Opinions Nouvelles

Opinions Nouvelles
Opinions pour mieux comprendre où va le monde

Dieudonné Yebga, président national du Manidem, partage ses opinions.Propos recueillis par Yves Junior Ngangue


Quelques mois après son élection à la tête du Manidem, nous avons rencontré le nouveau président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie, dans un quartier huppé de la capitale économique Douala, dans un entretien-vérité, il nous livre ici ses impressions sur tous les  sujets brûlants de l'heure.

<< Monsieur Biya n'est plus fréquentable,  nous pensons qu'il y a une certaine puissance qui voudrait placer à la tête du Kamerun quelqu'un de fréquentable, et que pour cela il faut dégager l'actuel président pour positionner celui-là. Nous au Manidem nous disons que nous n'allons pas aider les étrangers à venir diriger notre pays, pour cela nous voulons sauver le Kamerun et non pas le gouvernement RDPC. >>

<< Le Boko Haram Kamerunais n'a rien à voir avec la  secte  islamique qui sévit  au Nigéria. Nous disons donc sans jouer sur les mots que c'est une rébellion qui est entrain de se constituer dans le grand Nord. Face à cette situation, je trouve d'ailleurs beaucoup d'analogies avec ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire ou encore en  Lybie, ceci étant dit, il est évident que ce sont les forces extérieures- exogènes -qui veulent déstabiliser le Kamerun. Pour le cas échéant, nous disons donc non et non ! >>


Président Dieudonné Yebga, vous avez  récemment été porté à la tête  du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie, comment s'est déroulée votre élection ?
Merci déjà pour avoir pris la peine de venir nous rencontrer, l'élection à laquelle vous faites allusion s'est déroulée au sein du comité national de coordination (CNC) qui  s'est tenu  le 02 septembre 2013 à Bafoussam. C'était un CNC qui était initialement prévu pour le  02 Août 2014, il a été reporté d'une semaine. Qu'est-ce qui a donc poussé le parti à élire son président ? Il se trouve qu'après avoir  fait un tour d'horizon  de la situation sécuritaire de notre pays,  nous avons constaté que le Kamerun était  en guerre avec la secte Islamique Boko Haram, ceci se justifie notamment  par le nombre élevé de rapts et d'attaques  perpétrés par le susdit groupuscule dans la partie Nord. C'est donc compte tenu de  cette conjoncture  et puisque le parti n'avait plus de président, depuis la mort du camarade Abanda Kpama,  que l'option de l'élection d'un nouveau dirigeant--au congrès--avait été prise.

Est-ce que Dieudonné Yebga n'est pas un simple faire-valoir, un homme de paille de l'ancien président du Manidem, M. Anicet Ekané ?

Pour répondre à votre question, je vais vous faire une simple  illustration. Du temps où l'ancien héros de la lutte antiapartheid   était encore vivant, imaginons un seul instant qu'on dise que Nelson Mandela se trouve dans un hôtel à Douala et le président Jacob Zuma, dans un autre hôtel à Yaoundé, où iront les journalistes ? Voilà la question ! Ceci étant, dire qu'un tel est le  faire-valoir ou l'homme de paille d'un tel autre, sans en apporter les éléments de preuve,  est une grave erreur d'appréciation.

Vous avez dit  il y a quelques instants parler de Boko Haram  qui  vient justement de perpétrer une attaque qui a fait dix morts dans une contrée du grand Nord---il y'a quelques jours--quelle est la lecture de votre parti par rapport à ces évènements malheureux ?

La lecture de notre parti relativement à cette affaire d'agression au Nord, est que nous pensons objectivement que le nom qu'on a voulu endosser à ce mouvement << Boko Haram >> n'est pas véritablement le sien. Le Boko Haram Kamerunais n'a rien à voir avec la  secte  islamique qui sévit  au Nigéria. Nous disons donc sans jouer sur les mots que c'est une rébellion qui est entrain de se constituer dans le grand Nord. Face à cette situation, je trouve d'ailleurs beaucoup d'analogies avec ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire ou encore en  Lybie, ceci étant dit, il est évident que ce sont les forces extérieures- exogènes -qui veulent déstabiliser le Kamerun. Pour le cas échéant, nous disons donc non et non !

