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SORTONS DU FRANC C.F.A., VIVE LE « TOUMAÏ » (TM) par NGOUO WOUNGLY-MASSAGA, Cdt KISSAMBA

Nous rendons hommage à deux intellectuels patriotes africains, un Camerounais, Tchoundjang Pouémi, auteur de « Monnaie servitude et liberté » et l’autre Ivoirien,  Nicolas  Agbohou auteur de « Le Franc Cfa et l’Euro contre l’Afrique ». Leurs travaux ont éminemment contribué à mettre en évidence la nocivité du Franc CFA et à faire comprendre aux forces vives du Continent la nécessité de sortir de cette monnaie coloniale et néocoloniale.  
I -  QUESTIONNEMENTS ET EVIDENCES

        On cite souvent l’exemple du Mali qui est sorti de la zone franc et y est revenu, pour présenter cette sortie de la zone franc comme particulièrement périlleuse. Il  suffit de se reporter à la liste des pays africains qui ont leur propre monnaie pour constater non seulement que plusieurs pays ont quitté la zone Franc sans connaître la faillite, mais que presque toutes les anciennes colonies britanniques ont adopté des monnaies nationales et ne s’en portent pas plus mal, bien au contraire !
     Pourquoi un pays comme le Cameroun craindrait-il, cinquante ans après l’Indépendance, d’affronter les difficultés que le Ghana de Nkrumah, indépendant depuis 1957 seulement assuma moins de dix  ans après en lançant sa monnaie nationale, le Cedi en 1965 ?

     Comment un pays comme l’Angola d’Agostinho Neto, au sortir de la guerre de libération nationale contre le Portugal, et d’une guerre civile fomentée par les Occidentaux et le régime d’Apartheid Sud Africain, a-t-il pu lancer sa monnaie nationale, le Kwanza, alors que les pays africains de la zone Franc se réfugient encore derrière des arguments spécieux pour maintenir leurs peuples dans le plus rétrograde des systèmes d’exploitation  impérialistes, le Franc CFA ?
     Ne suffit-il pas de parcourir la liste des pays qui ont choisi de battre monnaie pour constater que tous ces pays l’ont fait pour affirmer leur indépendance, leur souveraineté et leur identité culturelle ?
     De la Mauritanie à l’Egypte, tous les pays africains de culture islamique ont créé chacun sa monnaie nationale en se référant à cette culture dès qu’ils se sont libérés du colonialisme français ou britannique.
      Aucun des pays africains qui ont créé leur monnaie nationale ne s’est fixé pour objectif d’atteindre immédiatement la convertibilité : il faut d’abord contrôler les principaux leviers de l’économie pour prétendre assurer les conditions de la convertibilité de la monnaie, au lieu de prétendre chercher la convertibilité de la monnaie en laissant le contrôle de l’économie aux mains de l’étranger.
     La Chine s’est hissée au second rang de l’économie mondiale sans accorder la priorité à la convertibilité de sa monnaie : elle a même fait de l’inconvertibilité de sa monnaie un élément majeur de sa stratégie de développement.

