Dans sa dernière sortie épistolaire, l'ancien secrétaire général de la
présidence de la République et non moins ancien ministre d'Etat en charge de
l'Administration territoriale et de la Décentralisation a diantrement oublié de
s'intéresser au cas Aminatou Ahidjo qui pourtant a fait l’événement dans le
cadre de la campagne électorale du scrutin couplé du 30 septembre dernier. A
dessein sûrement. Voici pourquoi.
Marafa Hamidou Yaya, embastillé à la prison secondaire de
Yaoundé sis au secrétariat d'Etat à la Défense en charge de la gendarmerie (Sed)
a remis ça. Une autre lettre, au moment même où le Cameroun vibre au rythme de
la campagne électorale qui a conduit les électeurs dans les urnes le 30
septembre 2013 dernier. Pour ce «prisonnier de luxe» qui a choisi la voie
épistolaire pour ne pas se faire oublier dans son cachot, après avoir, des
années durant, côtoyé les hautes sphères de la République et avoir été souvent à
la baguette à pareille occasion, se taire aurait été un crime de lèse pseudo
majesté. Et c'était sa 7ème sortie. Tantôt adressée au président de la
République qui l'a pourtant fait roi parmi les plus illustres inconnus d'une
certaine époque, tantôt au peuple camerounais qu'il tente désespérément de
prendre à témoin alors qu'il a activement participé à sa paupérisation.
S'agissant donc de la récente lettre de Marafa Hamidou Yaya relative au double
scrutin auquel les Camerounais viennent de participer massivement, l'ancien
ponte du régime se met dans une vraie fausse posture républicaine. Une
découverte sur le tard? Assurément.
En tout cas, dans un registre dans
lequel il se découvre des talents d'économiste de la première heure, Marafa
Hamidou Yaya entendait cadrer le vote des Camerounais dans le cadre du double
scrutin du 30 septembre. «Ma responsabilité est de mettre le pays en face des
réalités qui l'attendent au cours des cinq prochaines années et qui vont former
le cadre de son avenir», argue-t-il dans son pamphlet désuet au peuple
camerounais. Et l'ex¬Minatd de se jeter dans un terrain qu'il semble ne guère
maîtriser: ce qu'il appelle les réalités qu'il décline en 3 axes:
l'accroissement de la population camerounaise entre 2013 et 2018; l'instabilité
aux frontières du Cameroun; la préparation de l'après Biya.
Dans la
foulée, le pensionnaire du Sed se croit avoir l'aura de proposer des solutions.
A quelle heure? A quelle heure? Scande un observateur qui voit en Marafa l'un
des principaux architectes du régime Biya? Et de s'en prendre aux théories
économiques qui feraient faire retourner Joseph Thundjang Pouemi de sa tombe. Le
Cameroun doit changer son modèle économique en la diversifiant et en lui
trouvant «des chemins de croissance». Comme si sa mémoire commençait à lui jouer
des sales tours, l'ex-Minatd, affirme mordicus que le Cameroun n'est pas
gouverné.
Aussi redit-il que le problème c'est le poste de Premier
ministre qu'il faut supprimer. Du coup l'homme nous rabâche sa trouvaille, une
pâle copie du fruit de ses lectures de prison qu'il a appelé «la société de
confiance» avec des solutions du genre copier-coller venues d'ailleurs. Non sans
appeler à un «Cameroun uni, mobilisé, rassemblé» qui se projettera en «un pays
courageux, capable de relever tous les défis et de faire face à toutes les
menaces». Voilà en quelques clichés, la participation de Marafa Hamidou Yaya au
débat électoral pour lequel il est contraint d'assister en spectateur du fond
d'une cellule de prison 5 étoiles pour vol et viol de la fortune publique. Des
faits pour lesquels il a écopé de 25 ans de prison ferme. Même si ses amis
estiment qu'il n'a rien pris à l'Etat et que son embastillement est une affaire
politique.
