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Issa Tchiroma Bakari explique au Camerounais pourquoi le prix du carburants et du gaz a été augmenté

Monsieur le Secrétaire Général du Ministère de la Communication, Monsieur l’Inspecteur Général, Messieurs les Conseillers Techniques, Madame, Messieurs les Inspecteurs,Madame, Messieurs les Directeurs et Chefs de Divisions,Chers Collaboratrices, Chers Collaborateurs,Mesdames, Messieurs les Journalistes,Chers Invités, Je voudrais tout d’abord, une fois de plus, vous souhaiter une chaleureuse bienvenue dans cette salle de conférences de mon Département ministériel qui vous est désormais familière, à l’occasion de l’échange que j’ai souhaité avoir avec vous sur la dernière actualité relative, comme vous le savez certainement déjà, à l’augmentation des prix des hydrocarbures à la pompe, rendue publique depuis hier, 30 juin 2014, et effective à partir d’aujourd’hui, 01er juillet 2014.

Au terme de cette décision prise par le Gouvernement, les prix des hydrocarbures à la pompe se présentent désormais ainsi qu’il suit :
-    le litre d’essence super passe de 569 francs CFA à 650 francs CFA, soit une augmentation de 81 francs CFA ;
-    le litre de gasoil passe, quant à lui, de 520 francs CFA à 600 francs CFA, soit une augmentation de 80 francs CFA ;
-    en ce qui concerne le gaz domestique, la bouteille de 12 kilos et demi passe de 6 000 francs CFA à 6 500 francs CFA, soit une augmentation de 500 francs CFA ;
-    le prix du litre de pétrole lampant, qui concerne les populations les plus défavorisées, reste inchangé, à hauteur de 350 francs CFA.
À titre de rappel, la moyenne des prix réels des hydrocarbures à la pompe et du gaz domestique, c’est-à-dire ceux qui auraient été appliqués en dehors de toute subvention de l’État, se présentent ainsi qu’il suit :
-    le super, 825 francs CFA le litre, soit une différence de 175 francs CFA ;
-    le gasoil, 770 francs CFA le litre, soit une différence de 170 francs CFA ;
-    le pétrole lampant, 705 francs CFA le litre, soit une différence de 355 francs CFA ;
-    la bouteille de gaz domestique de 12 kilos et demi, 9 230 francs CFA, soit une différence de 2 730 francs CFA.
Il est à noter que chacune des différences que je viens d’évoquer dans le rapport entre le prix réel hors subvention et les nouveaux prix appelés à être pratiqués, continue d’être supportée par l’État, au bénéfice des consommateurs.
L’État ne laisse donc pas à l’abandon les consommateurs, puisque la subvention aux prix des produits pétroliers demeure. Elle est simplement réduite, dans une proportion, somme toute, raisonnable, en tout cas, de nature à permettre au budget de l’État de mieux la supporter.
Les différents réajustements opérés, qui exceptent ou affectent d’une manière relative les hydrocarbures, en fonction de leurs utilisations prioritaires par les différentes couches sociales, et en rapport avec leur niveau de revenus, répondent à la nécessité, devenue impérieuse, de tenir compte, dans les grands équilibres macroéconomiques de la Nation, de la hausse tendancielle des cours du pétrole brut sur les marchés mondiaux, corrélée avec la charge toujours plus croissante des coûts liés à la subvention des prix des hydrocarbures à la consommation finale des ménages et des différents usagers, sur le budget de l’État.
Vous vous souvenez en effet qu’au cours de l’année 2008, le Chef de l’État, Son Excellence Paul BIYA, soucieux d’alléger le poids de l’inflation sur le coût de la vie et le pouvoir d’achat de nos populations – laquelle inflation était elle-même due à des causes exogènes liées à la crise financière et économique mondiale – avait décidé, entre autres mesures, de procéder au blocage des prix des hydrocarbures à la pompe, par une subvention publique directement financée à partir du budget de l’État, via la Société Nationale de Raffinage (SONARA).
Ce mécanisme d’assistance aux prix à la consommation finale des produits pétroliers à la pompe a, de 2008 à 2013, coûté à l’État la somme de 1 200 milliards de francs CFA.
Rien qu’au terme des six premiers mois de l’année en cours, les subventions versées par l’État, s’élèvent à 157 milliards de francs CFA, soit un montant cumulé, depuis 2008 jusqu’à ce jour, égal à 1 357 milliards de francs CFA.