      « Certains voudraient nous faire croire que la diminution des parts de marchés de la France  dans notre pays part rapport aux parts de marchés des autres pays signifierait une libération de notre pays de l’emprise économique et financière de la France. C’est faux. Ils savent bien que le système du Franc CFA repose sur le mécanisme du « compte des opérations » qui voudrait que lorsque notre pays passe un marché avec un pays autre que la France, disons pour un milliard de dollars, par exemple, cinquante pour cent de cette somme à savoir cinq cent millions de dollars, sont automatiquement déposés au Trésor Français. La France ne perd donc rien  à ce que le Cameroun diversifie ses échanges économiques, bien au contraire. C’est la sortie du Franc CFA qui amorcerait la véritable indépendance du pays et non le faux « patriotisme économique » vanté par les trompeurs du peuple »  (Philosophie de la Pétition Nationale, déclaration datée du 12 Août 2015).
    C’est précisément parce que les pays africains doivent avoir en vue  convertibilité de leur monnaie commune que nous ne devons pas considérer la création d’une monnaie nationale comme une panacée. Même en disposant de ressources significatives, un pays comme la Guinée Equatoriale doit d’abord rechercher un cadre économique optimal pour la création d’une monnaie commune, au lieu de se replier sur le plan national. Les quatre Etats d’Afrique Centrale, Cameroun, Tchad , Centrafrique et Guinée Equatoriale  peuvent d’autant plus former un  cadre idoine pour la création des Etats Unis d’Afrique Centrale dotés d’une monnaie commune qu’ils peuvent garantir la possibilité de mettre fin au pillage des richesses de la République Centrafricaine, et assurer une lutte efficace  contre les menaces sécuritaires de toutes sortes et contre le terrorisme de Boko Haram.
                                                                                                                                 
       II. -  POUR UNE APPROCHE STRATEGIQUE ET TACTIQUE CORRECTE :
                 (L’aveu de  Jacques Chirac, et les Trois Thèses des Patriotes Camerounais)

   Face à un problème délicat comme le Franc CFA, il ne faut pas oublier le juste
 fondement de nos revendications ni se laisser aller à un faux radicalisme débridé. L’aveu de Jacques Chirac nous rappelle le problème de base qu’est le pillage de l’Afrique par la France. Les Trois Thèses des patriotes camerounais apportent l’éclairage tactique.

  L’aveu de Jacques Chirac, ancien Président de la République Française :

« On oublie une chose : c’est qu’une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie  vient précisément de l’exploitation depuis des siècles de l’Afrique. Pas uniquement, mais beaucoup vient de l’exploitation de l’Afrique. Alors il faut avoir un petit peu de bon sens. Je ne dis pas de générosité, mais de bon sens, de justice pour rendre aux Africains ce qu’on leur a pris. D’autant que c’est nécessaire si l’on veut éviter  les pires  convulsions  ou les difficultés avec les conséquences politiques que cela comporte dans le proche avenir ».
Les Trois Thèses des Patriotes Camerounais sur le Franc CFA:
«  Nous patriotes et panafricanistes camerounais sommes pleinement conscients  du fait que la phase actuelle de notre lutte s’ouvre… encore hélas, sur un énorme contentieux avec la France. C’est précisément pourquoi il nous importe beaucoup d’exprimer et d’expliquer nos thèses et d’interpeller la France et l’opinion internationale à l’occasion de la Visite d’Etat du Président français François Hollande au Cameroun.

                                           Première Thèse :
 «Chacun sait – et la France doit en convenir -  que les Peuples Africains ne peuvent connaître aucun développement significatif dans le système du Franc CFA. Sortir du Franc CFA est donc pour nos pays un impératif et non une question de haine de la France. C’est une nécessité objective du développement économique et social de nos pays et du bonheur de nos peuples. »
                                             Deuxième Thèse :
 «  Il est tout à fait évident  - et nous admettons volontiers -  que toucher au Franc CFA  c’est s’attaquer aux intérêts les plus profonds de la France… (sérieuse diminution de la masse du Trésor français, des facilités pour l’équilibre de la balance des paiements et pour l’équilibre budgétaire)...etc.
   Mais, bonnes gens, n’en était-il pas de même naguère du régime  colonial dans son ensemble dont le Franc CFA  n’est qu’une honteuse séquelle ?
      Fallait-il pour autant défendre à mort le « colonialisme à papa » parce que ce système colonial profitait beaucoup aux grandes fortunes de France ?
    Cette politique réactionnaire  qui triompha un temps ne prouva-t-elle pas incontestablement  son caractère erroné et aberrant  avec l’effondrement mondial du colonialisme malgré de ruineuses  et inutiles guerres coloniales ?
    Alors que faire ?
     Nous disons haut et fort que nous ne sommes pas des anti-français ! Nous ne recherchons pas la ruine de la France.
     Primo : Nous, patriotes camerounais, dans la ligne historique de notre combat, pensons seulement qu’une grande Nation comme la France ne saurait indéfiniment faire reposer sa prospérité sur le pillage des autres peuples. C’est un grand risque historique.  
      Secundo:  Nous sommes convaincus que le génie créateur de la France pourra d’autant plus facilement trouver des relations économiques et financières mutuellement profitables avec les Etats Unis d’Afrique, que les dirigeants actuels de la France auront eu l’intelligence d’accompagner en douceur la disparition inéluctable du Franc CFA, sans obstruction malsaine vouée à l’échec.                              

