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Michel Michaut Moussala : PAUL BIYA-SA VIE : TOUT UN FILM !


Que de tribulations en 30 ans de pouvoir...On ne voit qu’un homme gâté par la vie, oubliant trop vite qu’il a subi des dures épreuves dans son exceptionnelle longue carrière politique. Ce sont certains de ces moments éprouvants que Aurore Plus retrace pour vous.-I-Le conflit avec Ahmadou Ahidjo. Quand le 4 novembre 1982 au soir Ahmadou Ahidjo démissionne de son poste de Président de la République, la voie est déjà toute tracée pour Paul Biya. En effet, Premier ministre depuis 1975, la constitution de l’époque fait de lui le successeur constitutionnel d’Ahmadou Ahidjo.
Selon les arrangements qu’il a avec son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, Paul Biya nomme comme Premier ministre le 6 novembre 1982, jour de son investiture comme président de la République Bello Bouba Maigari, un Peulh né officiellement en 1947 (certains contemporains disent qu’il serait né entre 1940 et 1942) à Bascheo, à quelques kilomètres de Garoua, vers la frontière avec le Nigeria. Ce Premier ministre a une particularité : il est originaire du même département qu’Ahmadou Ahidjo : la Bénoué. Ce département béni des dieux a également donné à la République d’éminentes personnalités telles :
-Marafa Hamidou Yaya, ancien Secrétaire général à la Présidence de a République, ancien ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Aujourd’hui il est en rupture de ban avec Paul Biya et incarcéré au Secrétariat d’Etat à la Défense dans le cadre de l’opération Epervier.
Dr Maïkano Abdoulaye, aujourd’hui décédé. Ce Fali, vétérinaire né en 1932 se caractérisait par son pragmatisme. Il avait servi Ahmadou Ahidjo comme ministre et l’avait également fait avec Paul Biya. Même s’il n’aimait pas Paul Biya du fond de son cœur, il avait compris trop tôt que c’était le nouveau maître et qu’il fallait jouer le jeu. Sous Biya il avait été ministre d’Etat en charge des Forces armées dans le gouvernement du 13 avril 1983, celui du 18 juin 1983. Quand il sort du gouvernement, il occupe pendant longtemps le poste de directeur général du Laboratoire national vétérinaire (Lanavet) de Boklé, bourgade située à quelques encablures de Garoua, sur la route Ngaoundéré – Garoua. Un beau jour, il abandonne ses fonctions et se retire dans son village situé à quelques kilomètres de Garoua et laisse la gestion de la société d’Etat à son adjoint le Dr. Abdoulkadri Souley qui sera nommé quelques années plus tard directeur général et qui est toujours en poste. Paul Biya va nommer par la suite Makaïno Abdoulaye délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Garoua après la victoire de l’Undp aux municipales de 2002 avec pour maire un certain Mohammadou Ahidjo dit Badjika, fils de l’ancien président Ahmadou Ahidjo.
Issa Tchiroma Bakary, actuel ministre de la Communication depuis le 30 juin 2009 au titre de président du Front national pour le Salut du Cameroun (Fnsc) après l’avoir été au transports du 27 novembre 1992 au 19 septembre 1996.
Sadou Hayatou, ancien Secrétaire général de la présidence de la République, du 7 décembre 1990 au 26 avril 1991 quand il devient Premier ministre poste duquel il est déchargé le 9 avril 1992 au profit de Simon Achidi Achu, anglophone de la Région du Nord-Ouest. Sadou Hayatou qui a occupé plusieurs postes ministériels (Agriculture, Plan et aménagement du territoire, etc.) a fini comme directeur national de la Béac. Aujourd’hui âgé de 70 ans, il jouit d’une retraite bien mérité.
Alim Garga Hayatou, Le lamido de Garoua et frère cadet de Sadou Hayatou et de Issa Hayatou, président de la Caf. Alim Garga Hayatou est Secrétaire d’Etat à la Santé publique depuis le 19 septembre 1996 et lamido de Garoua depuis 2000.
Yao Aïssatou, elle a passé une vingtaine d’années au gouvernement d’abord comme ministre de la Condition féminine à partir du 4 février 1984 puis des affaires sociales et de la Condition féminine. Celle que l’ancien ministre de l’Elevage, des pêches et des industries animales appelait « grande sœur » parce qu’elle était entrée au gouvernement avant lui (il y est entré le 7 juillet 1984 et en est sorti le 8 décembre 2004) est aujourd’hui directeure générale de la Société nationale d’investissement (Sni).