Vraie-fausse posture républicaine
Et pourtant, pour certains observateurs, après le flop de
ses premières correspondances où Marafa Hami¬dou Yaya ne manquait pas de faire
allusion au Cameroun qu'a laissé Ahmadou Ahidjo, l'on se serait attendu que
l'ex-Sg/Pr, de sa posture d'ancien architecte en chef du pouvoir de Yaoundé, se
penchât un temps soit peu sur le retour au bercail d'Aminatou Ahidjo, fille
cadette du premier président de la République au Cameroun et surtout de son
engagement à soutenir les listes du Rassemblement démocratique du peuple
camerounais (Rdpc) dans le cadre des élections législatives et municipales du 30
septembre dernier. A moins que notre sortie dans le cadre de ce dossier ne lui
donne des ailes pour se rattraper, on a beau cherché dans les lignes de sa 7ème
correspondance du fond de son cachot pour trouver l'ombre d'un mot, d'une
virgule, d'un point sur celle qui, à l'unanimité aura fait le printemps du
double scrutin du 30 septembre à travers le pays. Mais pourquoi donc Marafa
Hamidou Yaya aura choisi de ne pas dire mot sur Aminatou Ahidjo ?
Pour répondre à cette lancinante interrogation, des voix
autorisées à Garoua et dans l'ensemble du Grand Nord croient avoir la réponse
idoine. Ce d'autant plus que dans ses précédentes lettres, l'ancien Minatd
semble se positionner comme la voix la plus autorisée pour parler de l'héritage
d'Ahmadou Ahidjo. Pour certains, Marafa Hamidou Yaya aura perdu de son latin et
pourrait en aucun cas s'attaquer à la fille cadette du premier président de la
République du seul fait qu'il aura échoué à une mission à lui confiée de fait
par le président Paul Biya, à savoir celle de réconcilier le pouvoir de Yaoundé
à la famille du premier président de la République.
Et comment?
Une source proche des
milieux politiques de Garoua indique que, choisi à dessein par le président Biya
pour mener secrètement à bien cette mission au lendemain du putsch manqué du 6
avril 1984, Marafa Hamidou Yaya aura plutôt abusé de la confiance du président
de la République pour se faire sa propre carrière d'homme d'Etat. C'est ainsi
que, notent les mêmes milieux, au lieu d'œuvrer à tout instant de cette délicate
mission, il aura profité de la confiance placée en lui pour bâtir sa propre
machine.
La preuve toujours selon les mêmes milieux, aucun coup de fil à
la veuve du premier président de la République, aucune marque de gentilles¬se
vis-à-vis de cette famille. Et pourtant, l'homme ne faisait que gravir les
échelons dans la haute classe de la République, pendant qu'il renvoyait aux
calendes bantoues, la résolution de ce problème de plus en plus épineux au fur
et à mesure que les années s'écoulaient. Égoïsme quand tu nous tiens! En tout
cas, à défaut de créer son propre parti politique, on peut dire sans risque de
se tromper que la plupart des pontes politiques du Grand Nord qui se sont jetés
dans la bataille politique en créant des partis politiques tribaux et régionaux
ont de tout temps revendiqué l'héritage d'Ahmadou Ahidjo. C'est d'ailleurs le
cas de Bello Bouba Maïgari, qui dans sa manœuvre politicienne avait réussi le
tour de force, de recruter aux forceps Badjicka Ahidjo ou encore Koultoumi
Ahidjo, la femme de l'autre. Il est aujourd'hui appelé à Garoua la photocopie
après avoir berné les populations que l'Undp était le parti d'Ahmadou Ahidjo.
Le retour au bercail d'Aminatou Ahidjo, la fille cadette du
premier président de la République du Cameroun et son entrée fracassante au
Rdpc, une continuation de l'Unc de son feu père, démontre à suffire qu'elle est
la seule à incarner le sang d'Amadou Ahidjo. Et en décidant de ne pas parler de
son retour, Marafa Hamidou Yaya tente tout simplement par cette occasion un
retournement de veste en tentant de se mettre dans une posture
républicaine.
Commission de rétrocession
D'ailleurs, pour d'autres observateurs, Marafa Hamidou Yaya,
aujourd'hui ou demain ne tentera pas de s'attaquer à cette jeune fille au moral
d'acier et à l'intelligence avérée, tant il sait que pareil acte pourrait
s'avérer suicidaire pour ce sicaire tardif du régime Biya. Et pour cause,
indiquent certains connaisseurs des affaires de Garoua, du Grand Nord et du
Cameroun, Marafa Hamidou Yaya sait très bien qu'il fait partie de ceux-là qui
ont fait main basse sur l'héritage matériel d'Ahmadou Ahidjo. Ces
connaisseurs-là, sans être exhaustifs indiquent avec forces détails que le
«palais présidentiel» de l'ex-Minatd, toujours en chantier malgré son
incarcération au quartier Marouaré à Garoua et qui s'étend à perte de vue sur
des hectares de terrain est bel et bien un terrain titré, appartenant à Ahmadou
Ahidjo.