Est-ce que vous ne trempez pas là dans la divination, parce que quelques uns y voient déjà la main cachée d'une puissance étrangère que nous  ne nommerons pas ici, faute de preuves... sinon le président Dieudonné  Yebga a-t-il  les preuves de ses allégations ?

Si vous voulez les preuves comme M. Biya l'avait dit : où sont les preuves ? Je vous invite tout simplement à décrypter les évènements, à lire la géo politique. A la lecture de quelques signaux, il apparaît de plus en plus  que M. Biya n'est plus quelqu'un de très fréquentable.

Président Yebga les partisans de l'actuel chef de l'Etat vous dirons qu'il a néanmoins été invité au sommet Afrique-Etats-unis par le président Obama ?

J'en arrive. Mais souvenez-vous aussi qu'il y a quelques mois, le même Barack Obama a fait le tour de l'Afrique sans poser les pieds au Kamerun, très récemment  François Hollande, le chef de l'Etat Français  l'a aussi fait  en  effectuant un  séjour au TCHAD...

Au sujet du locataire de la maison blanche, sa relation avec l'homme du 06 Novembre ne serait pas aussi calamiteuse, si on en croit une récente photographie parue à la  grande Une du quotidien  progouvernemental Cameroon Tribune, sur les images on aperçoit quand même les couples Obama et Biya tout sourire, preuve que tout va pour le mieux...

Le couple Biya est aux États-Unis, figurez-vous aussi que Barack Obama a fait les photos avec tous ses invités, c'est de la simple courtoisie. Il ne pouvait pas tout de même pas dire que je ne prends pas la photo avec un tel, ni un tel autre. De ce point de vue, ces clichés ne confirment rien. Sinon, Barack Obama est-il une seule fois venu au Kamerun ? Voilà la question ! Revenons sur le cas François Hollande qui était juste à quelques kilomètres de chez-nous, il ya trois ou quatre semaines. Bien avant lui, Nicolas Sarkozy n'était  également jamais venu au Kamerun tout au long de son mandat, ce sont des signes qui ne trompent pas. Monsieur Biya n'est plus fréquentable, nous pensons qu'il y a une certaine puissance qui voudrait placer à la tête du Kamerun quelqu'un de fréquentable, et que pour cela il faut dégager l'actuel président pour positionner celui-là. Nous au Manidem nous disons que nous n'allons pas aider les étrangers à venir diriger notre pays, pour cela nous voulons sauver le Cameroun et non pas le gouvernement RDPC.

Vos allégations corroborent justement avec une opinion assez répandue, au sujet de la localisation de l'opération Barkhane au Tchad, quelques uns estiment que le pays du président Idriss Deby ne devait pas servir de base à ce dispositif, les informations distillées par certains médias font d'ailleurs état de ce que ce sont les forces Tchadiennes qui planifieraient les attaques dans le grand Nord, sous le couvert de la France, dites-nous quelques mots là-dessus...

Tout ce que nous pouvons dire c'est que  toutes les attaques qui sont  perpétrées au Kamerun sont planifiées et implémentées  par une force extérieure qui peut venir du Tchad, de Centrafrique, du Soudan ou on ne sait trop où... mais nous avons fait le constat qu'au départ les Kamerunais n'y étaient pas. Serait-on, peut-être entrain d'introduire quelques Kamerunais  pour bien habiller l'affaire, ça  nous n'en savons  rien. Mais nous sommes au moins  100%  sûrs que c'est un complot  émanant d'une puissance étrangère.

Dans ce cas de figure et tel que vous le réitérez si bien, le Cameroun ne serait-il pas en danger, c'est-dire dans une situation de guerre latente... ne perdons pas également de vue qu'un autre front subsiste  dans la partie Est, avec les rebelles Seleka et Antibalaka qui peuvent frapper à nos portes à tout moment ?