Mme Youssouf née Adidja, elle est ministre de l’Education de base depuis le 30 juin 2009 en remplacement de Mme Haman Adama née Mahonde incarcérée à la prison centrale de Kondegnui dans le cadre de l’opération Epervier.
Quand Ahmadou Ahidjo fait nommer Bello Bouba Maigari Premier ministre le 6 décembre 1982, il a sa petite idée derrière la tête : c’est que à terme, le fils de Bashéo va remplacer Paul Biya à la tête de l’Etat du Cameroun plus tard, Paul Biya va retirer de la Constitution cette disposition qui fait du Premier ministre le successeur du président de la République.
Biya solidement encadré par le Nord. Non seulement Bello Bouba Maigari est Premier ministre, Sadou Daouda est nommé Secrétaire général de la présidence de la République. Il est originaire de l’Adamaoua. Il a été pendant plus de 20 ans ministre des Forces armées d’Ahmadou Ahidjo. Le président Paul Biya a ainsi autour de lui un cordon sanitaire placé par son prédécesseur Ahmadou Ahidjo qui a ainsi en temps réel toutes les informations dont il a besoin sur son successeur. Ses moindres faits et gestes sont épiés, enregistrés puis transmis à Ahmadou Ahidjo qui les décrypte.
Bicéphalisme à la tête du pays
Les tensions permanentes qui existent déjà entre Ahidjo et Biya, s’exacerbe quand Ahidjo qui a conservé la présidence de l’Union nationale camerounaise (Unc) le parti unique déclare à haute et intelligente voix que le parti définit la politique générale de l’Etat et le gouvernement l’applique. Paul Biya comprend alors qu’Ahidjo n’a pas abandonné le pouvoir, qu’il y est toujours. En plaçant le parti au-dessus du gouvernement, Ahmadou Ahidjo a instauré un bicéphalisme de fait que Paul Biya et ceux qui le soutiennent ne peuvent tolérer.
Ahmadou Ahidjo parcourt tout le Cameroun soit disant pour soutenir son successeur alors que c’est pour faire passer l’idée que le parti est au-dessus du gouvernement donc que lui est au-dessus de Paul Biya.
Quand la tension devient plus vive, il va quitter le pays pour la France où il aime séjourner dans la ville de Grasse, du côté de Marseille.
Bello Bouba Maigari, éphémère Premier ministre
Cette tension permanente entre Ahidjo et Biya n’est pas pour arranger les affaires du Premier ministre Bello Bouba Maigari. Nommé le 6 novembre 1982, il sera reconduit à son poste le 13 avril 1983 ainsi que lors du remaniement du 18 juin 1983. Ses fonctions prennent fin le 22 août 1983 quand il est remplacé à son poste par Luc Ayang, chrétien de l’ethnie toupouri, originaire du département du Mayo Danay, Région de l’actuelle l’Extrême-Nord cumulativement avec ses fonctions de ministre de l’Elevage, des pêches et des Industries animales. Luc Ayang ne mettra pas long à ce poste que Paul Biya va supprimer peu après pour le rétablir plusieurs années après, le 26 avril 1991 quand il nomme Sadou Hayatou Premier ministre, chef du gouvernement. Il faut le signaler au passage, Luc Ayang est premier ministre par intérim jusqu’en 1984. En nommant Luc Ayang Premier ministre, c’est un message très clair que Paul Biya envoie aux musulmans mais surtout aux Peulhs qu’il peut se passer d’eux et qu’il peut compter sur d’autres personnalités du Nord qui appartiennent à d’autres ethnies.

La découverte d’un complot contre la République
En 1983, sur la base des informations fournies par les services des renseignements Paul Biya prononce un discours dans lequel il annonce la découverte d’un complot contre la République. Dans la foulée il en profite pour casser, démanteler l’énorme province du Nord (165 000 Km2) laissée par Ahmadou Ahidjo. Le décret que Paul Biya signe divise l’ancienne province du Nord en trois provinces : Adamaoua, Nord et Extrême-Nord. C’est un coup dur pour les gens de Garoua qui était le chef-lieu de ce grand bloc. Ngaoundéré mais surtout la ville de Maroua s’émancipait de la tutelle trop pesante de Garoua. La création de ces nouvelles régions, surtout celle de l’Extrême-nord va rendre Paul Biya très populaire dans cette partie du pays d’où les gens partaient signer leurs pièces officielles à Garoua. Toupouris, Moudangs, Massa, Matakams, Guisigais ne jurent que par le chef de l’Etat qui les a sortis du joug dans lequel les maintenait l’aristocratie peuhle.