Marafa Hamidou Yaya, des sources proches de la sous-préfecture
de Garoua 2, n'y dispose d'ailleurs pas de permis de bâtir. Idem pour la cossue
résidence de l'ancien Dg de la Sodecoton, Iya Mohamed, lui aussi aujourd'hui en
indélicatesse avec la justice pour une gestion épicière de la Sodecoton. Info ou
intox? Toujours est-il que nos sources à Garoua se souviennent du mauvais rôle
qu'aurait joué Marafa Hamidou Yaya auprès de la Commission de rétrocession des
biens d'Ahmadou Ahidjo dirigée par Innocent Alinga Ateba, alors Sg/Minfi en
1996, qui avait étalé au grand jour son manque d'objectivité. Marafa aurait donc
influencé cette commission pour que certains biens d'Ahmadou Ahidjo ne soient
pas visibles.
Il est donc suffisant qu'autant Marafa Hamidou Yaya
esquive Aminatou Ahidjo, son retour à Garoua et au Cameroun puisse donner des
ailes aux radicaux qui croient voir leurs positions de pouvoir perturbées. Aussi
peut-on instrumentaliser quelques désœuvrés pour partager des tracts à gauche,
ou encore allumer quelques pneus sur le pont de la Bénoué. Une chose est
certaine, ces petites intimidations n'ont pas eu raison de l'engagement de la
jeune dame, qui s'il en était encore besoin, à démontrer sa pugnacité face à
l'adversité digne des grands patriotes camerounais à l'instar de son père de
regretté mémoire. Et pourtant, la vérité est là. Marafa Hamidou Yaya ne
représente que la machine d'affidés qu'il a mise en place. Son bilan ne serait
que dans sa ville natale parle tout seul. «Tout pour lui, avec sa femme et les
jouisseurs impénitents sawa, rien pour les autres», conclut un Djaouro (chef
traditionnel) de Garoua.
Tout le contraire d'un Samuel Eboua qui avait
usé de sa position de pouvoir pour faire de Nkongsamba l'une des grandes vile du
Cameroun ou encore d'Haman Adama qui, tout au long de son passage au ministère
de l'Education de base aura fait construire de nombreuses salles de classes dans
le Grand Nord en général ou encore du Lamido Alim Garga Hayatou qui use autant
que faire se peut de sa posture pour rapprocher les centres de santé des
populations du Nord.
Marafa Hamidou Yaya répond curieusement aux abonnés
absents dans ce registre. En définitive, l'effet Aminatou Ahidjo a créé un effet
de surprise comme seul sait le faire Paul Biya, dans sa posture de Grand maître
de la conduite des affaires du Cameroun. Celui-là qui sait ouvrir les brèches du
côté où on l'attend le moins.
Voilà comment il vient de couper l'herbe
aux pieds de ceux qui avaient eu la mauvaise idée de se faire une fortune et une
certaine notoriété sur le dos de l'héritage d'Ahmadou Ahidjo. En tout cas, ce
sont les Bello Bouba Maïgari, Youssouf Adidja, Yaou Aïssatou et bien d'autres
qui ne semblent pas voir d'un bon œil l'arrivée d'Aminatou Ahidjo au moment où
le Rdpc est souvent critiqué pour le vieillissement et l'usure de sa classe
politique. Selon des sources introduites, Youssouf Adidja aura été celle-là qui,
publiquement a affiché son animosité vis-à-vis d'Aminatou Ahidjo. C'est donc
naturellement qu'Aminatou Ahidjo aurait, à son tour, décliné son invitation à
déjeuner à sa résidence de Garoua. Youssouf Adidja était obligée de transférer,
toute honte bue, ses mets à la résidence du gouverneur pour tenter de se
rattraper.
Le soutien et la tournée d'Aminatou Ahidjo à travers le
territoire national est déjà en soi une plateforme de réconciliation du régime
Biya avec l'Histoire. Une plateforme à laquelle tous les Camerounais devraient
adhérer. Sans réserve.
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