Cela a recommencé. Le charivari des appels à candidature de Paul Biya. C'est à nouveau l'appel du peuple pour que le prince accepte de briguer une énième fois la magistrature suprême. De partout montent les supplications afin qu'il pose sa candidature à l'élection présidentielle en principe prévue dans deux ans. Chaque village, chaque département, chaque région va devoir faire entendre sa voix, pour entonner la même chanson : " pardon Paul, ne nous abandonne pas. Représente-toi à l'élection présidentielle parce que si tu n'es pas candidat, le Cameroun est mort ". C'est à qui rédigera le texte d'amour le plus enflammé.
Il y a comme une concurrence entre les divers messages de soutien à " l'homme providentiel ", peut-être même à " l'homme indispensable ". Personne n'imagine le Cameroun sans Biya à sa tête. Que ferons-nous mon Dieu ! Du temps d'Ahidjo, c'était pareil. On pensait que son éclipse ou sa disparition de la scène politique allait sceller la mort du Cameroun. Et pourtant Toutes les forces vives ou les élites sont mobilisées pour inciter très fortement M. Biya à se porter candidat à une élection présidentielle dont on ne connait toujours pas la date. On sait seulement qu'elle est " certaine mais lointaine ". Avec le florilège des appels à candidature, cette élection est de plus en plus proche. D'aucuns suggèrent même qu'elle pourrait être anticipée. Seul le prince est maître du calendrier électoral qu'il conserve jalousement dans sa tête. L'opposition, ou ce qui en tient lieu, s'en désole et enrage. Certains opposants sont fatigués de faire des offres de service pour être ministre. Comme le sont Issa Tchiroma et Bello Bouba Maigari par exemple.
Dans le camp des partisans supposés ou réels de Biya, on est traversé par toutes sortes d'émotions, de sentiments. Certains rêvent depuis longtemps de prendre la place de Biya. L'on a soupçonné en Pierre Désiré Engo de telles velléités et cela s'est très mal terminé pour lui. On a très opportunément découvert qu'il trafiquait de petits problèmes d'argent à la CNPS qu'il dirigeait alors. On l'a mis en prison au nom de la rigueur et moralisation. Titus Edzoa lui, a démissionné de manière fracassante et a annoncé sa décision de défier Biya qu'il a abondamment servi et dont il s'est servi. On a alors découvert qu'il avait volé un peu d'argent. Facture : 15 ans de prison.
Marafa Hamidou Yaya a eu aussi quelques envies de présidence de la République, tout comme Atangana Mebara. Une histoire d'avion présidentiel, le BBJ-II pour le premier et l'Albatros pour le second, les a transportés à Kondengui. On a aussi prêté quelques intentions à Abah Abah, même punition. Le G11 a été écrasé. Beaucoup de ceux qui signent aujourd'hui le nouvel appel du peuple ont tout ceci en tête. Ils savent que Paul Biya est redoutable quand on s'attaque à son pouvoir. Les Mebe Ngo'o, Ze Meka, Louis Paul Motaze voir Fame Ndongo voudraient sans doute être califes à la place du calife. Mais ils savent que l'entreprise est périlleuse. Le lion de Mvomeka a encore des griffes et des dents. Il sait éreinter tous ceux qui rêvent de le remplacer.
Oui, rêve d'éternité. Les ambitieux sont donc obligés de faire profil bas, de faire semblant d'aimer à la folie celui dont ils veulent prendre la place. Joseph Owona, hors course, a beau dire que logiquement, personne de la région du Sud n'a la moindre chance de succéder à Biya, rien n'y fait. Même les prétendants potentiels issus des autres régions doivent se tenir à carreau. Il en est ainsi des Amadou Ali, Talba Malla, Cavaye Yeguie Djibril, Niat Njifendji, et tant d'autres. Tous doivent faire semblant de considérer Biya comme le seul être capable de diriger ce pays. Comme dirait Fame ndongo, c'est le créateur. Ses créatures doivent donc rester au garde à vous. Le G11 a été fracassé. Il semble qu'il y a eu des velléités de G18. Biya veut pousser ces gens à la faute pour mieux les écraser.
Pour la conservation du pouvoir, " Popol " mérite un prix Nobel à vie. Quand en 2004 d'aucuns avaient fêté la mort annoncé de Biya, l'intéressé goguenard avait donné rendez-vous dans " une vingtaine d'années " pour ses obsèques. On y va allègrement. Et le bail peut être prorogé. Jusqu'à l'émergence. Allez Paul Biya, toujours chaud gars. On le lui chante sur tous les tons. En sabotant en douce son action. L'eau, l'électricité sont rationnés dans le pays. Même le discours de fin d'année du chef de l'Etat n'échappe plus à ce rationnement. La SOTUC est un vieux, très vieux souvenir et les citadins s'entassent en ville dans des taxis-brousse. Les routes sont couvertes de nids de poule, en fait de vrais caches d'éléphants. Le vol est institutionnalisé, les organismes comme la CONAC sont une douce plaisanterie.
Le " plan d'urgence " est à l'agonie. On peut citer une foule de choses comme ça qui ne marchent pas mais les thuriféraires de Paul Biya sont toujours de sortie. Certains l'on couvert de boue naguère à l'instar de M. Issa Tchiroma mais aujourd'hui, ils ne sont pas loin de réclamer sa canonisation immédiate. Ils flattent Biya pour qu'il reste au pouvoir et eux avec lui. Mais demain, ils le couvriront de tous les péchés de la terre, à l'heure du bilan.
Essingan : Marie Robert Eloundou
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Laissez nous un commentaire sur cet opinion.