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Si l'on me demandait de parler des changements au Sénégal, en Côte d'Ivoire, en Guinée Conakry, au Burkina Faso, au Gabon, aux Congo, au mali, en RCA, au Niger, au Togo, au Bénin je dirais carrément qu'il n'y en a pas eu. Je dirais que l'on a souvent remplacé des geôliers par d'autres et que les peuples sont restés enfermés dans les mêmes prisons.
Mais il y a de vrais changements, de bons. Ce sont ceux qui profitent aux peuples, ce sont ceux qui arrivent et rasent progressivement les pratiques rétrogrades, les textes juridiques et économiques ainsi que des accords désuets (qui sont de grands bagnes où sont jetés les peuples et leurs pays) pour les remplacer par ceux plus aptes à l'éclosion humaine et à la prospérité.
Il y a aussi de faux changements qui sont des non-changements. Ce sont de mauvais ; ils arrivent sous de grands tams-tams de propagandes et nouveaux slogans, sans que ne se fissurent les citadelles où sont contenus les peuples. Ce sont ceux qui ne nettoient pas les vices, les pratiques, les institutions et accords qui font reculer ces pays. C'est le cas des pays suscités et d'autres. Ce sont des mutations-opium du type régressif, figé, extrêmement dangereuses.
Et au lieu de se préparer et préparer leurs peuples pour affronter stoïquement les institutions économiques et politiques vétustes, les accords et les différentes épreuves qui les humilient et les réifient, les dirigeants de l'Afrique francophone dans l'ensemble suivent la voie de Gribouille qui, en réalité, ne supprimera pas les écueils qui bloquent ces pays, même dans deux siècles.
Ces changements mettent en scène trois acteurs ou trois camps. Le camp extérieur où sont ceux qui se cachent derrière les dirigeants-valets pour ruiner les économies de ces pays ; puis le camp des dirigeants avec ceux qui comme eux nagent dans des pratiques nocives et des privilèges et veulent le statu quo ; et enfin le camp du peuple ou de ceux qui, frustrés et stimulés par le patriotisme ou par des intérêts personnels, ne rêvent et n'aspirent qu'à quelque chose de neuf.
Quand il s'agit des vrais changements, les peuples de cette partie d'Afrique ne mesurent pas parfois bien combien dur, périlleux et coûteux il sera d'obtenir ceux-ci. Ils ont un ennemi à leurs pieds qui est leurs dirigeants, et en haut sur leurs têtes tourne l'autre (l'Etat français) prêt à venir au secours des gens au pouvoir si ce n'est les faire partir quand ils sont une menace à ses intérêts.
Dans chacun de ces pays de l'Afrique francophone encore sous le joug de la France, il y a une gestion exclusive ; et comme deux bandits bons amis, les institutions politiques sont à l'image de celles économiques. Elles marchent ensemble, elles s'entraident, elles complotent contre la grande majorité du peuple et l'excluent. L'on va parfois noter des secteurs réservés où des nationaux capables et talentueux ne peuvent entrer ou y ouvrir d'initiatives.
Ainsi, il ne faut pas penser que les vrais changements en Afrique francophone s'obtiendront sans violences et en peu de temps. Il ne s'agit pas de changer des personnes comme au Bénin, en RCA, au Faso, etc. Il s'agit de remplacer un ordre ancien très coriace par un nouveau; il s'agit de jeter les usurpateurs et leurs complices étrangers hors de leur Eldorado de privilèges pour le bonheur du peuple entier. Les enjeux sont colossaux, et exigent de lourds sacrifices.
Par Léon Tuam
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