                                                             Troisième Thèse :

            Nous appelons enfin le  peuple camerounais à la plus grande vigilance, et nous disons solennellement aux Dirigeants de la France : «  Prenez Garde » !

             Les opportunistes camerounais et africains qui se posent en « meilleurs amis de la
France » en défendant cyniquement le Franc CFA ou en choisissant d’en faire un sujet tabou, ce qui revient au même, MONTRENT QU’ILS METTENT LEUR SOIF DU  POUVOIR AU DESSUS DE TOUT !
            Cela signifie clairement et logiquement que si par accident de l’Histoire, ce genre de politiciens sans foi ni loi accédaient au pouvoir dans nos pays -ce qu’à Dieu ne plaise-  ils ne mettraient jamais le Franc CFA en cause, POUR NE PAS PERDRE LEUR POUVOIR.
 Or, en vérité, ce genre d’opportunistes cyniques qui refusent de défendre les intérêts vitaux du pays et des peuples africains pour bénéficier  de la caution de la France (qu’ils croient décisive) ; n’auront en réalité jamais, même avec l’illusion d’un atout tribaliste, le soutien du peuple camerounais  qui a désormais les yeux ouverts, soutien indispensable au succès.
             La France a-t-elle alors intérêt à apporter sa caution ou son soutien à ce genre de personnage ? Nous ne le pensons pas.
 Aussi disons-nous en toute sérénité,
  A bas le Franc CFA ! Vive le Cameroun libre  et les Etats Unis d’Afrique.  Jeunesse Africaine Debout !

(Déclaration sur la Visite d’Etat du Président Français François Hollande au Cameroun le  3 Juillet 20015)
                      III.-   REALITES DU FRANC CFA.

Un système inspiré du nazisme : Le Franc CFA fut créé par un décret du général De Gaulle en 1945 (N° 45/0136) du 25 Décembre 1945 . Il signifiait alors « Franc des colonies Françaises d’Afrique ».
            Il peut paraître paradoxal qu’à peine sortie de la 2ème guerre mondiale, la France de la libération ait adopté un dispositif inspiré  de celui-là même que les nazis utilisèrent pour piller la France occupée et les Français. En effet, le Franc CFA, dès le départ, reposait sur les règles suivantes :
- Centralisation des réserves de change en France ;
- Libre convertibilité entre la monnaie française et le Franc CFA ;
- Fixité de la parité ;
- Libre transfert des capitaux avec la France, garantissant  le transfert des bénéfices des sociétés françaises en Afrique vers la France.
- Enfin, une cinquième règle non-écrite mais qui semble aller de soi dans la mentalité nazie des gouvernants français vis-à-vis de l’Afrique, à savoir que la France décide souverainement de sa politique monétaire et de ses conséquences sur le Franc CFA sans consulter les pays africains.

