Les débats n’ont pas eu lieu au Conseil Constitutionnel malgré les deux nuits
que nous y avons passées. Le système est verrouillé, cadenassé ! Les débats ont
été absent à la Chambre Administrative de la Cour Suprême qui ignorant
l’existence des Chambres Administratives dans les 10 régions de notre pays, a
choisi de tout concentrer à Yaoundé ! Voilà autant de difficultés qui convoquent
en nous cette interrogation. L'union nationale est-elle une idée stupide ? Quand
un pays se trouve, comme le nôtre aujourd'hui, devant un mur de problèmes à
résoudre, elle apparaît logique. Mais, comme chacun sait, logique n'est pas
nécessairement camerounaise.
Le Cameroun a une longue tradition d'occultation des difficultés que son
système politique n'a cessé d'entretenir, avec autant de cynisme que de
pleutrerie. A quelques exceptions près, les représentants des différents
pouvoirs, tenez politiques, médiatiques, législatifs, économiques, les
différents syndicats et autres corporations, les militaires et autres corps
habillés ont toujours joué la défausse devant les réformes qui s'imposaient : «
On ne peut pas le dire, on ne peut pas le faire », « le Cameroun est
particulier, nous ne voulons pas les forces étrangères chez nous », « nous
souffrons mais nous prendrons tous les armes comme un seul homme pour nous
défendre contre l’envahisseur » tels sont les différents refrains qui nous sont
servis ici.
Désormais, tout le monde a compris, sauf peut-être dans les coins de la
République les plus régulés, dans nos villages où l’on n’a jamais su d’ailleurs
que le Cameroun existe, que nous sommes arrivés au bout d'un système et qu'il
faut le changer. Nos institutions sont à bout de souffle, elles n’ont ni été
renforcées, ni consolidées encore moins rénovées. L’héritage colonial tombe en
ruine face à une colonie de fonctionnaires affairistes, paresseux et en panne
d’imagination. Notre endettement a dépassé la barre des 90 % par rapport au PIB.
Nous avons un effectif de fonctionnaires sur le papier qui ne correspond à rien.
De nombreux bandits et prévaricateurs de la fortune publique se baladent à
travers le monde tout en percevant un salaire de la fonction publique. Le plus
gros contingent de ces agents se recrute dans le monde des enseignements
(maternel, primaire, secondaire et universitaire). L’écrivain Patrice Nganang
est la parfaite illustration de ce monde. Parti du Cameroun pour un stage en
linguistique en Allemagne cet enseignant des lycées continue à émarger à la
fonction publique camerounaise. Dans les années 90 l’INJS a envoyé une vingtaine
de ses cadres enseignants au Canada parmi lesquels Ngoa Nguélé l’actuel
directeur de cette école, il est certainement le seul à avoir regagné le
Cameroun. Beaucoup de ces enseignants dispensent des enseignements à divers
titres aujourd’hui dans les universités canadiennes et américaines tout en
percevant un autre salaire au Cameroun.
Il m’arrive d’échanger avec les uns et les autres qui se contentent
simplement d’affirmer que le salaire qu’ils perçoivent au Cameroun s’occupe des
problèmes du Cameroun ! Aucun alors ne réalise qu’il commet un double crime,
celui de priver son pays d’origine d’un poste physique à la fonction publique
mais aussi qu’il perçoit un salaire qui devrait revenir à quelqu’un d’autre qui
lui, est au chômage. Pouvons-nous continuer, devons-nous continuer à nous
endetter pour payer les factures d’une incompétence sociale qui prend
aujourd’hui de l’eau de toute part ? N’est-il pas temps de prendre conscience
qu’il faut passer à autre chose, ne devons-nous pas construire pour les
générations futures ?
Le Président Paul Biya et son gouvernement ne sont pas en état de mener la
politique d'assainissement des comptes qui permettrait de remettre le Cameroun
sur pied et de retrouver la croissance. Pour le Libéralisme communautaire n’est
plus en mesure de redresser la barque Cameroun. Les membres du RDPC se sont
enfermés dans le déni bien qu’il y ait une minorité qui perçoit que tout est
fini. L’ensemble du peuple camerounais est aujourd’hui convaincu que le
Président Paul Biya, n’a plus dans son propre camp, une majorité pour des
réformes profondes. S'il veut faire quelque chose des cinq ans qu’il lui reste,
le président est condamné à rebattre les cartes et à ouvrir le jeu. Son règne
est loin derrière lui, il est aux affaires depuis 1963, Président de la
République depuis 6 novembre 1982. Long oui trop long déjà.
Sinon, le
Président Paul Biya, encloué dans son fauteuil de Mvoméka quand il peut y être,
sera appelé à subir une sorte de supplice chinois jusqu'à la fin du présent
septennat : les mauvaises nouvelles continueront de lui tomber sur la tête comme
les gouttes d'eau des bourreaux au temps de l'empire du Milieu. Pour se
soustraire à ce sort funeste, il a une solution : donner un coup de pied dans la
fourmilière de notre système moribond. Personne ne l’écoute plus, ni ses
Ministres, ni son Secrétaire Général, ni son Directeur du Cabinet Civil, oui il
faut du sang neuf dans la maison et ceci de façon urgente et dans tous les
compartiments de la maison.
