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Fer de Mballam, projets énergétiques, port en eau profonde de Kribi: Louis Paul Motaze nous apportent des clarifications par Yannick Ebosse

Le Ministre de la planification et de l'aménagement du territoire, accordant des réponses à plusieurs journalistes a réussi à estomper les soupçons d'incapacité du Cameroun à connaitre les enjeux dans l'atteinte de notre pays à une émergence en 2035. Rentrant dans les détails des projets port en eau profonde de Kribi, Fer de Mballam, projets énergétiques, l'actuel Minepat édifie dans ses réponses et tout le monde sera sorti d'un diner de presse avec la presse économique ragaillardie et rempli d'informations utiles concernant l'étant actuel des projets importants du Cameroun.

François Bambou, Président de la presse Economique du Cameroun en organisant cette rencontre appelé " Diner de presse " à l'hotel Djeuga Palace de Yaoundé avec le Ministre Louis Paul Motaze n'avait pas lui-même mesuré l'ampleur des révélations qui seront données à la presse en toute transparence par " Monsieur projets structurants ". Dans un climat relaxe, le Ministre Louis Paul Motaze s'est laissé poussé à bout par les questions des journalistes ne laissant aucune zone d'ombre pour mieux édifier les hommes de médias sur l'actualité la plus récente de la situation économique du Cameroun. Tout sera passé au peigne fin par ce dernier. Les extraits recueillis lors de cet échange avec la presse.

A la question de savoir comment le Cameroun compte s'en sortir face aux défis énergétiques qui doivent amener des investisseurs au Cameroun, le Ministre Motaze va commencer par rassurer en ces termes : " Je suis moins pessimiste que vous. Jean Marie Nka nous étions ensemble lors de la mise en eau partielle du barrage de Lom Pangar. Mais on a toujours tendance à ne parler que du train qui arrive en retard. Mais parlez aussi de ceux qui arrivent à l'heure ! Le barrage de Lom Pangar est une réalisation forte, c'est un travail formidable qui a été fait. En parlant de la centrale à gaz de Kribi, nous notons aussi une réalisation importante dont on ne parle pas assez. Cette centrale c'est plus de 220 MW qu'on a injecté dans le réseau interconnecté-Sud.

Revenant au barrage de Lom Pangar, la mise en eau partielle a été réalisée avec succès. Nous avons stocké assez d'eau pour pouvoir libérer et l'injecter dans les différents barrages hydroélectriques. De la même façon les travaux vont bientôt commencer pour l'autre volet car comme vous le savez bien le barrage de Lom Pangar est un barrage de retenue ou réservoir et que sur le pied du barrage on doit construire une centrale encore appelé usine à pied d'à peu près 30 MW pour autonomiser toute la région de l'Est. Ces projets ont commencé et vont se poursuivre. Le barrage de Memvele'e, nous espérons que d'ici 2017, il sera terminé. Le barrage de Mekin produit déjà les premiers Megawatts et les 1/3 de la production est attendue et bientôt les 2/3 sera produit. Je rappelle que HydroMekin grâce à la nouvelle loi sur l'électricité sera un producteur indépendant car il produira l'énergie électrique pour la vendre à ENEO. Il y a des contrats à négocier, des conventions à signer avant tout. ENEO va acheter le BPA c'est-à-dire achat de l'énergie produite. Chaque énergie produite sera injectée progressivement dans le réseau interconnecté-Sud. Aujourd'hui le Chef de l'Etat vient d'habiliter le Ministre des domaines, du cadastre et des affaires foncières à signer une convention pour la construction du barrage de Bini Warak dans l'Adamaoua. D'autres négociations sont en cours pour la construction du barrage sur la Mechum. Tout ceci fait partie de la production. Mais à côté, il y a le transport. Maintenant commence les problèmes en ce qui concerne le transport. Le réseau