« Le compte des opérations », un pillage à ciel ouvert :

Grâce à la centralisation des réserves de change, avec ouverture d’un compte pour chaque pays africain utilisant de Franc CFA au Trésor Français, la France importe toutes sortes de produits de ces pays sans sortir la moindre devise : en procédant à un simple jeu d’écriture consistant à créditer le « compte des opérations » de chacun de ces pays au Trésor Français.
               Certes, une situation qui obligerait la France à sortir, comme tout autre pays,  des devises pour ses approvisionnements venant des pays africains utilisant le Franc CFA, serait difficile pour la France et l’empêcherait d’occuper la place qu’elle a actuellement dans le Monde.
                Mais au nom de quoi faudrait-il sacrifier le développement de quatorze pays Africains et les bloquer dans la misère, en laissant la France continuer à les piller par simple prolongation  arbitraire de la colonisation?
 
Modulations des retenues au Trésor français

Depuis la création du Franc CFA à ce jour, trois  modulations sont intervenues dans les taux  des retenues des réserves de change au Trésor Français pour les comptes des opérations des pays utilisant le Franc CFA :
De 1945 à 1973 on est resté à 100 % de retenues ;
De 1973 à 2005 on est passé à 65%  de retenues ;
De 2005  à ce jour on en est à 50%  de retenues.

Deux remarques importantes s’imposent à ce sujet.
            La première est que malgré l’accession des pays  africains à l’indépendance, dans les années 1960, la France a réussi à dissocier la question de   l’autonomie monétaire de nos pays de celle de leur Indépendance. Elle a signé des accords de coopération avec des Présidents acquis au néo-colonialisme français. Cependant, la question de l’Indépendance monétaire est restée pendante avec la lutte des patriotes qui continuaient à revendiquer une Indépendance véritable.

  La seconde remarque est relative au coup de vol d’Etat magistral de 1973. De quoi s’agit-il ?
 C’est la crise économique et financière en Europe qui a imposé la dévaluation du  Franc français en 1973. Cette dévaluation avait fait perdre au franc CFA cinquante pour cent de sa valeur.
               Normalement, s’il fallait maintenir le « taux d’exploitation des Africains » au même niveau qu’entre 1945 et 1973, il aurait fallu que le taux de retenue du Trésor tombe tout de suite à 5O% portant la retenue à 65% ; les responsables français aggravaient  le niveau d’exploitation de la période antérieure de 15%. Preuve que l’esprit colonial et nazi continue à habiter le Franc CFA. : ce  n’est qu’en 2005  qu’on en viendra au taux 50% qu’on aurait du appliquer dès 1973 dans la propre logique du système !

                       IV.- NECESSITE DE LA RUPTURE AVEC LE FRANC CFA

(1). Les populations africaines sont aujourd’hui largement favorables à la sortie du Franc CFA (des Colonies Françaises d’Afrique) pour la création d’une monnaie africaine. La théorie spécieuse selon laquelle le Franc CFA est « notre monnaie » ne tient pas la route : comment peut-on nous piller sauvagement avec «  notre  propre monnaie ». Même les intellectuels africains sont  quasi-unanimes à ce sujet; y compris dans les cercles gouvernementaux.

(2). Certes il ne faut pas se fermer les yeux et négliger l’obstacle politique majeur que constitue le fait que la plupart des Chefs d’Etat des quatorze pays africains de la zone franc sont des hommes politiques placés au pouvoir pour défendre les intérêts français et qui protègent, sans oser le proclamer, le Franc CFA. Mais, il faut avoir confiance : tous ces chefs d’Etat sont de plus en plus conscients de la puissante vague de fond de la protestation populaire contre l’arnaque du Franc CFA.

(3). Depuis la dévaluation de 1994  les principaux prêteurs des économies des pays africains de la zone franc sont les Institutions de Bretton Woods (Fonds Monétaire International – FM,I et Banque Mondiale ) et la République Populaire de Chine. Il résulte de cette situation que le rôle de « protecteur » ou de « garant » dont se prévalait la France, notamment pour imposer les « comptes des opérations », n’a plus aucune raison d’être…

(4). Le Franc CFA est désormais arrimé à l’Euro, et non au Franc Français qui n’existe plus. Il n’y a donc plus aucune raison valable pour centraliser les réserves de change en France. L’arnaque des « comptes d’opérations » se fait à ciel ouvert, et la tolérance des Chefs d’Etat africains vis-à-vis de la France  face à cette situation apparaît comme une complicité avec les pilleurs de nos peuples. Une trahison.

