:En 2005, les Etats-Unis d’Amérique ont importé de l’Afrique Sub-saharienne plus
de pétrole que de l’Arabie-Saoudite et du Kuweit réunis; cette situation,
exceptionnelle à ce moment là s’est confirmée au 1er trimestre de 2007 comme
l’indique un briefing du WPR (World Politics Review) date du 31 Octobre de la
même année. La radio Américaine NPR (National Public Radio) rapporte que les
Etats-Unis importent aujourd’hui de l’Afrique pratiquement la même quantité de
pétrole que du golfe persique ; 10,3% contre 12,9%. Dans le même temps, des
études assez crédibles rapportées par InvestorPlace laissent entendre que
l’Afrique noire détient aujourd’hui environ 13% de toutes les réserves
mondiales de pétrole et que ce chiffre pourrait atteindre entre 25% et 30% à
l’horizon 2030.
Cette réalité en elle-même fait passer l’Afrique de la périphérie au centre
même des relations internationales, car le rôle éminemment stratégique du
pétrole est bien connu depuis le début du 20e siècle. Cette nouvelle donne fait
déjà partie intégrante de toutes les projections stratégiques dans les capitales
des pays qui se disent puissants ou qui aspirent à le devenir ; le
positionnement des géants asiatiques est aujourd’hui une évidence, l’oncle Sam
affiche clairement ses ambitions, d’ailleurs, il a créé l’Africom pour protéger
ses intérêts présents mais surtout à venir en Afrique si l’on se réfère aux
travaux de Michael T. Klare ; l’UE essaye de consolider ses positions, et les
pays du BRICK se tiennent en embuscade. Même la presse s’en mêle, comme
l’hebdomadaire the Economist l’illustre bien dans un virement a 180 degrés de
son attitude face à l’Afrique, en effet, cet hebdomadaire titrait en 2000 à la
une de son édition du 13 au 19 Mai ‘ Africa : The Hopeless Continent’, il est
remarquable que, onze ans plus tard dans son édition du 3 au 9 décembre, le
titre soit maintenant ‘Africa is Rising : The Hopeful Continent ‘. Pendant ce
temps l’Afrique dort, et est curieusement indolente dans la mise en échelle des
initiatives prioritaires ayant pour but le contrôle de cette ressource
stratégique.
La question n’est plus de savoir si l’Afrique décollera, mais plutôt de
savoir de quelle Afrique parle-t-on : d’une Afrique sans les Africains, ou alors
d’une Afrique contrôlée par les Africains et pour les Africains.
Au regard de la tendance actuelle, la balance penche plus du coté d’une
Afrique sans les Africains ; les institutions Africaines sont moribondes,
l’assassinat du Colonel Kadhafi a sonné le glas de l’émancipation financière du
continent, il y a une recrudescence des conflits manufacturés de scission. Si
l’Afrique veut prendre son destin en main, il y a une petite fenêtre
d’opportunités qui s’offre à elle, et elle doit agir vite, sinon ce qu’elle a
comme petit avantage aujourd’hui représenterait un rêve qui va rapidement se
transformer en un cauchemar dans le futur proche; le statut-quo actuel n’est pas
non plus acceptable.
Les dirigeants Africains devront franchir des étapes décisives. Parmi ces
étapes, la création des universités du Pétrole devrait avoir une place de
choix ; et pour maximiser leurs efficacités, Il serait préférable que ces
universités soient à caractère régionale. Nous avons besoin de ces Universités
afin de pouvoir réaliser sur le long terme l’objectif du contrôle de notre
pétrole, depuis l’exploration jusqu'à la distribution en passant par la
production et le raffinage, sans oublier le développement d’une industrie des
produits dérives du pétrole.
Ce qui est étonnant est que cela n’ait pas
encore été fait. En observant à travers le monde l’on se rend compte que cela a
été une décision naturelle presque partout où la nature a déposé l’or noir ;
nous pouvons citer quelques exemples dans une liste non exhaustive:
Abu Dhabi Petroleum University (aux Emirats Arabes Unis)
CEPETRO, Center
for Petroleum studies (Brésil)
King Fahd University of Petroleum &
Minerals (Arabie Saoudite)
Les nombreux départements d’ingénierie du Pétrole
et de Géosciences dans les Universités Américaines et Scandinaves, sans oublier
le reste de l’EU et l’Asie
Universidad del Zulia Facultad de Ingeniera
(Venezuela)
University of Adelaide, School of Petroleum Engineering and
Management (Australie)
La liste est comme nous l’avons dit précédemment
interminable ; mais il est déjà à remarquer que presque aucune de ces
institutions ne se trouve en Afrique ; l’Est du continent a un institut
entièrement contrôlé par les compagnies étrangères et offre une formation assez
limitée, la PIEA (Petroleum Institute of East Africa).