II-Le putsch manqué du 6 avril 1984
Ce jour-là, des colonnes motorisées de la Garde républicaine (Gr) acquises à Ahmadou Ahidjo prennent la route du palais de l’Unité à Yaoundé pour renverser le président Paul Biya. De là où il se trouve en France, Ahidjo déclare : « si ce sont mes partisans, ils auront le dessus ».
Le putsch va échouer lamentablement et va créer un sentiment de rejet de Paul Biya par une grand parti des populations des trois régions du Nord. Le Grand Nord a dans cette affaire perdu nombre de ses fils tels les capitaines Abali Ibrahim, Abalele Abaya, Bouba Oumarou, Yaya Mazou, Djidda Djibril, Awal Abassi, Amadou, Sadou et bien d’autres personnes exécutés le 1er mai 1984 à Mbalmayo, soit moins d’un mois après la tentative de putsch. D’autres ont été exécutés à Mfou et Yaoundé. D’autres encore sont morts en détention entre 1984 et 1989. Aujourd’hui encore, le Grand Nord qui n’a pas oublié réclame la restitution des dépouilles de ses enfants dans le cadre d’un comité.
III-26 avril 1990 : la création du Sdf
Las d’attendre l’ouverture démocratique qui a déjà lieu dans certains pays africains, Ni John Fru Ndi, un ancien membre du Sdf organise une marche à Bamenda chef lieu de la région du Nord-Ouest au cours de laquelle il y a un mort par balle selon les manifestants et des suites de bousculade selon la version officielle.
Simon Achidi Achu, membre du Rdpc qui deviendra plus tard Premier ministre le 9 avril 1992 (poste qu’il cédera le 19 septembre 1996 à Peter Mafany Musonge) est accusé d’avoir pris part à cette marche aux côtés de Ni John Fru Ndi. Dans un article publié dans le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune et intitulé « Et les masques tombent », on raconte comment Achidi Achu a pris part à cette marche du 26 avril 1990 à Bamenda. C’était faux car vérification faite, l’ancien ministre de la Justice d’Ahmadou Ahidjo au milieu des années 1970 n’était pas à Bamenda ce jour-là, il était plutôt à Babadjou, un arrondissement du département francophone des Bamboutos, région de l’Ouest limitrophe de son arrondissement natal de Santa dans la région anglophone du Nord-Ouest. Il était à Babadjou pour des obsèques. Qu’est-ce qui s’était passé pour que Achidi Achi soit indexé. C’est que Cameroon Tribune avait reçu des informations de la présidence selon lesquelles Achidi Achu avait effectivement pris part à la fameuse marche de Bamenda. On a compris plus tard que c’était la lutte de positionnement et pour le leadership à l’intérieur du Rdpc qui avait fait qu’on fabrique ces fausses informations sur le dos de l’ancien Premier ministre, membre du bureau politique de la formation au pouvoir ;
IV- Les villes mortes
C’est en 1990 qu’elles débutent à Douala et mettent à mal l’économie camerounaise et le régime de Paul Biya qu’elles avaient déstabilisé très sérieusement au point où l’on a cru que le locataire du palais d’Etoudi allait abandonner le pouvoir. Les villes mortes ont causé comme nous l’avons dit plus haut d’énormes dégâts à l’économie camerounaise, plus particulièrement à la ville de Douala dont le tissu industriel s’était quelque peu délité.
Les routes de la capitale économique s’étaient sérieusement dégradées sous l’effet de la chaleur produite par les pneus qu’on y brûlait. Le transport urbain avait presque disparu de Douala au point où les travailleurs, fonctionnaires et du privé, éprouvaient d’énormes difficultés pour rejoindre leur lieu de travail. Au point où Jean Fochivé patron du renseignement camerounais à l’époque était obligé d’avoir recours aux véhicules banalisées dont une bonne partie récupérés au port autonome de Douala pour les transformer en taxis.
D’autres villes du pays, à l’Ouest et au Nord-Ouest ont vécu le phénomène des villes mortes, certes avec une moindre ampleur qu’à Douala. Au Nord, dans la ville de Garoua, Issa Tchiroma Bakary, l’actuel ministre de la Communication était le chef des casseurs, mais à la dernière minute, Tchiroma et son groupe de casseurs s’étaient ravisés au dernier moment et avaient décidé de ne rien casser à Garoua en se disant que Paul Biya n’allait pas reconstruire leur ville s’ils la mettaient à sac. Dans leurs conversations, ils disaient que tout ce qui existait à Garoua était l’œuvre d’Ahmadou Ahidjo et que Biya n’étant pas un bâtisseur, il fallait mieux s’abstenir de détruire la ville.