(5). Même l’arrimage du Franc CFA pose problème. Il est apparu comme un acte de domination coloniale, et non un choix des peuples africains. La France ayant opté pour la monnaie commune européenne,  après les accords de Maastricht, par Référendum, ce choix a été automatiquement imposé aux Africains qui n’avaient rien à dire, en vertu de la règle n°5 du Franc CFA, non écrite, signalée plus haut.

(6).Enfin, quelle que soient les rapports d’amitié qui puissent exister entre  eux et la France, les pays africains  ne doivent laisser dans les mains ce pays ou de toute autre puissance, le contrôle de leur destin via la monnaie ou leurs devises. Or, avec le système du compte des opérations, il suffirait qu’un pays africain de la zone Franc soit en désaccord sérieux avec la France pour que cette dernière puisse bloquer ses devises et même bloquer les banques dans  ce pays.

            Nous déduisons de toutes les considérations ci-dessus que les pays africains qui dépendent du Franc CFA disposent aujourd’hui de tous les arguments et de toutes les possibilités en droit pour se libérer du Franc CFA. Ils n’ont besoin que d’un minimum de courage et de volonté politique de  servir leurs peuples, pour le faire avec succès.

                  V. L’UNION AFRICAINE POURRA-T-ELLE  « BLANCHIR »  LE FRANC CFA ?

   En d’autres termes peut-on fonder quelque espoir sur la promesse de l’Union Africaine de créer une banque centrale africaine et une monnaie unique africaine ? A notre avis, non…Tout ce qu’on peut attendre des discours des technocrates de l’Union Africaine c’est une nouvelle jonglerie avec les sigles et une «  nouvelle monnaie  africaine » n’ayant d’Africain que le nom et trainant les mêmes tares que le CFA.
                                                                                                                                                               
La traditionnelle jonglerie des sigles :

Comme nous l’avons signalé plus haut, le Franc CFA signifiait au départ « Franc des colonies Françaises d’Afrique ». En 1958, pour accompagner la tentative gaulliste de créer une Communauté Franco Africaine, on le baptisa aussitôt franc de la «Communauté Française d’Afrique » (CFA). Avec les indépendances, les Africains commencèrent à critiquer la dépendance monétaire.

En 1962 le Mali quitte la zone franc, mais ce pays a des difficultés à maitriser  cette rupture et fait volte face en 1984.  1978 Madagascar quitte aussi la zone Franc et maintient le cap. En1985 et 1997, la Guinée Equatoriale  et la Guinée Bissau adoptent le Franc CFA.
      Aujourd’hui le Franc  CFA  signifie « Franc  de la Communauté Française » pour les Etats de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine » (UMOA) et le même CFA signifie Franc de la Coopération Financière d’Afrique Centrale pour les pays de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC).

      2)   Le discours embrouillé  de M. Lucas Abaga Nchama :