Cela va de soi. Lorsque nous avons tenu le dernier comité national de coordination (CNC) qui a permis l'élection de ma modeste personne, comme président du Manidem,  nous avons fait un tour de la situation et nous avons constaté que  le Kamerun était dans une situation difficile. Si nous ne faisons pas attention, nous risquerons d'arriver à  la même situation que la Côte d'Ivoire ou   la Lybie, pour cette raison nous avons une proposition  très simple à faire au gouvernement de la république. Compte tenu  du fait que le président Biya est un dirigeant illégitime, il ne peut donc pas objectivement demander au peuple Kamerunais de défendre une quelconque portion de  notre territoire. Or, si c'est un patriote qui est porté à la tête de l'Etat, il est clair que son message sera suivi d'effets immédiats, alors les Kamerunais par millions n'hésiteront pas un seul instant à défendre le pays. Face à cette situation, nous demandons à Monsieur Biya d'organiser urgemment les Etats généraux de la nation à l'issue desquels il sortira un gouvernement de transition qui va préparer les élections présidentielles, législatives, municipales et sénatoriales,   c'est au bout de ce processus qu'adviendra un président légitime.

Paul Biya a  récemment  été réélu pour un énième bail  de sept ans, septennat qu'il a inauguré sous le sceau des grandes réalisations, lui demander de partir à mi mandat sous le prétexte que le Cameroun est en danger ne serait-ce  pas  de la pure folie ?

Il serait sage pour Paul Biya de quitter les choses avant que celles-ci ne le quittent, nous avons vu des chefs d'Etat mille fois plus puissants que lui  chassés du pouvoir, dans des conditions que nous ne souhaitons aucunement pour notre pays. Voyez-vous ! Notre devoir en tant que patriotes et fils de ce pays est de donner des conseils, et c'est celui-là que nous donnons au président Biya.

De votre point de vue, les forces armées Kamerunaises n'ont-elles pas le potentiel humain et matériel capable de parer à toute éventuelle rébellion, en quittant le Kamerun pour les États-Unis il y a une semaine, Paul Biya alléguait justement qu'il avait envoyé suffisamment de moyens en matériels et en hommes dans le grand Nord...

Aucun pays de notre continent ne peut venir à bout d'une telle attaque tout seul, il faut avoir des alliés puissants. Dire que le Kamerun a les moyens de sa défense serait faire preuve d'une bonne dose de naïveté... tout seul, il est évident que le Kamerun ne fera rien !

Après l'embuscade perpétrée par des hommes lourdement armés  contre sa résidence de Kolofata,  le vice-premier ministre Amadou Ali a estimé avoir été l'objet d'une négligence de la part de nos forces de défense, on parle notamment d'un allégement substantiel du dispositif sécuritaire dans cette zone réputée à risque...

Concernant l'attaque de Kolofata, qui suivant les allégations de M. Tchiroma,  avait été perpétrée par 200 hommes, étant donné  que les autorités en charge des questions sécuritaires ont évoqué le chiffre d'un renfort de  500 militaires envoyés dans le Nord avant l'incident...reconnaissons qu'on ne pouvait pas mobiliser la moitié de ce contingent pour la seule protection d'Amadou Ali, fût-il vice premier ministre et éminent ponte du régime. Kolofata n'est qu'un village, je pense que le ministre Ali n'a pas besoin de plus de quatre hommes pour lui tout seul, s'il veut se constituer une milice, là c'est compréhensible.

Certains propos de Paul Biya lors de l'interview qu'il a accordée à quelques journalistes de la presse publique ont été jugés outrageants et à la limite même blasphématoire vis-à-vis des martyrs de notre indépendance...un parallèle a vite été fait par le président, entre Boko Haram et la bande à Um Nyobe, Moumié et les autres...

J'ai lu cette déclaration de M. Biya  avec beaucoup d'amertume et de déception, il faut qu'on le pardonne, il ne sait pas ce qu'il fait. Quand il en vient  à comparer des grands nationalistes de la trempe de : Um Nyobe, Roland Félix Moumié aux terroristes de Boko Haram, c'est dommage !
Surtout que Boko Haram reste un ennemi sans visage...

