Présidentielle 2018 au Cameroun : la métaphore métaphorique en guise de résultats en pointillés… (Première partie) par Emmanuel MIMBÈ

 Depuis le 08 octobre 2018, un jour après l’élection présidentielle camerounaise, une lutte de mots (maux ?) est perceptible sur la scène entre les acteurs politiques opposés, principalement entre le Pr. Maurice Kamto, principal challenger, et le pouvoir plus que trentenaire de Paul Biya. 

Le 1er, après des intimidations policières infructueuses, a fini par convoquer la presse et a déclaré que le peuple lui a confié la mission de tirer le pénalty historique qu’il a « marqué ». 

Tollé général dans le camp d’en face : un comité central extraordinaire du parti (la date de la dernière session ordinaire est lointaine, pour ne pas dire incertaine), élargi aux alliés dont il est difficile d’établir le poids politique réel, a été convoqué. Des réactions ne se sont pas faites attendre dont l’une des rares en la matière, celle du secrétaire général en personne, Jean Nkuété, a été enregistrée. Pour l’essentiel, les condamnations, sous l’entourloupe des insultes, fusent. Jacques Fame Ndongo, le Secrétaire à la communication dudit parti et non moins ministre de l’enseignement supérieur, a parlé d’une « déclaration fantasmagorique », lorsque son collègue de l’administration territoriale parlait d’ « auto proclamation » de nature à perpétrer un soulèvement. 

Or, le très rusé Professeur, qu’on a vu en d’autres circonstances tourner en bourrique ses adversaires à l’occasion des procès sur la scène internationale, a bien usé de la métaphore. C’est-à-dire de cette figure de style par laquelle la signification naturelle d’un mot est changée en une autre qui correspond à une comparaison sous-entendue. En effet, ce maitre du droit n’a ni donner des chiffres, ni formellement dit qu’il a gagné le match (l’élection). Car un pénalty, fut-il important dans un match, n’est pas toujours synonyme de victoire. L’on peut en effet marquer un pénalty et perdre le match. Par ailleurs, le camp d’en face ne s’est pas posé la question de savoir quelle était la consigne du koch : était-ce juste d’ébranler le camp adverse afin de tirer avantage au match retour ? (les législatives en l’espèce, qui, dans le contexte camerounais, a formellement des pouvoirs, qui, bien maitrisés, pourraient ébranler l’exécutif). Etait-ce juste une annonce visant à calmer ses supporters afin de justifier les financements reçus et les sacrifices consentis?

Le curieux dans tout ça est que tous les grands « prof » du parti au pouvoir, ses courtisans compris, n’ont pris aucun recul, aucune précaution analytique de nature à comprendre froidement ces propos qui, aujourd’hui, font de ce Professeur de droit, un stratège habile. La preuve, il y a une agitation des grands jours et, de mémoire d’observateurs, seuls Fru Ndi, lors du lancement de son parti en 1990, subit ce genre de « riposte ». Pendant ce temps, l’auteur est resté calme, et a continué d’observer. Il continue depuis lors de faire la une de tous les journaux, nationaux et internationaux, et s’est rendu plus célèbre que n’a été sa démission du gouvernement en 2011.

 Et, sur le tard, les analystes se rendent enfin compte du coup médiatique. Toute honte bue, après de nombreuses menaces les plus expressives les unes des autres, le ministre de l’administration territoriale, vient de réaliser que le professeur jouait sur un tout autre terrain, celui de la langue, la belle langue de Molière ; voilà qui peut expliquer qu’il ait…enfin déclaré que « marquer un but, ne signifie pas gagner le match », ce que Kamto n’a jamais dit…Pendant ce temps, M. Tchiroma, le ministre de la communication, après des menaces, a déclaré lui-même que « personne ne peut gagner des élections au Cameroun, sans le grand Nord, bastion favorable à Paul Biya » ! Entre temps, la commission nationale de recensement des votes a été actionnée un jour après la boule d’air du « président autoproclamé » ( ?!). Décidément, c’est « le cœur du voleur qui bat »…

 Emmanuel MIMBÈ.

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