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Faut-il à tout prix sauver la Camair-Co ? par Eric V. YAKAM


Empêtrée dans d'innombrables difficultés, la compagnie nationale aérienne camerounaise Camair-Co vient de se voir interdire le survol de l'Europe par l'autorité aéronautique pour cause de défaut de production des documents complets nécessaire en prélude à l'audit de cette société. Une autre contrainte qui pousse à s'interroger au péril de quoi faut-il encore faire vivre une société aussi moribonde.La Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) est un grand malade et c'est un truisme que de le dire car notre compagnie nationale aérienne ne fait que survivre, empêtrée qu'elle est depuis des lustres, dans d'innombrables problèmes. Pour cette société d'Etat pompeusement présentée comme "les quelques 2,37 milliards qu'elle doit verser aux différents prestataires ayant participés aux travaux sur le ''Dja'', puis aux dettes à n'en plus finir que la Camair -Co doit à certains fournisseurs dont certains ont une force de blocage, la Camair -Co est devenue une société moribonde.

 Cette compagnie aérienne nationale qui ne jouit que d'une flotte de 5 aéronefs dont le Boeing 737 surnommé "le Dja'' toujours en réfection technique, 2 avions d'origine chinoise les MA60 d'acquisition récente entre autres, peine à survivre dans un environnement fortement concurrentiel. Le personnel de cette compagnie est pléthorique. Le rythme de desserte des lignes tant interne au Cameroun qu'internationales est dilettante. Bref la liste des difficultés de la Camair - Co n'est pas exhaustive et nécessite un audit viable et crédible par une structure agréée.

L'équipe dirigeante de la Camair -Co chapotée par Jean Paul Nana Sandjo, avait été mise au courant de cet audit indispensable pour la sécurité aérienne, il y plus d'un an et se devait de fournir à l'Agence européenne pour la sécurité de l'aviation (Aesa) toutes les informations nécessaires ceci avant le 21 juin 2016. Et c'est faute d'avoir respecté ce délai et aussi pour n'avoir pas fourni un dossier complet, que la directrice de la Cameroon civil aviation authority (Ccaa) dirigée par Mme Paule Assoumou Koki en poste depuis seulement 5 mois, a prise sur elle, de restreindre le Certificat de transporteur aérien (Cta) de la Camair-Co à compter du 21 juin 2016, en excluant la zone Europe et en prenant soin d'en informer l'agence soeur européenne (Aesa) en ces termes : " J'ai d'accuser réception des éléments de dossier envoyé ce jour (21 juin 2016, Ndlr) à l'Agence européenne pour la sécurité de l'aviation (Aesa). Après analyse, il apparait que ce dossier n'est pas complet. Je regrette que vous ayez soumis une documentation incomplète à l'Aesa bien qu'ayant été averti par cette dernière, que vous vous exposiez à un rejet de votre dem a n d e d'autorisation Third Country Opérators (TCO) en cas de non dépôt de la documentation complète avant le 21 juin 2016. Cet état d'impréparation à cet audit majeur, alors que vous êtes au fait de cet audit depuis plus d'une année, compromet non seulement vos perspectives d'exploitation en zone européenne, mais également entame la crédibilité de l'ensemble de l'aviation civile camerounaise.

Il est capital dans ces circonstances, de geler le processus en cours.. Aussi j'ai décidé, à titre conservatoire, de restreindre votre Certificat de transporteur aérien, en excluant la zone Europe et d'en informer l'Aesa " Il est ainsi demandé à l'équipe dirigeante de la Camair-Co de mettre à profit le temps que durera la suspension des vols vers l'Europe, pour effectuer une restructuration et une réorganisation répondant aux exigences de l'aviation civil et de l'évaluation TCO du moins jusqu'en novembre 2016 qui a été fixée comme nouvelle date butoir pour la Camair-Co, de se conformer aux normes internationales. Pour obtenir cette levée de la restriction sur la zone Europe, l'Autorité aéronautique civil camerounaise (Ccaa) s'assurera que des travaux exigés ont été effectués par la Camair-Co pour répondre aux exigences de l'audit Third Country Operators (TCO), avant de demander une réunion tripartite avec l'union Européenne, a tenu à préciser la Dg Assoumou Koki dans sa correspondance.


LA CAMAIR-CO VAUT PLUS QUE QUI ?

A voir ce qu'il faut débourser par l'Etat du Cameroun pour restructurer sa compagnie aérienne nationale, il est fort à croire à l'impossibilité substantielle du pays, à maintenir en vie cette société si moribonde pour des raisons uniquement d'orgueil et de fierté nationale. La Camair-Co est une société de prestige pour des personnes restreintes, appartenant à la haute société. Très peu de Cameroun ont recours à la Camair-Co pour se déplacer. Elle ne vaut pas plus que la Cameroon utilities compagny (la Camwater) qui est chargée de réaliser les points d'eaux aux camerounais et d'accroitre une plus grande disponibilité et accessibilité à l'eau potable aux concitoyens.

La Camair-Co ne vaut pas plus que la Sodecoton dans le septentrion, la Caplami à l'ouest, la Cdc dans le sud ouest entre autres sociétés qui pourtant plus utiles pour les populations, ploient tout aussi sous des dettes qui frisent leurs banqueroutes, alors qu'elles ont besoin de moins de ressources de l'Etat que la Camair-Co pour sortir de l'ornière être plus viable. Dans un pays où le Chef de l'Etat n'a pas d'avion présidentiel, faire survivre une compagnie qui s'avère être un véritable gouffre à sous pour notre pays, reviendrait à se voiler la face. Par ces temps où le pays fait face à la guerre contre la secte Boko Haram, où les routes bitumées sont quasi détériorées et insuffisantes, dans un pays où le ratio médecin-population est encore très faible, où le nombre d'hôpitaux n'est pas satisfaisant, dans un pays où les aviculteurs et assimilés ne demandent que peu dans la fortune publique de l'Etat pour leur venir en aide suite à l'épizootie de la grippe aviaire qui a frapper certaines villes de notre pays, dans un pays où tout est urgent où tout est à reconstruire, privilégier la Camair-Co serait une grave erreur. A ce titre, n'est il pas judicieux de laisser les morts aux cimetières et de s'occuper de ce qui peut accroitre durablement le développent de notre pays à savoir notre agriculture, l'élevage, l'éducation, la santé et les routes ? La Camair-Co a défaut d'être privatisée voir liquidée, ne mérite pas plus que les autres une plus grande attention par ces temps.

Ouest Echos : Eric V. YAKAM
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