actuellement existant est défectueux. Mais des choses sont prévues par exemple il y a des investisseurs indiens qui se sont manifestés pour la construction des lignes de transport. Avec la nouvelle loi qui a créée une société de transport, vous allez avoir très bientôt et très tôt des infrastructures. Grâce à une audience accordée à Mme la directrice des opérations de la Banque Mondiale, il y a presque 1 milliard 100 millions de dollars qui sont déjà mobilisés pour cela. Pour nous aider à mettre sur pied la nouvelle société SONATREL pour les lignes de transport et un certain nombre de chose dans le domaine de l'électricité. Pour dire que les choses sont faites et il ne faut pas désespérer. Je partage l'optimisme du Ministre de l'Eau et de l'Energie lorsqu'il dit que les choses vont allez en s'améliorant. J'ajouterais que c'est aussi extrêmement difficile pour nous (Cameroun) car pendant longtemps le pays a cessé d'investir. Mais ne revenons pas dans le passé pour trouver les raisons pour lesquelles nous avons cessé d'investir. Certains vont dire que la SONEL connaissait qu'elle va être privatisé raison pour laquelle elle avait cessé d'investir. Mais aujourd'hui nous sommes dans une course poursuite c'est pour cela que la planification existe et est une bonne chose. Cette course poursuite voudrait que même lorsque vous travaillez, il faut penser à la croissance démographique. Les besoins, eux, ils augmentent aussi donc il ne s'agit pas seulement de répondre aux besoins existants mais se projeter sur les besoins futures. Savoir que la population augmente y compris ses besoins futurs.

Lorsque nous parlons d'industrialisation et vous avez vu que le Chef de l'Etat a dans son discours parlé des conditions d'une bonne industrialisation ; il (le Chef de l'Etat) parle de l'énergie. Parce que plus vous attirez les industries, plus il y a un besoin important en énergie. J'ai parlé tantôt de la transformation de nos matières premières. Dans le cas de l'exploitation du Fer de Mbalam, les directives du Chef de l'Etat sont claires " il na faut pas qu'on exporte tout le minerai ". Selon lui, il faut transformer une bonne partie de ce minerai sur place. Pour cela, c'est de l'énergie dont on a besoin. Lorsque j'étais encore Secrétaire General des services du Premier Ministre, j'étais également Président du Comité de pilotage du projet d'exploitation du Fer de Mbalam et je peux vous dire pour résumer les choses qu'on va produire dans un premier temps et les dix premières années ce qu'on a appelé du fer riche. Mais la onzième année, nous devons produire ce qu'on a appelé le fer pauvre. Mais nous avons besoin au bas mot de presque 900 MW. J'ai dû prendre une décision en tant que membre du gouvernement que nous allons produire l'énergie nécessaire à cette exploitation et un barrage doit être fait pour produire pour un premier temps 400 MW afin d'entamer la production du fer pauvre. L'industrialisation elle-même doit demander suffisamment d'énergie. Ce qu'on a commencé à faire est certes important mais insuffisant pour atteindre les objectifs cités plus haut. Mais ce n'est pas parce que c'est insuffisant qu'il ne faut pas commencer. Un pas après l'autre, si on le fait ce sera déjà du bien car l'on peut espérer bien continuer.

Une autre question sera posée sur la production de pétrole et la baisse du prix du baril qui a impacté sur les futurs projets et le budget du Cameroun. Le Ministre Motaze va ainsi argumenter : " Nous sommes un producteur marginal de pétrole mais avons subi les effets de la baisse du prix du baril. Je ne trouve pas de hiatus Monsieur Nka. Je crois que le pétrole représente 20% de notre budget. Je répète encore que nous sommes un producteur marginal par rapport à d'autres pays producteurs. Nous avons à peu près 100 mille barils par jour. Comparé aux autres qui ont des millions chaque jour, nous sommes mieux. Maintenant par rapport à nos recettes, ces recettes ne sont pas marginales du tout. C'est très important. Si l'on me dit aujourd'hui qu'on a découvert un puits et que le prix a augmenté, je vais sans doute danser. Le pétrole reste un produit important pour nous.