Merci pour la précision... j'ai aussi été heurté par le fait que M. Biya se targue d'avoir apporté la démocratie au Kamerun, alors que nous savons tous qu'elle a été acquise au bout d'un processus laborieux et ardu qui est passé par les villes mortes où beaucoup de nos compatriotes ont péri. On ne peut pas comparer ceux qui ont  ourdi et porté ces mouvements aux gens de Boko Haram, que Biya arrête de se moquer des Kamerunais...

Parlant du complot qui serait en phase d'implémentation contre le Kamerun, ne pensez-vous pas comme certains observateurs que l'augmentation des coûts des hydrocarbures était le prélude de ce plan machiavélique, ne fallait-il pas dans un premier temps mettre le pays dans un chaos irréversible, avant de précipiter la chute du régime... souvenez-vous qu'en février 2008, tout était parti d'une tentative d'augmentation qui portait sur 20 ou 15 FCFA,  aujourd'hui nous sommes passés à 90 Fcfa, n'était-ce pas une façon implicite de fragiliser le président sur le plan interne...

Le complot contre le Kamerun  est réel, la longévité de Paul Biya au pouvoir est un problème pour les occidentaux. Mais l'augmentation du pétrole ne pouvait pas avoir les mêmes effets qu'en 2008, étant donné qu'il y avait en toile de fond, le problème de la modification de la constitution. Cette fois-ci, le régime s'est arrangé avec les syndicats de transporteurs pour que le prix du taxi soit augmenté au détriment du peuple, pendant les négociateurs, beaucoup d'argent aurait nous dit-on, circulé dans  les coulisses. Une fois de plus, permettez-moi de dire que le régime s'est trompé, lorsqu'à la rentrée les parents se rendront compte que les livres coûtent plus chers, et qu'il faut donner beaucoup plus d'argent aux enfants pour le taxi, chacun tirera alors les leçons de la grosse supercherie.

L'un de nos récents invités  a estimé que le sommet Afrique-États-Unis est un sommet absolument inutile étant donné que le Cameroun n'est pas dans la zone d'influence des États-Unis, qu'en dites-vous ?

Je ne pense pas que ce soit un sommet inutile, surtout pas pour les États-Unis qui essayent ainsi de conquérir de nouveaux marchés.

Quelques mots sur le premier bateau qui a accosté en juin dernier au port de Kribi, n'est-ce pas une grande réalisation qui se réalise...
Deux bateaux ne peuvent pas accoster en même temps, dans ce port... est-ce une grande réalisation qui se réalise ? Je n'en sais rien... Lorsque nous aurons deux, trois, cinq bateaux,  je changerai peut-être d'avis. Pour le moment, c'est une petite réalisation.

Brossez-nous en quelques lignes le bilan des 32 ans de règne de Paul Biya ?

Après dix ans, on devrait laisser le pouvoir... à la lecture du discours de Biya  peu avant son envol pour les États-Unis, on a comme l'impression qu'il ne contrôle plus rien, qu'il ne gouverne plus.
Est-ce que le gouvernement Yang peut conduire les Kamerunais vers la prospérité tant escomptée ?
On ne peut pas juger ce gouvernement, mais on peut juger le système pris globalement. Ceci étant, le système de Biya est un système inerte, si Biya aime le Kamerun, il faut qu'il accepte nos propositions.
Depuis quelques semaines, Marafa Hamidou Yaya est interné au CHU, il se dit qu'il pourrait bénéficier d'une évacuation sanitaire, qu'en pensez-vous ?
Ce serait une grande première qu'un prisonnier soit évacué, peut-être le régime  a-t-il peur, qu'une fois évacué prisonnier, il revienne comme président de la république.
S'il vous était donné de juger l'opération épervier...
Ce n'est pas une opération d'assainissement des moeurs publiques, mais c'est plutôt une opération de lapidation  contre d'éventuels rivaux politiques.


                                                Propos recueillis par Yves Junior Ngangue

Cordialement,
Yves Junior Ngangue | 
juniorngangue2@yahoo.fr
Partagez sur Google Plus

About BIGDeals

This is a short description in the author block about the author. You edit it by entering text in the "Biographical Info" field in the user admin panel.
    Blogger Comment
    Facebook Comment

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Laissez nous un commentaire sur cet opinion.