Sauve-qui-peut généralisé en Libye. Les Etats-Unis et les pays occidentaux (Royaume-Uni, France, Allemagne, Pays-Bas et Italie) ont recommandé à leurs ressortissants de plier bagages après la reprise des combats depuis le 13 juillet. Même son de cloche du côté de l’ONU, qui a procédé au retrait de son personnel, via la Tunisie.C’est dire la situation de chaos qui règne sur l’ensemble du territoire par suite de combats meurtriers pour le contrôle de l’aéroport de Tripoli. Un conflit qui oppose confusément milices armées, troupes progouvernementales, groupes djihadistes, factions tribales.
Trois ans après la chute du régime de Kadhafi, on est loin, très loin, des promesses de liberté et de démocratie faites par les « révolutionnaires ».
Le « Guide » disparu, les libérateurs vont se révéler les pires fossoyeurs de la Libye et des Libyens. L’idéal républicain prétendument porté par ce groupe hétéroclite de combattants a vite fondu comme neige au soleil face aux appétits voraces. Chaque groupuscule voulant s’adjuger les énormes ressources pétrolières et gazières du pays.
Le rêve d’un printemps libyen a viré à l’automne. L’Etat, effondré, ne s’en relèvera pas. L’armée régulière, défaite, ne se reconstituera pas. La Grande Jamahiriya arabe libyenne est devenue une véritable déglingue, un « grand cadavre à la renverse » pour reprendre Jean-Paul Sartre. Ni les gouvernements successifs ni le Parlement ne contrôle ni personne ni quelque chose.
Les milices tribales, les groupuscules politiques et les katibas de toutes obédiences se disputent à coup d’armes lourdes le contrôle de l’exploitation du pétrole. « La fin de la nuit libyenne et du dépôt des armes », ainsi que le prophétisait le philosophe français, Bernard-Henri Lévy, VRP de la guerre contre Mouammar Kadhafi, se fait toujours attendre.
Quel démiurge parviendra à arrêter ce dépeçage en règle ?
Les puissances occidentales exhortent l’ONU à s’investir davantage pour arrêter le carnage.
Mais en l’espèce, que peut-elle bien faire quand aucun des cinq membres du Conseil de sécurité ne veut plus se risquer dans le volcan libyen dont la lave coule jusqu’au Mali, au Cameroun et en République centrafricaine ? Pas grand-chose.
De quel soutien extérieur a bénéficié le général à la retraite Khalifa Haftar dans son opération «Dignité», déclenchée mi-mai contre les phalanges islamistes Ansar al-charia et le conseil de la Choura ? Aucun. Abandonné de toutes parts, la tête mise à prix par les djihadistes, il vient de perdre la bataille de Benghazi dont la caserne des forces spéciales est finalement tombée mardi soir entre les mains de ses ennemis, soutenus, selon certaines sources, par des pays arabes.
Où sont donc passés les preux chevaliers de la démocratie (France et Grande-Bretagne notamment) hier fiers comme Artaban dans leur guerre contre la dictature kadhafienne, aujourd’hui spectateurs passifs d’un drame autrement plus important ?
Tout se passe comme si les mêmes qui ont mobilisé moyens humains, militaires et logistiques contre un homme rechignent à faire de même pour sauver un peuple face à un danger auquel ils ne sont pourtant pas étrangers.
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