La descente aux enfers du Président Paul Biya dans son propre camps risque,
si ce n'est pas déjà fait, de le paralyser et de le transformer en ce qu'on
appelle, aux Etats-Unis, un président "canard boiteux" quand, après avoir perdu
les élections générales de mi-mandat, il est condamné à coller les timbres ou à
inaugurer les chrysanthèmes en faisant le moins de bruit possible.
Or, en ces temps incertains, rien ne serait pire que l'immobilisme. Le
Cameroun est entré dans une crise de nerfs dont on ne voit pas la fin. Il lui
faut tout réinventer. Son contrat social. Son "vivre ensemble". Ses fondations
économiques. Sans parler de l'intégration sous régionale, qui, faute de projet
et de vision, est en train de s'effilocher sous nos yeux impuissants.
Que nous soyons en 1845, date de la fondation de l’espace public moderne dans
notre pays avec la création et l’ouverture de la première école par le Pasteur
Merrick ou en 1960 date de l’indépendance du Cameroun francophone, que nous
soyons dans une autre époque, cela revient au même : le Cameroun va mal et il
faut bouger. Même si aucun politicien n'ose le dire ouvertement, beaucoup, dans
tous les camps, savent ce qu'il faut faire. Il faut s’unir, il faut aider les
populations à comprendre et à suivre.
La solution, c'est l'union nationale autour de personnalités raisonnables de
toutes les forces politiques du Cameroun qui tenteraient, dans un délai de
dix-huit mois, de rétablir les comptes publics en engageant deux ou trois des
grandes réformes urgentes qu'aucun gouvernement n'a su mener à bien au cours des
dernières décennies (Éducation nationale, système de santé, mille-feuille
administratif, les transports et les travaux publics, l’eau et l’énergie etc.).
Nos routes tuent aujourd’hui plus que hier, ce sont les familles entières qui
disparaissent parfois c’est trois générations grands-parents, enfants et
petits-enfants, le Dr Ella, son épouse et leurs cinq enfants, le sergent Belibi
son épouse et leurs six enfants et tout ceci à intervalle de deux jours ! Nous
devons aller au-delà de l’émotion et nous poser des questions vraies justes et
surtout agir. Nos hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs et comme tout
mouroir on y va en trainant les jambes. Même si, depuis leur camp respectif, nos
hommes politiques s'envoient des noms d'oiseau, il y au Cameroun assez de
politiciens prêts à faire passer l'intérêt de l'État et de la collectivité avant
celui de leur boutique. C'est du moins ce qu'on veut croire.
L'union nationale reste une spécialité allemande, et c’est l’Allemagne qui a
fondé la vie politique moderne au Cameroun ; elle est donc encrée dans la
tradition politique camerounaise. Martin Paul Samba, Douala Manga Bell, le chef
Mandola l’ont porté jusqu’à la fusillade et la pendaison. Le Président Ahmadou
Ahidjo l’a fait aussi en appelant à l’unité nationale durant ses 25 ans de
règne, les camerounais ont appris à vivre en peuple et non plus en ethnies, en
tribu. Oui les Camerounais ont eu à s’en plaindre sans doute, le parti unique à
céder la place au multipartisme avec ce que cela comporte comme richesse au
niveau des idées mais aussi au niveau des hommes et des femmes responsables
politiques. Dans tous les cas et exemples cités, nous pouvons dire que l’unité
nationale a permis de poser les bases d’un redressement et a fortifié la paix
entre les différents peuples présents ici.
Sans doute l'union nationale ferait penser à un retour au parti unique qui
rimerait avec pensée unique mais que non. Mais, au point où nous en sommes, le
délitement actuel creuse de plus en plus en profondeur le fossé qui sépare les
uns et les autres. Le Cameroun est au bord de l’éclatement et les différents
recrutements dans les forces armées et autres forces de défense nationale n’y
peuvent rien. Les armes n’ont jamais construit ni consolidé la
paix.
Bon. Dites-moi combien êtes-vous disposés à publier ce texte ?
Avez-vous une idée de ceux qui le liront de la première ligne à la dernière sans
s’ennuyer ? Sans s’arracher les cheveux, sans crier au scandale et au sacrilège
? Monsieur les directeurs de publication vous pouvez maintenant arrêter de
sourire ou de vous moquer. Je refuse de croire cependant que cette suite d’idées
agencées est simplement un rêve. Alors si tel était le cas, un rêve qui, s'il se
réalisait, nous changerait la vie. Depuis le temps, la rouerie et le mensonge
n'ont cessé de faire tomber le Cameroun. Pourquoi ne pas essayer maintenant la
naïveté et la transcendance ?
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