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AFFAIRE GUÉRANDI MBARA : QUI A FINANCÉ JEUNE AFRIQUE POUR DÉSTABILISER LE CAMEROUN par Mathieu Nathanaël Njog

Comme nous le démontrions déjà et en primeur dans notre édition N° 1967 du mardi 17 septembre 2014, nos investigations viennent confirmer que le Capitaine Guerandi Mbara en exil après le coup d’Etat manqué du 6 avril 1984 n’a jamais été ni enlevé ni assassiné par le service secrets camerounais.
I- Une intox mise à nue
DEPUIS LA PUBLICATION par le hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique dans son édition N° 2801 du 14 au 20 septembre 2014, d’un article sur fond d’une enquête portant sur l’enlèvement puis de l’assassinat par les services secrets camerounais du capitaine Guerandi Mbara Goulongo, en exil depuis juin 2014, aux lendemains du coup d’Etat manqué du 6 avril 1984, l’information est au centre des conversations dans les chaumières et les salons feutrés de la République. Certains hommes  politiques et activistes de la diaspora se sont précipités d’en faire une récupération à des fins de positionnement personnel en donnant une caution à cet article que certains journaux ont eu le loisir de reprendre.

Une information qui divise tant les arguments sur lesquels s’appuie le correspondant de Jeune Afrique ne sont pas solides  pour convaincre même le plus incrédule.  Ce que nous avons démontré dans la précédente édition N° 1967 du journal Aurore Plus du mardi 17 septembre 2014 avec forces et arguments. Nous y avons été confortés par notre confrère de l’hebdomadaire régionaliste «Le Septentrion» dans son édition N°97 du 18 au 21 septembre 2014 qui est allé à la rencontre de Lhamna Sadou, frère cadet du capitaine Guerandi Mbara.
Dans une interview qu’il leur a accordée, et qui fait la grande Une, il affirme : «Je ne confirme pas la nouvelle de l’assassinat de mon grand-frère». Pour l’étayer, il soutient qu’il a été en contact avec son frère aîné, le capitaine Guerandi Mbara, pour la dernière fois en novembre 2013. Pourtant le journal panafricain Jeune Afrique dans son dossier de quatre pages affirme que Dr Guerandi Mbara Goulongo a été enlevé le 25 janvier 2013 à Sofia en Bulgarie, drogué et conduit vers le Cameroun avant d’être exécuté et inhumé en toute discrétion à son arrivée par les services secrets camerounais, principalement la Direction générale de Recherche extérieure.
Une contradiction qui à elle seule suffit pour démonter le complot dans lequel est mêlé ce journal. Ce d’autant plus que comme le reconnait le député Jean Michel Nintcheu : «Les informations rendues publiques par Jeune Afrique sont d’une extrême gravité.» Ce d’autant plus que des gouvernements européens pour lesquels les questions de liberté et de droit de l’Homme sont délicates, sont mis en cause pour leur complicité passive ou active. A l’instar de la Bulgarie et la France où le traquenard aurait eu lieu et où résident les deux étrangers ; le Russe Georges Starckmann et le colonel portugais José Alberto Fernandes Abrantes, qui sont au  coeur de ce supposé rapt. Ce d’autant plus que nos investigations nous ont permis de constater que ces deux personnes résident à des rues jouxtant le siège du journal Jeune Afrique dans le 16è Arrondissement de Paris, plus précisement au 57 bis, rue d’Auteuil.
Si on peut y voir des relents liberticides du gouvernement camerounais, au regard de la révélation incendiaire de cette information et des détails qui montrent que c’est depuis la France que Guerandi Mbara a été enlevé, il est étonnant que si l’information était avérée, dans un pays de droits comme la France, que le gouvernement français ne soit pas interpellé par les parlementaires et qu’aucune enquête judiciaire ne soit pas encore ouverte. Plus encore, l’arrestation de Georges Starckmann, et José Alberto Fernandes Abrantes, les hommes-orchestres de cet «enlèvement-assassinat». L’adresse étant même révélée par le journal. Son bureau est situé à l’avenue Henri-Martin à Paris.
Comme le fait remarquer dans sa déclaration, Tene Sop, le président du Comité exécutif du Conseil National pour la Résistance - Mouvement Umnyobiste (CNR-MUN) de la diaspora. Pis encore, le CNR-MUN qui semble malgré tout créditer cette désinformation à des fins d’agitation politicienne est encore la première à émettre des doutes. En s’étonnant comme nous le faisions déjà remarquer dans notre dernière édition que : «Pourquoi la famille de Guérandi n’a-t-elle pas donné l’alarme dès lors que l’absence et le silence de son chef devenaient plus longs que les séjours trimestriels réguliers auxquels l’intéressé l’avait habituée ?» Par ailleurs, le député Jean- Michel Nintcheu, même si par mauvaise foi, tente d’y voir une véracité des faits relayés par le journal panafricain Jeune Afrique, parce qu’il reconnait son sérieux, il corrobore avec les experts en stratégies militaires et des renseignements que nous avons rencontrés que le capitaine Guerandi Mbara ne présentait aucune menace pour le Cameroun, puisqu’il soutient lui-même qu’il bénéficiait de «la loi d’amnistie de 1990».
