Il n’existera pas de république djihadiste du Mali. C’est pourtant à ce résultat
qu’aurait pu conduire l’égarement de certains illuminés alors opposés à
l’intervention française par anticolonialisme automatique et dogmatique. Leur
raisonnement délirant est simple : tout fléau que combat la France ou l’Occident
est bien pour l’Afrique. Si des pays occidentaux soutiennent par exemple des
campagnes de lutte contre le sida, alors c’est que le sida est bien pour
l’Afrique et doit au contraire être propagé…En fait, il s’agit pour être sûr
d’être dans la bonne direction, d’adopter à chaque coup le contraire des prises
de positions occidentales. Ce qui conduit fatalement à choisir le mal quand
l’Occident a déjà choisi le bien.
Il vaudrait mieux ne pas s’attarder sur de tels processus démentiels pour
retenir les dernières bonnes nouvelles. A savoir cette présidentielle pacifique
et surtout le beau geste du perdant fair-play Soumaila Cissé : trois jours
avant la proclamation des résultats, ce dernier accompagné de sa famille, est
tout simplement allé rendre visite à son rival pour concéder sa défaite, le
féliciter et lui souhaiter bonne chance.
Cette mémorable initiative patriotique honore toute l’Afrique, cette Afrique
digne dont nous voulons être fiers. Et pas celle du brigandage du patriotisme
que proposaient des pouvoiristes ivoiriens, tentant en vain de substituer
l’imposture d’une « lutte anti-néocolonialiste » à un suffrage refusé dans les
urnes, au point de mettre le feu au pays et de lui retirer quand même quelque
3000 vies humaines.
C’est ici que nous attendons de voir comment l’Occident viendra au Mali pour
créer une crise post-électorale et des violences. Car là où des africains se
comportent de manière mature et responsable, sans violences sanglantes, il ne
peut exister de place pour une rhétorique de l’intervention. L’Afrique ne peut
être le seul continent où il est impossible à des candidats malhonnêtes de
perdre sans que leur « victoire » n’ait été détournée par la France ou les USA.
Et pourquoi pas aussi par la reine d’Angleterre ? L’Afrique ne peut être ce
continent condamné par des « intellectuels » qui pensent que ses dirigeants sont
assoiffés du pouvoir pour servir l’Occident ou alors pour le combattre.
Evidemment, le geste de Soumaila Cissé ne plaira pas à tous, en tout cas pas
aux intellectueurs camerounais dont certains n’hésiteront même pas à
discréditer la démarche, à tenter d’y voir la main obscure de la France (on
n’est jamais au bout de nos surprises avec ces individus-là). L’obscrurantisme
africain considèrera probablement Soumaila comme un vendu qui, au lieu de
privilégier la diatribe anti-français, aura choisi d’imiter et même de faire
mieux encore que les démocrates occidentaux qui passent plutôt un appel
téléphonique à leurs rivaux…
Bien plus, Soumaila pourrait être
ciblé comme un ennemi. Lui qui n’a pas su faire plaisir aux gardiens
camerounais de l’anticolonialisme dogmatique en déclarant par exemple que sa
victoire a été volée ou refusée par la France. Il ’n’a pas non plus dit que ce
sont les Français qui ont voté à la place des maliens comme ils l’ont fait en
2010 en Côte d’Ivoire… Il n’a pas reconnu que « Paris avait rédigé d’avance les
procès verbaux de l’élection ». Il n’a pas dit qu’il allait défendre la
« souveraineté » de l’Afrique pour récupérer sa victoire... Il n’a pas envoyé
de « jeunes patriotes » maliens à la mort pour le « nationalisme »...
Soumaila Cissé n’a pas organisé de violence post-électorale avec son cortège
de victimes. Pour tout cela, il ne sera pas célébré comme un héros
anti-occidental, car ayant lui-même gâché la chance de sa vie de le devenir…
Qu’importe, Soumaila n’a pas pour modèle Laurent Gbagbo dont il garde
certainement le souvenir d’un panafricanisme de haine qui visa et pourchassa
des citoyens ouest-africains (maliens, burkinabés, guinéens, etc.).
Aujourd’hui, le procès de l’imposture nationaliste a été fait et la vérité
est désormais étalée sur la place publique. Et c’est le lieu de nous demander
pourquoi certains « leaders » de l’opposition camerounaise n’ont pas à ce jour
songé à demander pardon d’avoir organisé des manifestations pro-Gbagbo d’appui à
un putsch électoral et à la tricherie. Autant dire la médiocrité et l’imposture
engagées à leur tour au Cameroun dans la course au pouvoir…
Comment oublier ici l’ouvrage « Gbagbo, continuateur de Patrice Lumumba »
d’un certain Enoh Meyomesse et son soutien mordicus à des « institutions
souveraines » répressives et qui subit lui-même en ce moment la répression des
« institutions souveraines » de son pays ? Tel est le salaire que mérite son
égarement. Faudrait-il d’abord recevoir le caillou des « institutions
souveraines» sur sa tête pour savoir que ça fait mal ?
Comment oublier encore l’incroyable contagion émotionnelle et la manipulation
de certains individus qui amenèrent même des parents de Douala à donner le nom
Laurent Gbagbo à leurs nouveaux nés en 2011, du temps où ce dernier s’accrochait
encore au pouvoir ? Ces parents ont-ils depuis lors introduit une demande de
changement de nom ?
A cause de quelques uns et de leur anticolonialisme aveugle et démentiel, les
camerounais passent malheureusement aujourd’hui pour des imbéciles. Il faudra
certainement du temps pour nous débarrasser de cette image et des sarcasmes
subis.
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/ Itonde Diboua : LE GESTE FORT DE SOUMAILA CISSE QUI FACHE LES INTELLECTUEURS CAMEROUNAIS
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