     Depuis 1965 la Banque  des Etats d’Afrique Centrale (BEAC) et la Banque des Etats d’Afrique de l’Ouest  (BEAO) sont coordonnées par une Association des Banques Centrales Africaines (ABCA).
     Dans un récent point de presse publié par le journal « Cameroon Tribune », organe central des Motions de soutien au couple présidentiel, le Président de l’ABCA  l’Equato-Guinéen  Lucas Abaga Nchama déclare :
     « C’est en 1963 que l’organisation de l’Unité Africaine a émis le vœu dans sa vision panafricaniste de créer une Banque  et une monnaie unique ».
     Même s’il estime que depuis ce  « beaucoup a été fait », il n’en reste pas moins que plus de cinquante ans après, nous en sommes restés aux vœux pieux... Il n’y a ni  Banque Centrale ni monnaie unique.
     Le plus grave n’est pas que le Président de l’ABCA (par ailleurs Gouverneur de la BEAC) ne s’interroge pas sur cet immobilisme de l’OUA et de l’UA pendant un demi-siècle ! Le plus grave est qu’il considère la situation actuelle avec le Franc CFA comme tout à fait satisfaisante.
« Nous ne sommes pas les otages des Français. Ce  sont des partenaires. C’est juste pour la convertibilité extérieure que nous avons signé une convention avec le Trésor. Nous sommes libres »
     Heureusement que les Peuples Africains en savent beaucoup plus aujourd’hui sur la nocivité du Franc CFA..
     Nous appelons blanchiment du Franc CFA l’opération qui consisterait à nous préparer une fausse monnaie commune aux pays africains avec jonglerie sur son nom, (certains ne nous disent-ils pas que le CFA est déjà notre monnaie commune ?) qui continuerait à souffrir des mêmes maux que l’ancien CFA tout en étant vantée  comme débarrassée de ses anciennes tares... D’ailleurs, M. Lucas Abaga Nchama semble avoir bien assimilé le discours des « partenaires français », écoûtons- le :
   «  L’objectif pour nous, c’est de créer une Banque Centrale Africaine et une monnaie unique » et il ajoute aussitôt « Je suis de ceux pensent que lorsqu’on parle de monnaie, on parle de l’économie. Si on est capable de créer une Banque

Centrale et une monnaie commune, cela signifie nécessairement qu’au préalable (sic) il y a une convergence macroéconomique entre les différentes économies : il y a un peu plus de discipline, il y a un peu plus d’échanges »...  Tout cela risque de prendre encore du temps : peut-être cinquante ans par exemple. Non ! « On peut fixer un horizon, peut-être 2030 » dit le Président de l’ABCA.
     Dans la mesure où le Président de l’ABCA proclame que le Franc CFA est libre de toute tutelle, sans dire ce qu’il en est ou ce qu’il adviendra des règles  de pillage sur lesquelles  repose le Franc CFA, et dans la mesure  où M. Lucas Abaga Nchama reste vague sur le processus de la « convergence macroéconomique »des économies africaines, il y a tout lieu de croire l’objectif de « Création d’une Banque Centrale  et d’une Monnaie unique ne sera pas atteint dans un proche avenir ou se transformera en simple arnaque jouant sur les sigles...
      Il est clair que pour créer une nouvelle monnaie et une banque centrale africaines, il faut d’abord sortir de Franc CFA : en abolissant les règles qui fondent ce Franc, notamment le « compte des opérations », et en même temps tout mettre en œuvre pour que la nouvelle monnaie repose sur un ensemble économique cohérent et intégré. C’est à cette double exigence que répond notre proposition ci-dessous de stratégie du Toumaï.

