echappent? Qu’est-ce qui arrive aux enfants de ce pays, merde! Peuple
qui pisse en route et crache sur ses urines, devant tout le monde!
Imaginez donc deux intellectuels francais venant s’etriper au Tribunal
de premiere instance de Yaounde! Cela est-il un jour possible,
imaginable, pensable, vivable? Mais qu’est-ce qui arrive donc a nos
aines intermediaries-la pour qu’ils soient si cons? En realite, ca fait
pitie! C’est vraiment le niveau mental de Mbembe Achille ca? La gifle
sur sa calvitie doit avoir une raisonnance telle qu’elle serve de lecon
ethique aux generations futures. Car representez-vous donc qu’il fait
son cinema juridique aux Etats-unis au moment meme ou je me concentre, a
Yaounde, la capitale de notre pays, sur les poubelles des quartiers,
les pont casses, les rues eventrees, trancant ainsi les lignes autant
d’un vivre ensemble nouveau, que du beau, du vrai, du juste, du grand
redecouverts en nous. Il fallait que dans l’entreprise de recomposition
sociale qui me voit a Yaounde vendant des tshirts, a Yaounde, cette
ville ou il n’a plus mis les pieds depuis vingt ans sans que personne ne
le chasse, il fallait que ce soit Mbembe qui vienne me distraire avec
le siscia. Peuple qui a perdu le sens de la direction, car c’est dans
les sous-quartiers de Yaounde que va se decider notre destin historique,
et c’est dans les poubelles puantes de la capitale de notre pays que se
defendra toujours notre dignite. Qu’est-ce qui est si difficile a
comprendre dans ca? Il me semble en effet qu’on n’a pas besoin d’etre un
Grand professeur des universites des blancs pour le comprendre!
NOUS SOMMES LA GENERATION CHANGE! Mais il le dit lui-meme: Mbembe n’a
pas lu ma litterature, ne me connait pas – ce que jadis avait dit
egalement Calixte Beyala, tout comme Owona Nguini Mathias Eric, ou
d’ailleurs cet autre, Mabanckou, qu’il connait tous et dont il a lu les
ecrits sans doute assidument. Ils doivent se connaitre entre eux, la
classe de la fainiantise toutologique, mais surtout, celle de
l’hypocrisie la plus criminelle. L’écrivain fonde l’alphabet dans un
socle ethique, c’est-a-dire qu’il ou elle tutoie la verite. Ma lecon de
litterature a Mbembe Achille est donc celle-ci. Grand-frere, on ne
reconnait pas un écrivain a sa liste de prix, fussent-il fortunes, ou au
fait qu’il ou elle passe a la tele, mais a sa capacite a inscrire les
vingt-six lettres de l’alphabet dans la verite. C’est rien du tout, mais
c’est tout en realite. Le reste, vraiment, n’est que futilite. Or la
verite est bien simple, parce qu’elle est fille du bon sens. Un écrivain
ne defend jamais ses ecrits devant des institutions, fussent-ils des
maisons d’edition, des juries de prix ou alors des tribunaux. Je dis
bien jamais. Ceux-ci se defendent toujours seuls. L’ecrivain cependant
par le seul jeu de l’alphabet, revele l’infamie qui se cache dans les
dossiers crasseux du pouvoir, fusse-t-il le pouvoir politique,
intellectuel, comme c’est le cas ici, sexuel, religieux ou autre. C’est
en cela que l’ecriture est revolutionnaire. Evidence de toute classe de
litterature, premiere annee, car pastiche de Zola. Il n’y a pas de
liberté sans doit a l’offense. Pastiche de Salman Rushdie, l’ecrivain
qui insulta Dieu et est bien le chouchou des études postcoloniales,
comme sait tout etudiant de premiere annee encore, classe litteraire.
Pour ce qui me concerne, mon principle est simple. J’oeuvre plutot pour
liberer les ecrivains des tribunaux, en ai libere quelques uns, sans le
soutien de Mbembe, bien sur. Mais serai-je mis moi-meme devant un
peloton qui m’accuserait d’avoir permute l’alphabet de la maniere qui ne
sied pas a je ne sais quel con, que je lui montrerai ma poitrine et
dirai: feu!
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