II- Bataille des réseaux proches du pouvoir
C’EST POURQUOI, les officiers supérieurs des forces de sécurités et les hommes du serail que nous avons contactés et qui ont accepté de parler sous anonymat soutiennent mordicus que cette information est une affabulation qui est sous-tendue par des visées obscures. Sur la nature exacte de ses visées, nos sources sont divergentes. Pour l’expert en stratégie militaire de nationalité camerounaise qui est consultant en la matière auprès de plusieurs chefs d’Etat, l’article de Jeune Afrique n’est pas cohérent en plusieurs points.
Dans l’achat des armes le client ne va jamais seul. Il est toujours accompagné. C’est la stratégie dans l’achat des armes dans le monde. A cet effet, on devrait citer ses compagnons même si on les avait libérés ou liquidés par la suite. De même qu’on devrait citer l’immatriculation de l’aéronef dans lequel il a été transféré au Cameroun de manière à pouvoir effectuer des vérifications si cet appareil a effectivement survolé les pays cités ou potentiellement traversés par le plan de vol indiqué. Comme le fait toujours tous les articles de Jeune Afrique. Par ailleurs, il y voit un complot visant à mettre en berne les institutions de la République. Pour le soutenir, en plus des arguments évoqués dans notre édition de mardi, il soutient d’expérience que le journal panafricain, est coutumier du fait, lorsqu’il s’agit de jouer le rôle d’oiseau de mauvais augure.
Il a cité ainsi le rôle joué par le journal Jeune Afrique, dans la préparation des consciences et la justification des révolutions à venir, chaque fois qu’il y a eu une rébellion armée qui a conduit au renversement d’un régime au pouvoir. C’était le cas :
  • du dossier qui a précédé un mois avant la rébellion armée qui a  renversé Mobutu Séséko au Zaïre (actuel Rd Congo) ;
  • du dossier publié avant le putsch du capitaine Dadys Camara qui a conduit à la chute du régime Lassana Konté en Guinée Conakry ;
  • du dossier  publier sur le charnier ivoirien qui a conduit au renversement de Laurent Gbagbo par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) ;
  • le dossier publié un mois plus tôt sur le régime de François Bozizé et qui va voir l’entrée de la Séléka en Centrafrique et conduire à la chute de ce régime ; - c’était encore le cas lors du printemps arabe qui a vu les chutes respectivement en Egypte de Hosni Moubarak et en Libye de Mouammar Kadhafi.
Et les officiers supérieurs des renseignements que nous avons contactés sont formels sur le fait que cet article a été commandité de l’intérieur par les réseaux qui travaillent pour la succession de Paul Biya à la magistrature suprême. Car le décryptage de cet article montre bien que, d’une part on veut susciter la révolte des populations du septentrion et principalement ceux de la région de l’Extrême-Nord majoritairement Toupouri, ethnie souche de Guerandi Mbara pour cautionner qu’il y aurait une rébellion qui agirait sous le label de Boko Haram pour servir de rampe de lancement à une déstabilisation généralisée du pays.
III- Objectif : détruire Marafa
Ainsi on conforterait davantage la thèse selon laquelle Marafa Hamidou Yaya, ancien homme du sérail, originaire du Nord et qui est condamné à 25 ans d’emprisonnement prison depuis 2013 pour l’affaire de l’achat d’un avion présidentiel Bbj-2 qui n’a jamais abouti y est la tête de proue. Ce qui expliquerait l’insécurité qui sévit dans cette partie du Cameroun depuis des mois sous le prisme du Boko Haram. L’objectif étant d’enfoncer Marafa dont tout démontre aujourd’hui que son dossier est vide. Et que seul son ambition de présidentiable qu’il ne cachait pas lui a valu des représailles des réseaux rivaux au sien.
Ce qui peut justifier l’embarras du gouvernement et par conséquence le silence affiché de son supposé porte-parole, le Ministre de la communication, Issa Tchiroma. Sinon, comme à son habitude, il aurait déjà fait une sortie dithyrambique. Mais les rapports qui parviennent au Prince d’Etoudi commande que le gouvernement prenne des jours de recul avant de sortir son perroquet qui va aller pérorer devant la presse depuis le hall de conférence de son ministère et pas devant le perron du palais présidentiel comme le font tous les vrais porte-paroles des gouvernements républicains.
Mais pour cela, il faut que que la présidence juge de l’opportunité et passe au peigne fin son propos liminaire autour duquel il va barboter devant les questions orientées et souvent sélectionnées des journalistes. Ce d’autant plus que cela va prendre le temps qu’il faudra, mais le gouvernement est obligé de faire la lumière et éventuellement dédouaner les autorités policières incriminées sur cette pseudo-disparition de Guérandi Mbara Goulongo. Surtout que le Cameroun est signataire de la Convention internationale portant protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées qui indique dans son article 1er en son Alinéa 1 que : «Nul ne sera soumis à une disparition forcée ». Et en son Alinéa 2 qu’«Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la disparition forcée».
Cette Convention précise dans l’article 2 que : «Aux fins de la présente Convention, on entend par ‘‘disparition forcée’’ l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi.» Et dans l’article 3 que : «Tout État partie prend les mesures appropriées pour enquêter sur les agissements définis à l’article 2, qui sont l’ouvre de personnes ou de groupes de personnes agissant sans l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, et pour traduire les responsables en justice.»
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