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Affaire Koumateke : ce que pensent les avocats membre de la Commission des Droits de l’Homme du Barreau du Cameroun

D’emblée, la Commission relève pour le regretter, que la communication du Ministre de la Santé Publique a par son orientation éditoriale, rendu peu ou pas fécondes, les sorties des responsables de santé public et même privé sans doute au nom d’une crainte révérencielle parfaitement compréhensible au regard des enjeux et des postures des uns et des autres. La Commission des Droits de l’Homme du Barreau note, au terme de son analyse des faits et données objectives, que tous les médecins rencontrés soutiennent la thèse selon laquelle c’est la dépouille et non la personne de Monique KOUMATEKE qui leur a été présentée en ce triste jour du 12 mars 2016, que ce soit en matinée au Centre médical de PK 13 ou à l’hôpital de district de santé de Nylon ou encore en début d’après-midi à l’hôpital Laquintinie. Même si elle ne peut manquer de s’interroger sur la cohérence de telles assertions, au regard de l’écart de plus de 4 heures (8h45- 13h) ayant existé entre le passage dans les deux dernières formations hospitalières, en relation avec l’intérêt à balader un corps aussi longuement.


Ce faisant, le Rapport du Directeur de l’hôpital Laquintinie du 13 mars 2016 fait clairement état de ce qu’à l’origine de l’incident, il y a «l’un des morguiers de service qui évoque la possibilité de survie du foetus sur la base de certains mouvements abdominaux observés et reconduit la famille à la maternité». Ledit rapport poursuit en ces termes: «Rendu à la maternité, les infirmières en service ont maintenu le diagnostic des décès maternel et infantile. Ce qui déclenche des altercations entre la famille et le personnel de soin. Le personnel infirmier se sentant en insécurité se réfère vers la gynécologue de garde qui aurait pu poser l’acte légal de constat de décès, mais cette dernière est  en pleine intervention chirurgicale. L’agitation grandit au sein de la famille, ce qui attire une foule de curieux. Face à cette agressivité grandissante de la foule, le personnel décide de fermer la porte d’entrée de la maternité et d’appeler les secours.» Selon la Commission, ce rapport est, du moins sur ce point précis, en parfaite concordance avec la position de la famille deMonique KOUMATEKE. À savoir qu’il est fort plausible qu’en se rendant à l’hôpital, il y avait encore espoir de sauver la vie, au moins du foetus dont la survie au moment des faits a aussi été soupçonnée par «l’un des morguiers de service» comme le martèle si bien le rapport sus mentionné, de sorte qu’il n’est plus difficile de comprendre la passion qui va s’emparer de la famille, pressée de voir sauver ledit foetus.

 Au demeurant, la Commission estime qu’en décidant «de fermer la porte d’entrée de la maternité et d’appeler les secours» comme le relève le rapport du Directeur de Laquintinie, tout en reconnaissant que«la gynécologue de garde qui aurait pu poser l’acte légal de constat de décès, mais cette dernière est en pleine intervention chirurgicale», il y a là encore un rapprochement à faire avec la version de la famille selon laquelle «la défunte n’a pas été admise au sein de cette maternité et le médecin qui l’aurait consultée de l’extérieur a déclaré son décès et serait reparti sans plus de formalisme».

 La Commission est donc en mesure de penser que de l’admission de l’infortunée à l’hôpital jusqu’à l’incident. Il y a eu peu ou pas de prise en charge, dès lors et surtout que le préposé à la morgue ayant pronostiqué la survie du foetus, la famille était en droit de s’attendre de la part de l’hôpital à une attention aussi bien immédiate que diligente. Sans aller jusqu’à imputer un quelconque des décès (mère et foetus) à qui que ce soit, cela n’étant ni le rôle de la Commission, ni l’objet de la présente enquête, la Commission des Droits de l’Homme du Barreau est en mesure de dire que la prise en charge de la famille KOUMATEKEest fortement sujette à caution, comme pourrait le montrer le seul fait qu’on leur ait fermé les portes au nez et que l’hôpital soit resté totalement passif face à l’extraction des foetus entreprise par la suite au sein même de son enceinte.
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