V- La baisse des salaires de 1993
Le pays se portait mal, surtout les Finances publiques. Le trésor public n’arrivait plus à supporter les salaires des travailleurs du secteur public. Il fallait diminuera la masse salariale d’une manière ou d’une autre. Paul Biya va trancher dans le vif et diminue les salaires de 70% pour certaines catégories des travailleurs de la fonction publique. Ainsi on a vu un fonctionnaire du ministère de la Communication qui gagnait 315.000 francs était descendu à 90.000 francs. Ce qui l’avait amené à prendre sa retraite anticipée quelques années plus tard comme ce haut magistrat bien connu qui avait préféré se jeter dans le monde des affaires. Les hommes en tenue n’avaient pas subi une coupe aussi drastique.
Cette forte baisse des salaires avaient créé des situations cocasses. On retrouvait des gardes du corps, gendarmes et militaires, adjudants ou sergents chefs qui se retrouvaient avec des salaires plus élevés que ceux de leurs patrons, administrateurs civils pour la plupart. On raconte l’histoire de l’ancien ministre des Transports Gounoko Haounaye quand gouverneur de la région du Nord au moment où la coupure des salaires avaient été faite, entra dans une grande colère quand il constata que le salaire de son garde du corps, un gendarme était plus élevé que le sien.
En juillet 2000, Paul Biya va procéder à une augmentation des salaires de la fonction publique. Et au mois d’avril 2008, après les émeutes de la faim de fin février 2008, il va procéder à une autre de l’ordre de 25%.
VI- 1997 : l’ambition présidentielle de Titus Edzoa
Le professeur agrégé de médecine, Titus Edzoa interpellé le 12 mai 1997 et condamné le 03 octobre de la même année à 15 ans d’emprisonnement ferme pour détournement et tentative de détournement de deniers publics a causé de gros soucis à Paul Biya. Comment comprendre que ce chirurgien émérite, confident à l’époque du chef de l’Etat, son conseiller spécial, Secrétaire général de la présidence de la République du 21 juillet 1994 au 19 septembre 1996, ministre de la Santé publique du 19 septembre 1996 au 20 avril 1997 date de sa démission pour se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 1997.
L’ambition de Titus Edzoa de se présenter à l’élection président est un coup du pour le président Paul Biya. Pour contrecarrer le projet de son ancien mentor sur le plan spirituel, Paul Biya ouvre le dossier de détourneurs de fonds publics à fond, l’ancêtre de l’opération Epervier lancée officiellement en 2006. Pierre Désiré Engo, Mounchipou Seidou, vont emboiter le pas à Titus Edzoa. Paul Biya a considéré l’attitude de Titus Edzoa comme un défi lancé à sa personne, comme une haute trahison.
VII- 2007 : le coup fourré d’Atangana Mebara, Abah Abah et Olanguena Awono
Aurore Plus a déjà raconté à plusieurs reprises dans ses colonnes cette affaire dont la source est un ancien ministre gabonais de l’Enseignement supérieur. En 2007, peu avant la campagne présidentielle française Paul Biya dépêche Atangana Mebara, Polycarpe Abah Abah et Urbain Olanguena Awono pour remettre des mallettes d’argent au candidat de l’Ump ? la droite française Nicolas Sarkozy et celui du Parti socialiste, la gauche, Ségolène Royal. Atangana Mebara et Abah Abah respectivement ministre des Relations extérieures et des Finances portent la mallette du candidat Sarkozy tandis que Olanguena Awono porte celle de Ségolène Royal.
Arrivés en France, les trois ministres ne remettent pas la mallette de Royal. A Sarkozy, ils remettent la mallette en lui disant que c’est eux qui ont cotisé et que Paul Biya n’a rien envoyé pour sa campagne. Quand Sarkozy gagne la présidentielle de 2007 il va accuser Paul Biya chez le président gabonais Omar Bongo Ondimba. Ce dernier envoie son fils Ali Bongo Ondimba chez Paul Biya qui est invité officiellement à se rendre au Gabon pour le quarantième anniversaire de l’accession d’Omar Bongo au pouvoir. Une fois sur les lieux le président gabonais aujourd’hui décédé pose la question de confiance à Biya s’il a envoyé l’argent de campagne à Nicolas Sarkozy. Biya répond par l’affirmative. Biya comprend alors que ses envoyés auprès de Nicolas Sarkozy n’ont pas accompli leur mission, qu’ils se sont joué de lui.
Il va faire arrêter les trois ministres après les émeutes de la faim de fin février 2008 pour détournements des deniers publics dans le cadre de l’opération Epervier alors que la vraie raison c’est qu’ils n’ont pas remis l’argent ni à Nicolas Sarkozy qui a gardé une dent très dure à Paul Biya dont il n’a pas visité le pays, le Cameroun, en cinq ans à la tête de l’Etat français.