                                 VI.-LA STRATEGIE  DU  TOUMAÏ
       
     Avant d’en parler, d’évoquer la création d’une  vraie monnaie africaine au lieu du camouflage du Franc CFA que  prépare l’Union Africaine, et d’esquisser une progression vers les Etats Unis d’Afrique, nous voulons saluer la position du Président de la République de Guinée Equatoriale Son Excellence OBIANG NGUEMA MBAZOGO, qui s’est prononcé pour la sortie des pays africains du Franc CFA, et a interpellé son Frère camerounais, le Président Paul BIYA à se prononcer dans le même sens. Pour les Etats Africains de la zone Franc, c’est la seule position qui corresponde au panafricanisme véritable, la seule qui réponde aux intérêts des Peuples Africains. Nous exhortons le Président Equato-guinéen à maintenir fermement cette position sans se laisser influencer par les élucubrations de l’Union Africaine élaborées par les stratèges  français du néocolonialisme économique et financier tapis dans les Bureaux de la BEAC et de la BEAO.
        Et dans le sillage de cet hommage à l’engagement du Président de la Guinée Equatoriale, nous saluons la  Chaine de Télévision « AFRIQUE MEDIA » qui a compris toute l’importance stratégique de la juste lutte des peuples africains contre le Franc CFA.
Le Toumaï   (T) ou (Tm)                  
          « Toumaï »  est le nom qui a été donné au crâne le plus ancien de l’homme découvert au Tchad  et partir duquel l’Afrique a été reconnue comme le berceau de l’Humanité. En langue africaine locale gorane, « Toumaï » signifie aussi « espoir de vie ». C’est en projection de cette symbolique forte que nous proposons que la monnaie africaine commune soit appelée le Toumaï  avec pour abréviation un T pointé, symbolisant un homme aux bras déployés, ou tout simplement  un T majuscule suivi d’un m minuscule, Tm.
Comme nous l’avons rappelé plus haut, une monnaie africaine commune doit cibler un espace économique précis, bien intégré ou intégrable à moyen terme, cohérent. Le Toumaï ciblerait au départ une zone d’Afrique  Centrale couvrant quatre pays : Le Cameroun, la Centrafrique, la Guinée Equatoriale,  et le Tchad.
   Le Toumaï porterait sur ses coupures ou billets, les effigies de Ruben UM NYOBE, Barthélémy BOGANDA, Patrice Emery LUMUMBA, Agostinho NETO et Nelson MANDELA et, s’il continue dans son engagement actuel, OBIANG NGUEMA MBAZOGO… En attendant d’intégrer d’autres figures historiques africaines.
      Ne s’agit-il pas de renoncer aux Etats-Unis d’Afrique en s’arrêtant aux Etats Unis d’Afrique Centrale?
NON. Il s’agit de progresser  vers des Etats Unis couvrant presque tout le Continent par étapes qu’on ne peut pas totalement préciser :
On commence par ce noyau des Etats Unis d’Afrique Centrale
On passe à tout l’espace CEMAC, en intégrant le Congo et le Gabon qu’on aura laissés de côté parce qu’ils sont à l’heure actuelle fortement noyautés par les sectes maçonniques de la Françafrique ; les Etats Unis d’Afrique Centrale couvriront alors les six pays de l’actuel espace CEMAC.
La troisième étape consistera à harmoniser économiquement et financièrement les Etats Unis d’Afrique Centrale et la République d’Angola, étape à partir de laquelle on parlera des « ETATS UNIS  D’AFRIQUE »  tout court, avec l’harmonisation politique.
La quatrième étape qui consistera à prendre en étau le Congo-Kinshasa entre les Etats Unis d’Afrique Centrale et la République d’Angola conduira à faire des ETATS UNIS D’AFRIQUE  un des Etats les plus riches et les plus puissants du Monde avec les anciens pays de la Cemac, l’Angola et le Congo Kinshasa… Les étapes suivantes dépendent de nombreux facteurs imprévisibles…
 Il ne serait pas exclu que soient engagés en Afrique de l’Ouest et de l’Est des mobilisations stratégiques similaires qui, le moment venu, verraient les Etats-Unis d’Afrique intégrer le Géant nigérian et d’autres Etats africains d’un grand poids.