Le Cameroun a aujourd'hui le gaz qui est appelé à prendre une place importante également. Nous avons des réserves importantes et des projets qui ont déjà débutés. Que ce soit le GNL qui concerne la liquéfaction de gaz ou encore les projets qui permettent de transformer le gaz en énergie, le gaz est là pour suppléer progressivement la chute du prix du pétrole à l'international. Comme je l'ai dit, le Chef de l'Etat a toujours insisté sur l'investissement dans l'or vert qui est l'agriculture. Il y a encore beaucoup de chemin pour transformer dans le domaine de l'agriculture mais pour y arriver à cette agriculture de 2nd génération, nous devons avoir des solutions à hauteur de l'importance des défis.

Fer de Mbalam : le boulet. La boîte de pandore s'ouvre enfin

J'ai eu à piloter ce travail qui a abouti à la signature des accords. Comment les choses ont été conçues ? Au depart, l'exploitation du fer de Mbalam a été conçue sous la forme d'un PPP (Partenariat Public Privé). C'est-à-dire que nos partenaires apportent tous les moyens nécessaires. Nous devions signer un accord pour qu'ils exploitent pendant un certain nombre d'années qui était 25 ans. Ils exploitaient un certain nombre de sociétés inclut dans le projet. La première société qui concerne l'exploitation de lamine elle-même s'appelait MINECO. Une autre société qui devait s'occuper du chemin de fer car l'on se souvient qu'il fallait construire 530 km de voie ferrée entre Nabeba au Congo, Mbalam et le port de Kribi au Cameroun. Cette société devait s'appeler CI Railco S.A. La dernière société qui s'appelait PORTCO devait s'occuper de la construction du terminal minéralier qui devait se situer à peu près à 6 km en aval de l'actuel port. Voilà les sociétés qui allaient être créées. Mais le Cameroun a pris 15% des parts dans ces sociétés. Voilà le schéma de base.

Il se fait donc que nos partenaires après avoir trouvés les financements car c'est un investissement très lourd, de l'ordre de 6 milliards de dollars et ayant été reçu par le Chef de l'Etat en Août 2014 lors d'une visite à Washington ; acceptent et avouent être prêts pour le financement. A titre de rappel, les financements à trouver étaient le travail dévolu à CAMIRON et non de l'Etat. Malheureusement, quelques temps après le prix du fer à plonger à l'international et nos partenaires nous ont dit " Cela devient difficile pour eux de financer une opération dont-ils ne savent pas exactement comment elle sera rentabilisée maintenant que le prix du fer a plongé ". Pour certaines matières premières, il vaut mieux les laisser dans le sol que d'exploiter à perte. C'est donc comme cela qu'on n'a pas pu réaliser ce qu'on appelle en jargon technique le " closing financier ". C'est-à-dire on a les partenaires, on a l'argent, ils nous ont déjà dit comment ils vont procéder dans le cadre du projet, etc. Au cours d'une réunion que j'ai eu à participer à Paris, une autre voie a été explorée à savoir passer vers un endettement secondaire c'est-à-dire que compte tenu des blocages, nous envisageons de recommencer à zéro. Au lieu que ce soit encore en PPP (Partenariat Public Privé) où se sont les partenaires qui ramènent de l'argent, le Cameroun reprend le dossier et au lieu d'avoir 15% comme avant, il devient propriétaire. Cela a nécessité qu'on change les contrats et nos partenaires l'ont accepté. Nous sommes rentrés et avons fait la proposition au Chef de l'Etat pour cela. Le Chef de l'Etat a donné son accord et il était question que le Cameroun devient propriétaire de tout alors qu'au départ il n'était qu'un actionnaire simple et très minoritaire. C'est ainsi qu'une délégation de la structure mise sur pied qui s'occupe de cela actuellement est allée en Chine pour trouver d'autres partenaires financiers.

