Il est effectivement difficile de juger a priori de l’opportunité ou de la non opportunité d’une hausse des prix des matières premières et des denrées de premières nécessité qui s’ensuit dans un pays assez fragile comme le Cameroun. Pourquoi ? Par ce qu’il faut d’abord tenir compte de l’ensemble des paramètres de la situation.
Quelle est la situation de la majorité des ménages au Cameroun ? Est-ce que le Camerounais moyen est capable de supporter une augmentation du coût des matières premières élémentaires nécessaires à sa vie quotidienne ? Ça, c’est la bonne question.
Deuxième question : est ce que l’Etat a d’autres solutions que celles qui passent par l’augmentation des prix du carburant qui entraine, comme on le sait, une augmentation en chaîne des autres prix ? Est-ce que l’Etat peut procéder autrement que ponctionner davantage le portefeuille du citoyen lambda qui, comme on le sait, est bien souvent dans ce pays en difficulté ?
A la première question je réponds que les chiffres de l’Institut national de statistique du Cameroun que j’ai consultés indiquent que 60% de la population vit pratiquement avec moins de 2 dollars américains par jour. C’est-à-dire que le Cameroun est très clairement un pays dont l’écrasante majorité de la population est pauvre. Vous imaginez donc que dans ces conditions, demander à un pauvre de payer un peu plus, c’est littéralement demander à un manchot de prendre son courage à deux mains.
Pour répondre à la deuxième question qui se pose, j’ai tendance à penser que lorsqu’un gouvernement veut imposer une politique d’austérité à sa population, il doit d’abord lui-même se l’imposer. Lorsque des magistrats veulent imposer à une collectivité une politique de rigueur, ils doivent commencer par se l’imposer à eux-mêmes. Mon observation immédiate c’est que le gouvernement camerounais, les responsables de l’Etat du Cameroun aujourd’hui, mènent un train de vie clairement incompatible avec la politique d’austérité qu’ils imposent à la population.
Est ce que les ministres, le Premier ministre, le chef de l’Etat, est ce que tous ceux qui décident de la politique camerounaise aujourd’hui se sont imposés à eux-mêmes des mesures d’austérité et de rigueur ? J’ai tendance à répondre par la négative à cette question. Si on ne s’impose pas à soi même des politiques d’austérité et de rigueur, c’est-à-dire la réduction du train de vie des responsables principaux de l’Etat eux-mêmes (ce qui suppose par exemple qu’ils déclarent leurs biens), il serait peut-être temps que tout le monde respecte la loi. Si on déclare tous ses biens dans un pays comme le Cameroun, eh bien, on peut dire la part de ces biens qu’on accepte de céder à l’effort collectif. Donc, on montre qu’on paie ses impôts. Quand on montre ça à ses concitoyens, on peut leur demander de faire des sacrifices.
Le Camerounais de base qu’on peut interroger dans un taxi, dans un avion, un aéroport, un marché, a le sentiment qu’on lui demande de payer plus, mais que ceux qui lui demandent de payer plus, eux, ils paient toujours moins. D’ailleurs, on a parfois le sentiment qu’il y a des gens qui vivent dans les meubles de la République depuis qu’elle existe. Donc qui sont payés, nourris gracieusement par la mamelle de cet Etat, mais qui en permanence demande à la population de se sacrifier pour que leur train de vie à eux soit maintenu.
Je dirai donc pour ma part, que l’augmentation du prix des produits de premières nécessités est un coût de grâce à l’espérance économique du Camerounais moyen. C’est un attentat à sa sécurité économique.
Mais, il y a eu les mesures palliatives prises par le gouvernement, notamment le relèvement des salaires des fonctionnaires de l’ordre de 5%...
Combien de Camerounais sont fonctionnaires ? Je vous dirai volontiers, oui, toutes ces mesures s’appliquent à des populations qui ne sont pas les premiers à être meurtries. Au Cameroun, quel pourcentage de la population est fonctionnaire ?
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