À la lecture de ce chiffre, qui représente à lui tout seul, 36% du budget de l’État pour l’année 2014, on prend parfaitement la mesure de l’incidence de la subvention des prix des produits pétroliers sur la capacité du Gouvernement à consacrer des ressources publiques conséquentes aux nombreux projets sociaux, éducatifs et infrastructurels, nécessaires à l’amélioration du bien-être des populations, ainsi qu’à celle de notre taux de croissance, qui conditionne pour une part déterminante, la réalisation des objectifs d’émergence de notre pays à l’horizon 2035.
Il importe en effet d’indiquer que le montant cumulé de la subvention de l’État aux prix des carburants à la pompe, soit 1 200 milliards de francs CFA de 2008 à 2013, tel que je viens de le relever, correspond à 120% du budget d’investissement public de l’exercice 2014.
Il équivaut à cinq fois le budget des Travaux Publics, quatre fois celui de l’Éducation de Base, des Enseignements Secondaires et de l’Enseignement Supérieur, tous les trois pris ensemble.
Cette somme aurait par ailleurs permis de réaliser quatre barrages hydroélectriques, comme celui de Lom Pangar, six hôpitaux de référence, ou encore la construction de 2 400 kilomètres de routes bitumées.
De plus, la SONARA, à travers laquelle l’État intervient pour opérationnaliser la subvention des prix des hydrocarbures à la pompe, est elle-même aujourd’hui menacée dans sa survie, en raison de la pression exercée sur son équilibre économique et financier, par le poids de son intervention dans le processus de mise en œuvre de cette subvention.
En effet, la raffinerie de la SONARA, avec une capacité actuelle de l’ordre de 2 millions de tonnes de produits raffinés par an, est techniquement capable de satisfaire la demande nationale telle qu’elle s’exprime aujourd’hui, à hauteur de 1,85 million de tonnes par an.
Consciente de l’évolution rapide de la consommation nationale en produits pétroliers, qui est actuellement d’environ 9% par an pour l’essence super et le gasoil, la SONARA avait entamé en 2009, un grand projet structurant d’extension et de modernisation de son outil de production, avec pour but de porter sa capacité de traitement à 3,5 millions de tonnes de produits raffinés par an, d’accroître le traitement des bruts camerounais et d’améliorer, de ce fait, sa rentabilité et sa compétitivité.
S’agissant de la capacité de la SONARA à raffiner les bruts camerounais, il faudrait tout de suite préciser qu’à l’origine, cette raffinerie avait été conçue pour traiter majoritairement des bruts légers dont la présence demeure encore marginale dans la production pétrolière de notre pays.
La raison en est qu’à sa création en 1981, la production réelle du Cameroun étant encore particulièrement faible, et qu’elle n’était constituée que d’un brut léger, en l’occurrence celui appelé « brut kolé », la rentabilité de la raffinerie imposait une importation d’autres bruts légers en provenance de gros producteurs, tels que le Nigeria, le Gabon ou encore l’Angola.
Mais au fur et à mesure que les recherches pétrolières évoluaient en s’intensifiant, la production camerounaise allait connaître une augmentation sensible, mais en brut lourd, pour lequel la SONARA n’était pas équipée en termes de raffinage.
La conséquence en est que la SONARA se trouve aujourd’hui en situation de devoir importer des bruts légers pour le raffinage desquels elle est équipée, afin de satisfaire la demande locale, même s’il est vrai que la proportion de ces bruts dans la production nationale commence à connaître un certain accroissement, avec notamment la mise en exploitation des gisements d’Ébomé au large de Kribi. 
Nonobstant l’option initiale qui avait été prise pour le formatage technologique de la SONARA, en la spécialisant majoritairement dans le raffinage des bruts légers, le projet global de mise en place de cette unité industrielle de premier plan, avait prévu une évolution progressive vers le traitement des bruts lourds qui caractérisent encore à l’heure actuelle la grande majorité de la production pétrolière camerounaise.
La première phase de ce projet, appelée « projet d’extension et de modernisation », prévue pour parvenir à son terme en septembre 2014, est estimée à 220 milliards de francs CFA environ. 
La seconde phase, dont le marché vient d’être attribué, est quant à elle chiffrée à 350 milliards de francs CFA, soit au total 570 milliards de francs CFA pour l’ensemble du projet. 
