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CAMEROUN :: OMBRES ET LUMIÈRES D’UN SOULÈVEMENT par le Meteo

Murmuré depuis des semaines, le mouvement de révolte au sein de l’armée a finalement pris corps hier mercredi à Yaoundé. A l’origine, le paiement de leur salaire et autres primes gelés depuis des mois, dans le cadre du maintien de la paix en République centrafricaine. Selon des informations parvenues à La Météo, c’est deux contingents de soldats, estimés à 1350 hommes, qui sont concernés par cette affaire.  Parmi les revendications qui divisent aujourd’hui la troupe et le commandement, figurent en bonne place, d’une part, la gestion des fonds issus de la Mission de maintien de la paix en Centrafrique (Misca) financée par l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), et d’autre part, la gestion des fonds de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), sous financement onusien.

Au milieu de ces bruits de bottes, certains soldats revendiquent 8 mois de primes et salaires impayés, alors que d’autres parlent de 27 mois. Tout calcul fait, selon une source interne au mouvement de grève, chaque soldat parti pour un minimum d’un an devrait s’en sortir avec une enveloppe de « frais de mission à l’étranger » avoisinant les 8 millions de francs Cfa. Selon les manifestants, information leur aura été donnée au cours d’une première tentative de soulèvement du côté de Bangui en Rca, par les responsables de ces organisations internationale que l’argent avait bel et bien déjà été versé à l’Etat du Cameroun depuis avril 2015, au même moment que les autres pays qui participent au maintien de la paix en Centrafrique. Les militaires en colère pointent un doigt accusateur sur certains responsables du ministère de la Défense parmi lesquels un Général. « L’argent de la Misca a effectivement été versé dans un compte privé. On nous a fait partir de Centrafrique en promettant de venir nous partager notre argent à Bertoua… mais chose curieuse, quand on est arrivée, on nous a dit plutôt que c’est déjà à Yaoundé. Je vous rappelle que tout calcul fait nous avions  droit au minimum à sept millions et demi pour ceux qui totalisaient un an de Misca», se plaint un soldat.
Selon les procédures en la matière, la Ceeac, l’Onu ou encore l’Union africaine (Ua) pourvoyeurs de financements «louent» généralement des soldats ainsi que du matériel militaire dont ils ont besoin auprès des Etats qui participent au maintien de la paix. Les fonds issus de ces « locations » sont reversés à ceux-là qui sont sur le terrain après que l’Etat donateur ait soustrait ce qui lui revient de droit : coût du treillis, l’arme et les munitions, les chaussures, etc.
 
Jeu de cache-cache
De sources crédibles, les militaires grévistes auraient cherché, en vain, à rencontrer le haut commandement militaire. Ce dernier a plutôt tenté de les diviser.    
 
Au courant qu’un soulèvement était en préparation au sein de la troupe depuis Bangui, le haut commandement militaire camerounais aurait, apprend-on, reporté à plusieurs reprises le retour à Yaoundé du premier contingent. Par la suite, les soldats  camerounais retournent au pays en compte-goutte, comme si l’on craignait de les faire revenir tous à la fois. Surtout qu’il se murmurait parmi les hommes en tenue que ces militaires courroucés entendaient  semer le trouble au Quartier général lors de la cérémonie de remise des attributs aux nouveaux généraux. Plus grave, il leur a été dit qu’ils percevront leurs primes une fois à Bertoua. Paradoxalement, c’est une somme de 7500 Fcfa qui aurait été remise à chaque soldat lors de l’escale de Bertoua, somme représentant «Les frais de ration pour 06 jours alors que nous avions droit à 15 000 par jour », soufflent les plus loquaces.
De ce brouhaha qui s’élève de la grande-muette, l’on apprend que les ex Minusca et Misca ont émis le souhait, à plusieurs reprises, de rencontrer les hauts responsables des forces de défenses nationales. Seulement, ils se sont toujours butés au mutisme des autorités militaires. Vrai ou faux ? Difficile à confirmer. Toutefois, apprend-on, un haut gradé aurait, dans un élan railleur, rappelé aux mécontents qu’il s’agissait de leur «Participation à l’effort de guerre».
Approché au téléphone, le chef de la cellule de communication du ministère de la Défense, le Colonel Didier Badjeck affirme que le haut commandement «était au courant de la situation» avant de poursuivre que «Le virement pour le compte de l’Etat du Cameroun a eu un retard…. Nous sommes à pieds d’œuvre pour y remédier». Et dès ce jour, ce sera chose faite, le chef de l’Etat, chef des Armées, ayant instruit le gouvernement pour que ces soldats rentre en possession de leur dû. Entre temps, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication, accuse plutôt l’Union africaine.
La Misca
La Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) est une mission de maintien de la paix en République centrafricaine autorisée le 05 décembre 2013 par le Conseil de sécurité des Nations unies via la résolution 2127 demandée par la France. Elle succède à la mission de consolidation de la paix en Centrafrique (Micopax, une mission de la Force multinationale des États d'Afrique centrale ou Fomac). Elle fait suite à la montée de la violence en république centrafricaine depuis le coup d'État en 2013 et à la résolution 2121 du conseil de sécurité des Nations unies. La mission se déploie à partir du 19 décembre 2013 sous la houlette de l'Union africaine et avec le soutien militaire de la France.
Elle comptait 6.000 hommes pour une durée de douze mois. Début décembre, 2.500 militaires de l'Union africaine (Ua) venant du Gabon, du Cameroun et du Tchad sont alloués à la mission, en plus des forces françaises, comptant 1600 militaires. Le 19 décembre, la Misca succède officiellement à la Fomac. Ses effectifs sont alors de 4.500 hommes, dont 850 soldats du Burundi et 850 soldats du Tchad. Les effectifs montent à 6.000 hommes en février 2014. Le 03 avril, après un incident à Bangui qui fait plusieurs morts, le Tchad annonce le retrait de ses forces de la République centrafricaine (Rca), dénonçant un «un lynchage médiatique et politique». Le 16 avril, le Tchad annonce avoir achevé le retrait de toutes ses forces de la République centrafricaine.
À partir de décembre 2013, le commandement de l’opération est le suivant : le commandement de la Misca, le général Jean-Marie Michel Mokoko de la République du Congo ; le commandement militaire, le général Martin Tumenta Chomu du Cameroun et le Commandement de la composante police, le colonel Patrice Ostangue Bengone du Gabon. Et le 15 septembre 2014, la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine (Minusca) lui succède.

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