Il est bien connu que les charges qui pesaient sur Urbain Olanguena Awono se sont effondrées comme beurre au soleil représentant moins de 100 millions alors qu’au début les montants étaient bien élevés. Cela prouve donc qu’une personnalité comme Olanguena Awono n’est pas essentiellement en prison pour détournement des deniers publics.
VIII- Les émeutes de la faim de fin février 2008
Fin février 2008, des hordes de jeunes gens furieux se répandent dans plusieurs villes camerounaises surtout Douala, et cassent tout sur leur passage. La ville est particulièrement touchée. Des entreprises entières sont saccagées, brûlées tout comme des voitures et diverses infrastructures.
La police, la gendarmerie et les militaires de Douala sont incapables de contenir la furie de ces jeunes drogués pour la plupart. Même la garde présidentielle venue de Yaoundé à la rescousse n’avait pu rien faire. Il avait fallu l’intervention de la brigade d’intervention rapide (Bir) pour mettre un terme à ces émeutes. Paul Biya avait bien compris le message en augmentant les salaires de la fonction publique à partir du mois d’avril 2008.
IX- La révision du Code électoral
Paul Biya qui sait décrypter les messages a compris qu’il fallait faire bouger les choses s’agissant de la révision du code électoral, de la refonte du fichier électoral et de la restructuration d’Elecam, l’organisme chargé de l’organisation matérielle des élections au Cameroun.
Les pressions étaient si fortes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays que Paul Biya qui ne les aime pas d’où qu’elles viennent a dû céder du terrain. Il est même arrivé qu’il aille contre son propre parti, le Rdpc, s’agissant de la révision ou de la refonte des inscriptions sur les listes électorales. Le Rdpc voulait la révision, Paul Biya a imposé la refonte, donnant ainsi satisfaction à l’opposition. Dans une interview à Cameroon Tribune, Fonkam Azu’u, président du Conseil électoral d’Elecam déclare que ce serait la révision et quelques jours plus part Biya le désavoue et demande que ce soit la refonte. De même le chef de l’Etat va imposer la biométrie pour les inscriptions sur les listes électorales.
S’agissant de la restructuration d’Elecam, Paul Biya a fait quelques pas, mais qui ne donnent pas totalement satisfaction à l’opposition et à certains pays étrangers.
Les pressions extérieures
Depuis qu’il est au pouvoir, Paul Biya est en butte à l’hostilité de certains pays qui traitent son régime de corrompu et de dictatorial. On peut citer les Etats-Unis d’Amérique qui lui ont envoyé dans les années 1990 deux ambassadrices de choc dont la mission était de le déstabiliser. L’une était G1 et l’autre marine. Ces derniers temps, la Secrétaire d’Etat (ministre des Affaires étrangères) américaine Hillary Clinton adresse, à l’occasion de la commémoration de certaines fêtes nationales camerounaises tel le 20 mai, des messages au peuple camerounais en lieu et place du président Paul Biya. Ce n’est pas une démarche normale en matière de relations internationales.
Les Pays-Bas, l’Allemagne et bien d’autres pays ont des relations timides avec Paul Biya en dépit des discours officiels lénifiants qui parlent des bonnes relations qui existent entre eux et nous.
Paul Biya a rompu cet isolement en faisant un virage à 180° en se tournant vers la Chine, grande pourvoyeuse de capitaux pour développer les infrastructures du Cameroun. Et on peut dire que ça marche puisqu’à ce jour, la Chine a déjà prêté au Cameroun plus de 500 milliards de francs Cfa pour ses infrastructures qu’elle va construire comme le port en eau profonde de Kribi, des barrages hydroélectriques.
XI- Sa mort annoncée en 2004
Entre le 3 juin au soir ou le vendredi 4 juin 2004 au matin deux sites internet basés aux Etats-Unis, The Africans Independent et Camerounlink animés par des opposants camerounais à Paul Biya annoncent sa mort. On y peut lire : « le président Biya serait mort en Suisse ».
La nouvelle est totalement fausse puisque le 9 juin 2004, Paul Biya regagne Yaoundé à 15h 50 à bord du Boeing présidentiel en provenance de Genève, Suisse. Quand il descend de l’avion Paul Biya lance : « Je vous donne rendez-vous dans 20 ans ».
Voilà donc Paul Biya, un professionnel de la survie qui est à la barre du paquebot Cameroun depuis 30 ans dont on ne sait pas s’il va achever l’actuel septennat entamé à la fin de l’année dernière.
© Aurore Plus : Michel Michaut Moussala

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