Mais, en raison de la charge toujours plus croissante que le niveau des subventions fait peser sur les finances de l’État, celui-ci éprouve de plus en plus de difficultés à honorer à temps ses engagements vis-à-vis de la SONARA.

Pour l’année 2014 –  donc l’année en cours – et à titre d’illustration, 220 milliards de francs CFA avaient été budgétisés pour couvrir les manques à gagner de la SONARA issus de l’application du prix subventionné pour les hydrocarbures à la pompe. 
Mais aujourd’hui, alors que nous ne sommes qu’à mi-parcours de l’année budgétaire, ces prévisions sont déjà en dépassement de plus de 100 milliards de francs CFA, et les projections pour la fin de l’année, estimées quant à elles à 450 milliards de francs CFA, au lieu de 220 milliards initialement prévus.
Quant aux créances dues par l’État à la SONARA, et au titre de cette politique de subvention, elles se situent à l’heure actuelle autour de 300 milliards de francs CFA, alors que dans le même temps, le cumul des impayés des engagements de la SONARA vis-à-vis de ses partenaires et autres fournisseurs, s’élève à 550 milliards de francs CFA.
Dans un tel contexte, la situation de la SONARA est en train d’atteindre un seuil critique préoccupant.
Sa trésorerie ne lui permet plus d’obtenir des lignes de crédits, nécessaires à l’achat des pétroles bruts en quantité suffisante, pour satisfaire les besoins du marché intérieur, au point que la SONARA s’est trouvée dans l’obligation de baisser le volume de sa production, de 340 mètres cubes par heure à 200 mètres cubes par heure, de manière à éviter un arrêt total de ses unités de production.
Le déficit de production qui s’en est suivi a contraint l’État à souvent faire recours aux importations de produits finis, qui exposent directement le marché intérieur aux fluctuations des cours mondiaux.
Face à cet état de choses, qui revêt un réel caractère d’urgence et de gravité, le Gouvernement a donc dû prendre la décision de procéder à un réajustement des prix à la pompe, tel que je vous l’indiquais tantôt, afin d’éviter l’effondrement total du système, et de s’aligner sur l’orthodoxie de la régulation des marchés pétroliers nationaux à travers le monde.
Mais néanmoins, la mesure adoptée ne met pas un terme au principe de la subvention des prix.
Celle-ci, c’est-à-dire la mesure qui vient d’être prise par le Gouvernement, a simplement pour effet de ramener lesdites subventions à un niveau supportable par les finances publiques.
Ainsi, c’est dans une proportion inférieure à 50% en moyenne que cette subvention se trouve aujourd’hui diminuée, avec une structure qui se présente désormais comme suit :
-    le coefficient d’ajustement passe de 57,47 francs par litre à 36,68 francs par litre pour le super, et de 65,21 francs par litre à 39,22 francs par litre pour le gasoil ;
-    la subvention sur le cabotage, c’est-à-dire, le transport des produits pétroliers, de la côte maritime sur l’Océan Atlantique jusqu’au port d’estuaire sur le Wouri entre Limbé et Douala, passe de 7,92 francs par litre à 5,42 francs par litre pour le super, et de 8,23 francs par litre à 5,73 francs par litre pour le gasoil ;
-    la redevance portuaire passe de 2,38 francs par litre à 1 franc par litre pour le super, et de 2,72 francs par litre à 1,34 franc par litre pour le gasoil ;
-    le passage dépôt passe, pour le super et le gasoil, de 12,45 francs par litre à 6 francs par litre;
-    le fonds de lutte contre la fraude passe à 0,21 franc par litre à 0 franc par litre pour le super ; de 0,16 franc par litre à 0 franc par litre pour le gasoil ; et pour le pétrole lampant, de 1,87 franc par litre à 0 franc par litre ; il est donc supprimé dans les trois cas ;
-    la Taxe Spéciale sur les Produits Pétroliers (en abrégé TSPP) passe de 120 francs par litre à 80 francs par litre pour le super, et de 65 francs par litre à 60 francs par litre pour le gasoil ;
-    les postes libéralisés passent de 55,24 francs par litre à 52,24 francs par litre pour le super, et de 44,64 francs par litre à 41,64 francs par litre pour le gasoil.