       L’intégration macro-économique  ne peut pas s’opérer toute seule, et en reconnaissant qu’elle est préalable à une vraie création de la monnaie commune et d’une Banque Centrale, M. Lucas Abaga Nchama reconnaît  en fait que la stratégie de l’Union Africaine en la matière est erronée. Il confirme la justesse du choix du Toumaï.
        Revenons donc sur la stratégie du Toumaï en ce qui concerne l’intégration macro-économique. Sa zone de départ  présente des facteurs d’intégration objectifs et incontournables. Le fait par exemple que le Tchad et la Centrafrique soient des pays enclavés et dépendent largement du Cameroun pour leurs importations est un puissant facteur d’intégration de la zone.              
       En ce qui concerne le Tchad, il faut ajouter à la dépendance de ses importations, la construction de son pipeline d’exportation de son pétrole par le territoire  camerounais avec débouché au port de Kribi.
       La Guinée Equatoriale est fortement liée au Cameroun au plan humain. Le même facteur de populations identique des deux côtés d’une frontière se retrouve entre le Tchad et le Nord-Cameroun ; et entre l’Est du Cameroun et la République Centrafricaine.
      Les convergences macro-économiques ne peuvent réellement se  concrétiser qu’avec des décisions fortes  des institutions politiques centrales. D’où l’importance de l’engagement des Chefs d’Etats africains en faveur de l’Unification de l’Afrique, de panafricanisme véritable.
       Dans la région d’Afrique Centrale que doit couvrir le Toumaï, un seul chef d’Etat s’est franchement déclaré pour la sortie du Franc CFA, le Président OBIANG NGUEMA MBQZOGO.
       Le Président du Tchad, S.E. Idriss DEBY  ITNO  a fait une sortie fracassante contre le Franc CFA à l’occasion de la fête nationale du Tchad. Il pense toujours que les Français sont nos amis en matière économique et monétaire. Comme M.Abaga Nchama qui parle de nos « partenaires ». Il estime que ce sont les Français qui doivent faire l’effort de nous « accorder la convertibilité de notre monnaie ». Alors qu’il s’agit purement et simplement de sortir du Franc CFA. Il est de la plus haute importance que le Président Idriss DEBY ITNO harmonise rapidement  sa position avec celle du Président équato-guinéen.
     On connaît la célèbre maxime des Français, d’ailleurs attribuée au Général De Gaulle : « les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », nos Chefs d’Etat ne doivent pas sacrifier les intérêts des Peuples Africains au nom de l’amitié avec la France.
    Certes ce sont les Chefs d’Etat qui devront parachever le processus d’intégration macro-économique, financier et politique de nos pays, mais en réalité, c’est la mobilisation des masses qui les poussera à adopter des positions cohérentes et positives en faveur de cette intégration.
   Et aucun Président Africain qui pense qu’il est au pouvoir et pourra se maintenir indéfiniment parce qu’il  le peut,  ne bloquera l’évolution  vers l’unification de nos pays sans voir monter contre lui le courroux de nos Peuples.

                   VII.-  CONCLUSION

Quoi qu’on fasse, nous sortirons du Franc CFA. Au nom de quoi, plus de cinquante ans après l’Indépendance de nos pays, sommes-nous  soumis à la pénalité des « comptes des opérations», scandaleuse séquelle de la colonisation, arnaque à ciel ouvert, nazisme monétaire ?
 « Nous sommes souverains, nous sommes libres avec le Franc CFA », proclament nos technocrates malhonnêtes : qui donc ignore que les Français sont tapis  dans nos Banques Centrales et que rien ne peut s’y décider sans leur aval ?
        Nous adressons à nos Chefs d’Etat d’Afrique Centrale et à toutes les forces vives la double proposition suivante :
   1° Veuillez adopter sans tergiverser une monnaie commune : le Toumaï  ou toute autre.
   2° Que l’adoption de cette monnaie se fasse dans le cadre de la signature d’un Traité  d’intégration politique économique et financière fondateur des Etats Unis d’Afrique Centrale, amnistiant pour  ses Chefs d’Etat  vis-à-vis de leurs peuples, et amnistiant pour les opposants vis-à-vis de leurs Chefs d’Etat.

                                                 Lolodorf le 30 Août 2015
© Correspondance : NGOUO WOUNGLY-MASSAGA, Cdt KISSAMBA / Cdt GAMA, Vétéran de l’UPC et de l’ALNK
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