La première coule du contexte actuel lié à la puissance économique de la Métropole à Abidjan. Plus de 800 entreprises françaises y opèrent, générant plus de 50% des recettes publiques. En cinq ans, ce sont des milliers de milliards de CFA que Paris a investis à Abidjan. Le fameux « La France veut sa part » lâché par le dirigeant français ôte donc toute ambigüité sur l’offensive française. Comment ne pas s’en vanter lorsqu’on frôle les 10% de croissance ? Le problème, c’est que le caractère inclusif de ce développement est très faible car doublement pénalisant. La Côte d’Ivoire s’endette énormément pour acheter des gros ouvrages dont les fournisseurs ne sont presque pas ivoiriens. Ils vont donc subir le coût de l’argent, et voir le gros de la valeur ajoutée s’envoler ailleurs. Puisqu’elle n’a pas de choix, au vu de la période difficile qu’elle a traversée pendant 10 ans, elle subit ainsi le chantage de la Métropole, car c’est bien cette dernière qui paye les factures à Abidjan. Voilà donc la légitimité sur laquelle s’appuie Paris pour humilier le pays des Eléphants.
La seconde réflexion a trait à la neutralisation du président Ivoirien en son second et dernier mandat. Que peut-il faire le pauvre ? L’enjeu au plus haut sommet, c’est l’après Ouattara, période sur laquelle Paris va cimenter sa présence locale et Ouattara, un simple observateur. Hier, alors que des menaces de transferts des anciens chefs de guerre vers la CPI se faisaient pressantes, il avait indiqué son souhait de ne plus voir aucun ivoirien être jugé ailleurs. Dans le même timing, un de ses chefs de guerre mettait au défit quiconque en Cote d’Ivoire d’arrêter un seul d’entre eux. Personne n’est donc plus dupe.
Chacun connait le rôle, l’appui, qu’il a apporté à l’autre. On se tient tous par la barbichette. Le pauvre président est donc en situation délicate. Il doit construire le pays, réconcilier les ennemis, charmer la Métropole, calmer les cellules rebelles dormantes, etc. Soyons sérieux et reconnaissons que c’est trop lui demander. Surtout lorsqu’on sait qu’une partie de sa légitimité repose encore aux Champs Elysées. Oh le pauvre, il est exactement dans la même situation que son prédécesseur. Aujourd’hui, peut être le découvre t il.
La dernière réflexion est relative aux leçons que l’on pourrait en tirer :
- Tant qu’un Etat Africain trouvera sa légitimité ailleurs que dans son Peuple, une juge à Paris pourra toujours marquer des points sur son dos.
- Tant qu’on croira que la Métropole est un ami, on se réveillera toujours sans matelas, et hors de sa propre maison. Alors que la veille présageait tout le confort. Paris a des intérêts à défendre, point. Arrêtons d’être si naïfs.
- Ceux des Africains qui voient en ce mandat d’emmener, une « justice divine » contre Guillaume Sorro me semblent stupides. Car leurs semblables voyaient en l’arrestation de Gbagbo la même « justice divine ». Dieu peut il pour le même acte faire justice et contre justice ?
- Le « Africa must unite » de Nkrumah trouve ici tout son sens. Car tellement faible, un pays comme la Côte d’Ivoire est à la merci d’une juge à Paris. Dispersés et baratinés dans la Politique, les Partis Politiques, la Métropole se plait à nous observer nous entretuer. Elle en profite juste pour pomper ce dont elle a besoin et ne manque jamais de nous rappeler que la Colonisation n’est jamais terminée, que la France à fric continue. L’exemple Ivoirien est un cas d’étude.
Vivement que la Côte d’Ivoire retrouve un semblant d’unité pour enfin prendre en main son destin. Pro X ou pro Y, vous ne serez toujours que de petits enfants aux yeux de Paris. Pensez-y désormais.
Bazou Batoula.
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