A l'heure actuelle les discussions se poursuivent. Ces nouveaux partenaires ont posé un certain nombre de problèmes. Lorsque le Premier Ministre se rendra en Chine, l'année dernière, ayant été reçu par la plus grande hiérarchie, la Chine a ainsi pu poser le problème majeur qui était de savoir pourquoi les Australiens de SUNDANCE RESSOURCES étaient encore dans les discussions. Ils vont proposer de discuter en bilatéral avec nous. Le Cameroun n'étant pas tout a fait contre, a simplement fait savoir que cela sera impossible. Pourquoi ?

Lorsqu'on parle du projet d'exploitation du fer de Mbalam, il faut savoir que c'est un projet intégré et ce n'est que Mbalam au Cameroun qui fait partie du projet. Il y a aussi Nabeba au Congo. Dans ce projet, il faut également voir que la mine du Congo a les 2/3 des réserves et Mbalam les1/3. Deuxième chose, les Australiens détiennent les droits sur Mbalam et sur la mine de Nabeba. J'ai été l'envoyé spécial du Chef de l'Etat à deux reprises au Congo où j'ai été reçu par le Président de la République S.E Denis Sassou Nguesso pour ce problème du fer de Mbalam parce que le projet actuel prend en compte les 2/3 des réserves qui sont au Congo. Nous avons donc dit à nos partenaires financiers que nous ne pouvons prendre de décisions sans s'en référer à SUNDANCE RESSOURCES et même si nous arrivons à ce que SUNDANCE puisse abandonner le projet au Cameroun qu'en sera-t-il au Congo puisqu'ils possèdent les mêmes droits de ce côté et les 2/3 des réserves du projet y sont. Cela voudrait donc dire que les Congolais s'ils continuaient de travailler avec SUNDANCE allaient plomber le projet. Ce qui fait que ce ne sera plus la même chose avec toutes les études qui ont été faites à savoir la construction du chemin de fer et autres. Je profite pour préciser que les réserves estimées étaient de l'ordre de 35 millions de tonnes. Par contre les instructions que nous avions données pour la construction du chemin de fer étaient de dimensionner pour pouvoir accueillir un trafic de 100 millions de tonnes. Pourquoi ? Simplement parce qu'il y a d'autres gisements à côté. Par exemple, nous savons qu'il en existe à Nkout dans le Sud, plusieurs autres au Congo, au Gabon, etc. D'après nos études, nous avons conclu que tous ces gisements pour autant qu'ils soient exploités seront acheminés par le port de Kribi alors qu'auparavant celui de Pointe Noire avait été retenu. Cela veut dire qu'on ne va pas faire un chemin de fer tout simplement pour l'exploitation du fer de Mbalam. Il faut le redimensionner pour qu'il puise accueillir d'autres cas. L'on pourrait ainsi faire des bretelles qui viendraient se raccorder sur le chemin de fer du projet et direction Kribi. Avec cela, nous comprenons que si nous enlevons les 2/3 des réserves du Congo nous ne sommes plus dans le même volume et devons recommencer les études.

Il faut même aussi savoir que concernant ce projet en extension, tous les protagonistes qui devaient exploiter le chemin de fer devaient payer une redevance pour leur passage à l'entreprise appelée CI Railco S.A.

Maintenant avec tous ses détails, le constat de la situation du fer qui continue à baisser ne favorise pas les choses et ne permet pas d'avoir une visibilité claire sur ce qui a lieu de faire. Nous sommes un peu dans le flou. Lorsqu'on parle de la situation économique qui n'est pas bonne, ce n'est pas de la théorie. L'on veut bien s'engager mais jusqu'à quel niveau ! Je connais assez bien ce projet et je vous assure que le prix proposé dans notre projet a été relativement raisonnable car il n'était pas élevé. La situation actuelle n'aurait fait que consolider les acquis. Dans le monde aujourd'hui, plusieurs projets du même type sont complètement abandonnés et l'on ne peut plus les réaliser du fait de la chute du prix du fer à l'international. Aujourd'hui je puis affirmer que ce projet est extrêmement important mais il souffre de la conjoncture.


Yannick Ebosse
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