Je souligne néanmoins qu’en dépit de la réduction de cette subvention qui entraîne un réajustement des prix des hydrocarbures à la pompe, la moyenne de ces prix au Cameroun demeure encore largement en deçà de celle applicable dans les pays à niveau de développement comparable au nôtre.
De plus, pour accompagner les couches socio-professionnelles susceptibles d’être les plus affectées par ce réajustement des prix, le Chef de l’État a décidé des mesures d’accompagnement suivantes, qui seront prises sans délai :
-    d’abord, le maintien des prix du litre du pétrole lampant à son niveau actuel, à savoir 350 francs CFA, tel que je l’indiquais tantôt ;
-    ensuite, la réduction de 50% du montant de l’impôt libératoire applicable aux populations à bas revenus ;
-    la réduction de 50% de la taxe de stationnement ;
-    la réduction de 50% de la taxe à l’essieu ;
-    la revalorisation des salaires des agents publics ;
-    et enfin, le début immédiat des concertations paritaires, en vue de la revalorisation du SMIG, c’est-à-dire du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti.
S’agissant de la revalorisation des salaires des agents publics, le Ministre des Finances est d’ores et déjà en train de procéder aux études et simulations y afférentes, afin de les adresser à qui de droit.
Quant à la revalorisation du SMIG, elle sera, dans les tout prochains jours, soumise à l’examen de la Commission Consultative Nationale du Travail, compétente pour connaître de ladite question. Le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale a, à cet effet, adressé aux membres de ladite Commission, les convocations d’usage.
Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Voilà donc présentés, l’économie, les tenants et les aboutissants de la mesure gouvernementale qui vient d’être prise.
Au nom du Gouvernement, je demande à nos populations de recevoir ces ajustements avec beaucoup de responsabilité, de compréhension et de civisme, de ne céder à aucun moment à quelque manœuvre d’instrumentalisation dont elles pourraient être la cible, et dont le seul dessein serait de mettre à mal la paix et la stabilité dans notre pays.
Je leur demande de bien comprendre qu’une telle mesure comporte des effets induits, au bénéfice du progrès de la Nation tout entière et de la relance de notre politique d’investissement, gage de la marche du Cameroun vers l’émergence à l’horizon 2035.
Je les exhorte à comprendre qu’une telle mesure, pour autant qu’elle puisse à première vue, paraître comme contraignante pour leur pouvoir d’achat, s’avère en réalité indispensable pour l’amélioration de l’équilibre global de notre économie, et partant, de leur bien-être et de leur épanouissement au plan social.
Nous devons tous garder à l’esprit que le développement et le salut de chaque Nation nécessite, à un moment donné, une dose de sacrifices à laquelle il faut se consacrer.
Le Cameroun ne saurait échapper à cette contrainte.
J’ai évoqué plus haut quelques réalisations qui auraient pu être opérées entre 2008 et 2013, n’eût été le poids de cette subvention sur le budget de l’État, et qui nous a contraint à recourir à des emprunts généralement en provenance de bailleurs de fonds étrangers.
Ces emprunts, nous devrons les rembourser. Peut-être pas nous-mêmes en tant que êtres physiques, mais à coup sûr, ceux qui demain nous succèderont dans l’existence de notre pays, c’est-à-dire notre progéniture et notre jeunesse d’aujourd’hui.
Or, le souci de tout parent n’est-il pas de léguer à sa postérité un héritage à la fois saint et viable ?
Une telle vertu nécessite donc aujourd’hui, que nous puissions en faire le sacrifice.
J’invite donc nos concitoyens à adhérer à cet impératif, qui n’était plus ni une option, ni un choix, mais qui était devenu une nécessité, dans un élan de responsabilité, de citoyenneté et de patriotisme, conscient du soutien qu’elles ont toujours apporté au Chef de l’État, Son Excellence Paul BIYA, dans sa quête permanente de l’amélioration du bien-être collectif et de la lutte contre toute forme de discrimination, quelle qu’en soit la nature ou la destination.
À vous les journalistes, femmes et hommes des médias, j’en appelle aussi à votre devoir de responsabilité et de citoyenneté, pour jouer pleinement le rôle de médiation sociale, que notre Nation est en droit d’attendre de vous ; une médiation au service des valeurs fondamentales de notre pays, à savoir, la paix, l’unité et la solidarité nationales.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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