Les scandinaves ont
poussés le sérieux tellement loin qu’ils sont considérés aujourd’hui comme les
meilleurs non seulement en matière de plateformes maritimes, mais aussi pour ce
qui est du transport de ces plateformes. Ne laissant rien au hasard, ils ont
aussi créé la ‘ Scandinavian Institute of Maritime Law ‘, Institut dans lequel
est enseigne entre autre le Petroleum Law (Droit du Pétrole).
L’Afrique doit bien sûr rattraper son retard dans ce domaine dans le même
temps, elle doit s’arranger à taper dans toutes ses autres ressources qui sont
indispensables dans la mise en valeur de son pétrole, notamment les ressources
humaines et énergétiques d’un cote, et la mise en valeur de ses terres fertiles
de l’autre. Là dessus également l’Afrique a un potentiel énorme ; aujourd’hui,
avec son milliard d’habitants, l’Afrique représente 1/7e de la population
mondiale, d’après le rapport de 2013 du : African Economic Outlook, cette
population va doubler à l’horizon 2050, de sorte que, un habitant sur cinq a ce
moment la sur la planète sera Africain ; qui plus est, notre population est
jeune ; environ 50% de la population a moins de 20 ans. Mais aucun projet
d’envergure ne peut se réaliser sans la mise à contribution des ressources
énergétiques suffisantes. Là aussi nous sommes bénis des dieux ; si nous nous
référons au livre de Cheikh Anta Diop: Fondements Economiques et Culturelles
d’un Etat Fédéral d’Afrique Noire; notre potentiel hydraulique serait suffisant
pour la couverture de tous nos besoins énergétiques ; en effet, d’après cet
auteur, l’Afrique noire possèderait également à peu près la moitié de toutes les
réserves hydrauliques mondiales. L’énergie solaire ne serait pas non plus une
mauvaise piste à explorer.
Parvenir à la maitrise complète de nos ressources va demander beaucoup de
travail; la démission qui consiste à vouloir maintenir le statut-quo n’est pas
une option viable ; aujourd’hui nous dépendons essentiellement des rentes, or il
n’y en a pas assez pour tout le monde, d’où la multiplication des conflits
fratricides téléguidés qui endeuillent notre continent et nous empêchent de
progresser; or au vue de la pression démographique ci-dessus mentionnée, la
situation risque de devenir incontrôlable. Et même si par bonne fortune la rente
devenait suffisante et était redistribuée de façon équitable, nous serions
toujours dans une situation défavorable sur le long terme, car trop dépendant du
cours des matières premières et des caprices des marchés Occidentaux ; en effet,
si l’on se réfère au modèle utilisé par The African Economic Outlook 2013, une
baisse de 1% du PNB dans les pays de l’OCDE, se traduit par une chute d’environ
10% des recettes d’exportation de l’Afrique.
L’Afrique n’a pas d’autre choix que de s’industrialiser, et nous savons tous
que l’Université bien pensée est essentielle dans ce processus ; nous avons déjà
dis que ce sera une entreprise difficile à réaliser car elle trouvera sur son
chemin beaucoup d’ embûches, autant endogènes qu’exogènes ; les embûches
exogènes vont recouvrir plusieurs formes dont les deux suivantes sont
probablement les plus significatives.
I. Les brimades, et les obstructions de ceux qui se considèrent comme les
ayants droit naturels de toutes les ressources de la planète, ces brimades et
obstructions s’opèreront à travers toutes les institutions de contrôle qu’ils
ont si judicieusement mises en place.
II. L’instrumentalisation de certains Africains cupides dans le processus de
sabotage du projet d’émancipation de l’Afrique.
Sans vouloir m’étendre sur ce
sujet, j’ai juste envie de dire aux uns et aux autres que : une Afrique forte
économiquement serait un bien inestimable pour l’économie globale, j’ai même
tendance à croire que la plupart des problèmes économiques du monde
d’aujourd’hui trouverons un dénouement positif naturel avec l’émergence de
l’Afrique par les Africains et pour les Africains. Une Afrique sans les
Africains comme certains théoriciens l’envisagent déboucherait sur un désastre
pour l’économie du monde ; car ces théoriciens commettent l’erreur monumentale
de modéliser l’économie du monde comme un jeu a somme à zéro; or toutes les
données empiriques nous prouvent au contraire que la prospérité économique
global est un jeu dans lequel tout le monde sort gagnant.
En conclusion, je dis aux Africains qu’ils ont aujourd’hui une occasion
unique de réhabiliter leur image si dangereusement écornée et négativement
entretenue par les media Occidentaux; ou ils vont s’unir dans l’effort et
relever les défis qui s’offrent à eux, ou ils vont se perdre dans les petits
jeux, et rester à jamais des petits joueurs sur le plan global. Vous avez le
choix, mais gardez présent à l’esprit que quelque part dans le monde, certaines
personnes sont entrain de théoriser votre disparition.
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