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Le Cameroun Et Ses Contradictions : Sommes-Nous Encore Saints D'esprit Dans Ce Pays-là ? par Hervé B. Menguele

La contradiction, le désaccord, les échanges vifs sont la preuve du foisonnement de l'esprit humain. L'homme est doté d'un sens du rationnel qui le différencie de l'animal, il use de cette raison dans sa fonction sociale et dans les rapports intersubjectifs afin de permettre une coexistence pacifique entre lui et ses semblables malgré la diversité d'opinions et des points de vue. De ces échanges d'idées et d'opinions, jaillit souvent ce qui peut être considéré comme la vérité à un moment donné ; vérité qui n'a pas vocation à le demeurer toujours d'où la permanente nécessité d'une remise en question collective gage du renouvellement.

Dans le mouvement de construction des Etats, les grands principes qui régissent leur fonctionnement sont l'émanation d'une forme de consensus national pour que les institutions mises en place disposent de la nécessaire légitimité qui leur confère un caractère inébranlable. Ces principes posent les bases de comment l'état entend fonctionner pour qu'il soit à l'abris des humeurs et des velléités subjectives des groupes d'intérêts qui se succèdent parfois dans le contrôle du pouvoir politique.

Ces grands principes, pour qu'ils revêtent un caractère consensuel, doivent s'inscrire dans une logique de médiation nationale et leurs conceptions doivent être l'œuvre subjective des sensibilités nationales en termes d'idéologies. Aucune œuvre humaine n'étant parfaite, les grands principes sont appelés à connaitre une évolution certaine en fonction des contingences, le tout dans un esprit républicain.
Mais si un Etat s'enferme dans le tripatouillage, la manipulation, le passage en force pour imposer des principes qui lui semblent les plus adaptés pour favoriser un groupe contre un autre, un tel Etat est en permanence dans une forme de déliquescence qui l'expose à toutes sortes de remous car les fondations ne sont pas solides. Un tel édifice ne peut tenir que le temps de faire illusion mais ne manquera pas, à coup sur, de s'écrouler, de ployer sous les coups inévitables de ses propres contradictions.

Le Cameroun, qui est notre patrimoine commun, donne justement l'impression de n'avoir pas encore intégré l'urgence de mettre sur pieds les grands principes qui devraient régenter la vie même de ce pays-là. Quand une crise explose et qu'elle met à nu le vide viscéral qui nous empêche d'y faire face avec efficacité, la réponse adéquate devrait-être pour la nation, d'ouvrir un débat dans un cadre républicain et de s'entendre sur les nécessaires corrections.

Mais comment comprendre par exemple que le récent drame de l'hôpital de la Quintinie qui a exposé aux yeux du monde la vétusté du système sanitaire national, au lieu d'aboutir sur une prise de conscience sur la nécessité de s'attaquer à bras-le-corps à ce problème aux fins de proposer de meilleures conditions de prise en charge médicale aux Camerounais, aboutisse plutôt à une guerre de tranchées entre les tenants du statu quo qui se livrent à la justification de l'injustifiable et ceux qui, à juste titre, appellent le changement de leurs vœux ?

L'énergie avec laquelle les thuriféraires du régime s'égosillent pour se dégager de toute responsabilité dans la déliquescence du système de santé national ne servirait-elle pas plus le Cameroun si elle était orientée plutôt vers la mise sur pieds d'un véritable plan d'urgence pour apporter des solutions concrètes aux Camerounais ? Nul n'est dupe et chacun a bien compris que la diversion est un outil qu'on manie avec brio dans notre cher pays. Certains vont jusqu'à déplacer la responsabilité du drame national de l'autorité politique à l'individu, le Camerounais étant accusé de ne pas << incarner d'abord lui-même le changement qu'il voudrait imposer à l'Etat. >>

Sommes-nous vraiment encore normaux dans ce pays-là ? Comment en est-on arrivé a un tel degré de malhonnêteté intellectuelle qui frise le paranormal ? Comment peut-on vouloir faire passer l'idée selon laquelle l'homme qui nous gouverne a tout mis œuvre pour permettre l'avènement d'un Cameroun fort mais que la faute réside plutôt en nous Camerounais ; nous les prétendus incapables qui n'avons jamais rien fait pour accompagner sa volonté politique ?

Sommes-nous vraiment encore saints d'esprit dans ce pays-là ? Sinon comment comprendre qu'aujourd'hui, poser la question des institutions de notre pays qui devraient pouvoir survivre aux hommes soit considéré comme une atteinte à la paix  que nous chérissons tous? Comment peut-on prétendre que certains voudraient  causer du tort à leur pays parce qu'ils lui souhaitent de disposer de meilleures institutions ?

Sommes-nous vraiment encore capables de dialectique dans ce pays-là ? Sinon comment expliquer que le simple fait d'évoquer la nécessaire alternance au sommet de l'Etat soit considéré ipso facto comme un appel à l'insurrection au point de se voir affubler de tous les noms d'oiseaux et de subir les velléités vengeresses des services secrets prompts à broyer les voies discordantes ?
Sommes-nous vraiment encore intellectuellement autonomes dans ce pays-là ? Sinon comment comprendre que quand d'aucuns s'offusquent de voir les manifestations publiques et politiques systématiquement interdites simplement parce que le pouvoir redoute l'écho de colère qui pourrait le forcer à changer ses méthodes managériales prévaricatrices et indolentes , certains en soient à manier l'art de la manipulation pour légitimer, justifier, expliquer cette confiscation sans fondement du principe même de la démocratie ?

Le Cameroun connaitra à coup sur des lendemains troubles. Ceci n'est pas une opinion mais une certitude. Troubles parce que justement ceux qui nous gouvernent font exprès de poser le cocktail Molotov qui va ébranler les parodies d'institutions qu'ils rafistolent au gré des humeurs. Ce Cameroun-là est celui qui nous attend et il serait de bon ton de commencer à s'y préparer pour que tous les patriotes prennent enfin conscience de l'urgence de la situation. Il est impératif de se prémunir contre le chaos et cela passe par un consensus national sur la nécessité de laisser une chance à notre pays, au-delà de l'incurie actuelle, de pouvoir amorcer la mise sur pieds des grands principes qui vont assurer sa pérennité. Le Cameroun n'appartient pas à Paul Biya qui est simple mortel comme chacun de nous. Le Cameroun nous appartient tous !

Hervé B. Menguele
Doctorant en Communication Politique et Ecrivain



Hervé B. Menguele

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